Musique dans les rues commerçantes, guirlandes illuminées, odeurs de vin chaud et sourires d’enfants : du vendredi 24 novembre au dimanche 7 janvier, le centre-ville de Tours a vécu au rythme des animations proposées pour les fêtes de fin d’année. Alors que le démontage des décorations commence, analyse d’un programme qui a connu quelques évolutions notables.
On trouvera toujours du monde pour critiquer. Dire que les ventes n’ont pas été assez nombreuses, que telle animation était inadaptée ou qu’il aurait fallu en faire plus niveau décoration. Alors comment faire un bilan objectif de la période charnière des fêtes de fin d’année à Tours, saison 2023 ? Déjà rappelons les faits. Depuis l’arrivée d’Emmanuel Denis à la mairie, l’organisation de l’événement a été revue. Face à la crise Covid, la ville a éclaté le marché de Noël autrefois concentré autour de la gare et de Jean Jaurès pour le déployer en 3 sites Boulevard Heurteloup, Place de la Résistance et Place Anatole France.
De plus, la patinoire de glace est devenue une grande piste de roller. Et pour cette dernière édition le volume des décorations a été réduit pour faire des économies d’électricité autant que de main d’œuvre pour le montage/démontage.
On commence à avoir un peu de recul sur ce modèle. Très critiqué au départ, le basculement d’une patinoire traditionnelle vers une version présentée comme plus écologique ne semble pas avoir refroidi le public, souvent nombreux à venir profiter de la grande zone de glisse Place Anatole France. « Ma fille a été un peu timide au début mais elle s’est vite habituée » nous confie un client qui l’a testée quelques jours avant la fin. Juste à côté, de l’autre cîté des rails du tram, exit l’antenne du Marché de Noël et place à la vraie nouveauté : un village gourmand.
L’idée soumise par les exploitants de la patinoire a clairement permis de redynamiser la zone plutôt moribonde les années précédentes, notamment grâce au bar à étage avec vue sur la Loire, en complément du panorama offert par la grande roue. Un espace qui a même fait l’objet d’une initiative solidaire jeudi 4 janvier avec l’invitation d’une cinquantaine de bénéficiaires précaires soutenus par Le Secours Catholique, Utopia 56 et La Table de Jeanne Marie. Le problème : des produits à la qualité parfois très médiocre, et des prix souvent élevés. D’ailleurs, globalement, débourser plus de 2€ pour un bretzel ou 7€ pour un petit cornet de chichis rend l’inflation très difficile à digérer.
En dehors du village gourmand, on constate aussi que les stands gastronomiques sont particulièrement nombreux, au détriment parfois des chalets pour l’artisanat ou les cadeaux. Et si une bonne partie des prestataires viennent de la région, et que le site d’Heurteloup arrivait à saturation certains jours de week-end, on se lasse un peu de voir souvent les mêmes têtes derrière les étals. Une situation dont la mairie est consciente, mais faire bouger les choses semble long selon l’adjoint au maire chargé du commerce Iman Manzari. Un peu plus loin, Place de la Résistance, plusieurs acteurs déplorent un manque de passage malgré la présence d’un manège ou d’animations comme les caricatures gratuites du dessinateur Sya (l’une des bonnes idées de la mairie qui a eu un franc succès).
Mais le vrai gros couac de ces fêtes 2023 c’est la grogne de commerçants du Vieux-Tours, mécontents d’avoir perdu leurs décorations dans les rues. La mairie a justifié ce choix pour des raisons d’économies, et par le fait qu’il y avait quand même le Pärcours Lumière en version hiver pendant toute la période. Mais il faut bien reconnaître que le symbole de ne pas illuminer le centre historique de la ville fait un peu tâche. Le coup de gueule a en tout cas eu un mérite : renouer un dialogue avec la municipalité via la future renaissance d’une association de quartier… en vue d’un mieux pour 2024 ?
En tout cas, malgré la conjoncture difficile et une nécessité d’économiser sur les dépenses publiques, la ville de Tours a réussi à maintenir un programme riche et qualitatif avec des animations pour toute la famille. Les rues étaient remplies au moment des pics de consommation et plusieurs acteurs ont de quoi se réjouir. Plus de qualité, d’originalité et de concorde permettraient de rendre l’ensemble encore plus attrayant.
