Promouvoir le bio en période d’inflation : « Bien manger devient le cadet des soucis »

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Tours accueille chaque année le plus grand marché bio de la région. Pour 2023, Convergences Bio se déroulera dimanche 17 septembre sur les quais de Loire Place Anatole France et au pied de la guinguette. On y attend au moins 120 stands de productrices et producteurs. 12 à 15 000 personnes pourraient fréquenter les lieux. Une fréquentation conséquente qui cache un désamour grandissant pour la nourriture sans traitements chimiques. Et cela inquiète l’organisateur, Bernard Charret.

En 2023 on aurait tendance à consommer moins de produits bio qu’avant la crise Covid. Et pourtant on s’est rué sur les petits producteurs locaux écoresponsables pendant les confinements. Et pourtant on a conscience que c’est un mode de consommation plutôt vertueux en ces temps de changement climatique. Mais le bio c’est plus cher. Parfois beaucoup plus cher. Alors on s’en détourne, parfois à contrecœur. « Dans cette période d’anxiété permanente on revient au primaire et le primaire c’est de manger. Manger bon devient le cadet des soucis » analyse Bernard Charret, à la tête d’un restaurant de grillades à Larçay et fondateur du marché Convergences Bio qui réunit des dizaines de stands chaque fin d’été sur les bords de Loire à Tours.

Cela fait deux décennies que l’événement existe. C’est un succès grandissant chaque année avec des étals souvent vides avant la fin de la journée et une foule fidèle. Mais c’est l’arbre remarquable qui cache une forêt un peu décrépie. « Depuis trois ans le bio est en chute libre partout. Il y a dix ans j’étais optimiste mais je ne le suis plus aujourd’hui, je suis un peu triste, je n’arrive pas à voir la solution » se désole Bernard Charret.

Il ne se décourage pas pour autant : « On n’a pas le droit d’arrêter Convergences Bio ! » Pour s’en convaincre, il cite les paysans aujourd’hui à la tête d’une exploitation et qui ont eu l’idée de s’engager via des rencontres sur le marché. « Il y a aussi plein de gens des métiers de bouche qui traînent et font des contacts, des viticulteurs qui tiennent à venir même si ils sont en pleine période de vendanges, des producteurs qui sont là même si ils n’ont pas grand-chose à vendre. » Evénement populaire, la manifestation est aussi un rendez-vous militant avec des conférences, des concerts d’artistes engagés. Pour cette année 2023 des clowns délurés viendront interpeller la foule. « Il y a plein de gens qui ne viennent pas pour le commerce, il y en a même beaucoup » assure Bernard Charret.

C’est ce qui a toujours animé ce cuisinier amoureux des produits bio, qui donne également de son temps une fois par semaine pour préparer des repas à l’association La Table de Jeanne-Marie quartier Febvotte (elle distribue des mets gratuits aux plus démunis). « Convergences Bio ne devait pas être qu’un simple marché, il fallait que ce soit un super moment de rencontre avec de l’ambiance toute la journée. Pour la majorité des paysans, c’est l’occasion de voir le public citadin qu’ils ne croisent pas le reste de l’année. » Et malgré la foule, et parfois de longues files d’attente, le fondateur de l’événement assure qu’il reste encore de la place pour des échanges de qualité sur les méthodes de culture, la personnalité des exploitations, l’origine des produits…

Légumes, fruits, viande, fromages, vins, pains, glaces… Ce sont donc des dizaines de produits qui s’aligneront le 17 septembre avec en prime la 2e édition du repas paysan Place Anatole France, sur le quai surplombant la Loire. La formule sera proposée à 15€ avec que des produits locaux cuisinés par leurs producteurs (dont des sorbets aux fruits rouges de Montrésor pour le dessert). Les réservations se font sur le site de la ville de Tours. Rappelons que dans la série des repas avec vue sur Loire, Bernard Charret organise aussi son grand dîner solidaire annuel ce vendredi 8 septembre sur l’Île Simon avec un combo apéritif-entrée-plat-dessert-boissons pour 26€ pour 150 convives. Mais au total, 450 personnes participeront à la soirée dont le tiers totalement invitées par des associations caritatives comme Utopia 56 ou Entraide et Solidarités.

Créée en 2012, la manifestation réussit à ne pas augmenter son prix en cette année d’inflation, pour rester accessible au plus grand public et continuer à susciter des rencontres impromptues : « On oublie l’étiquette sociale » insiste Bernard Charret. « Quand on est à l’apéritif, tout le monde est debout, se touche, c’est là que les rencontres s’engagent. » Par exemple cette année, une centaine de mariniers remontant la Loire vers Orléans s’inviteront à la fête. « Avec le recul, l’événement est de plus en plus fort en chaleur, il y a un moment où tu sens que tout le monde est en synergie » souligne son initiateur. Des places sont encore disponibles sur le site Hello Asso.

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