Proludic : une entreprise qui ne manque pas d’aires

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On les croise tous les jours ou presque aux quatre coins de la France, mais également dans le monde entier. Les aires de jeux de la société Proludic sont devenues une référence dans un marché de niche qui est devenu un enjeu important pour les collectivités. Basée à Vouvray, l’entreprise est aussi bien une accompagnatrice du développement psychomoteur de l’enfant qu’un vecteur de lien social. Présentation. 

Sans mise en scène, nous assistons pourtant à un petit défilé vestimentaire très hétéroclite. Des tuniques de bleu de travail, des combinaisons grises, des tenues d’agent d’entretien, des robes, des chemisettes, des chemises plus habillées… Il est 14h30 passée et les machines de la cafétéria de l’entreprise semblent s’éveiller doucement devant le passage des salariés. Certains sont soudeurs, agents d’entretien, designers. D’autres webmasters, débiteurs de rondins de bois, commerciaux… Ils et elles font partie de la quarantaine de métiers différents qu’emploie directement la société Proludic. Une rareté dans le monde de l’entreprise. Tout comme l’est, aussi, la thématique de cette société familiale qui depuis 1988 produit des aires de jeux pour enfants et de sport à destination, notamment, des municipalités, des campings ou des centres commerciaux. Aujourd’hui, elle est devenue une référence en la matière et s’affiche comme étant la leader du marché des aires de loisirs en extérieur en France tout en s’exportant aux quatre coins du monde. Une réussite qui peut s’expliquer par plusieurs spécificités propres à cette entreprise, mais également au secteur d’activité. « La réussite tient déjà dans le côté « fait maison ». L’élaboration de nos aires de jeux, mise à part certaines petites pièces, se fait intégralement ici, dans nos locaux. Du design à la conception. Nous sommes aussi dans un marché de niche, un domaine qui concentre une dizaine d’entreprises en France, mais qui sont spécialisées uniquement dans une étape de production : fabrication, graphisme… », nous apprend Stéphanie Boisbourdin, la responsable de la communication et guide du jour pour nous présenter les coulisses de cette usine s’étalant sur plus de 11 000 m2, dans la zone d’activités de Vouvray. Elle poursuit : « Le fait également que le fondateur et président de Proludic, Denis Le Poupon, se soit tourné très rapidement vers les marchés étrangers a permis de lancer et de pérenniser l’entreprise dans un secteur qui allait bien plus qu’émerger. » Résultat des courses, en 2022, l’entreprise affiche un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros, possède 7 filiales à l’international, emploie 340 salariés (dont 210 à Vouvray), propose une offre de 1200 références produits dans son catalogue et a aménagé plus de 100 000 aires de jeux et de sport. Des chiffres plutôt impressionnants. Surtout quand on sait que tout commence dans un garage au début des années 80 avec quelques morceaux de bois.

Le paysagiste et l’instit’

À l’époque, les aires de jeux dans la sphère publique, quand elles existent, sont très sommaires et sans grand projet pédagogique. Une balançoire, un cabanon, un petit filet pour grimper, voilà pour l’essentiel. Un jour, la femme de Denis Le Poupon, demande à son mari, alors paysagiste, de concevoir un jeu à bascule en bois pour divertir les écoliers lors des récréations. Le succès est immédiat. Les écoles voisines passent commande au couple et rapidement Denis décide de construire des structures de jeux plus grandes, plus colorées, avec un travail pédagogique de fond. Les écoles, les mairies sont séduites. En 1988, il fonde son entreprise. Trois ans plus tard, il livre sa première conception à l’étranger, en Italie. Pour son fils, Philippe, actuel vice-président de l’entreprise qui s’apprête à prendre le relais à la tête de l’entreprise, c’est ce côté visionnaire et ce sens de l’anticipation qui ont fait mouche. « Il faut bien savoir que ce marché n’existait pas du tout en France, mais également en Europe. Et forcément, il fallait se positionner très rapidement, créer une renommée à l’entreprise. D’autant plus qu’il s’agit d’un marché qui allait devenir très porteur. Les pouvoirs publics, en premier lieu en France, ont beaucoup investi à partir des années 90 sur tout ce qui pourrait permettre d’accompagner le développement et l’épanouissement de l’enfant. »

Amuser, apprendre et rassembler

Accompagner le développement psychomoteur de l’enfant tout en le distrayant, voici donc le véritable travail de fond de l’entreprise vouvrillonne. Ses aires de jeux sont donc réfléchies afin de permettre à tout enfant de découvrir son corps et de le mettre à l’épreuve face à des situations où il pourrait être en danger. « Chacune des activités sur l’aire de jeux a forcément une fonction ludique. Le toboggan permet de glisser, le filet de grimper, la slackline de travailler son équilibre…  Aujourd’hui, nous pouvons donc proposer une aire de jeux qui peut rassembler aussi bien un bébé de 6 mois qu’un enfant de 10 ans en situation de handicap. Pour développer les activités, nous réfléchissons toujours en étroite collaboration avec des professionnels de l’enfance : éducateurs, instituteurs, psychologue, ergonome… », nous apprend Stéphanie Boisbourdin. « L’objectif, quelque part, c’est d’aider l’enfant à avoir une tête et un corps bien fait. Nous travaillons beaucoup sur le bon placement du curseur pour proposer une très grande sécurité à l’enfant, mais aussi sur le fait qu’il affronte certaines zones de risques pour qu’il puisse les assimiler et qu’il franchisse le pas. Ça fait partie intégrante du développement psychomoteur. Un autre objectif concerne la reconnexion de l’enfant au monde extérieur. On sait bien qu’avec les écrans, les enfants passent moins de temps en extérieur. L’aire de jeux est un excellent outil pour maintenir du lien social », complète Philippe Le Poupon.

Au-delà de sa fonction ludique, l’aire de jeux ou de sport reste un élément rassembleur, vecteur de lien social. Qu’il soit placé dans un quartier populaire ou aisé d’une grande ville ou bien qu’il se trouve dans un petit village, ce support offre un lieu de rencontres aussi bien pour les enfants que pour les accompagnateurs. Là aussi, il s’agit d’un enjeu important pour les collectivités publiques et les structures privées. « On a un rôle non négligeable dans l’aménagement urbain. Nous avons un pôle en interne spécialisé qui accompagne les clients dans la réflexion à avoir sur la disposition adéquate de l’aire au sein de la ville, mais aussi sur le placement des bancs, des coins pique-niques. On pense un espace dans sa globalité : l’assise, l’accessibilité, la propreté, l’inclusion… », explique la responsable de la communication depuis 2018 de l’entreprise et dont l’un de ses prochains chantiers sera de mettre davantage en relief les valeurs environnementales de l’entreprise. Et pour le futur président, quels sont les chantiers prévus ? « On va chercher à se diversifier davantage. Notamment sur la partie aire de sport. Développer encore plus notre gamme. L’adulte fonctionne comme l’enfant. Quelque chose d’amusant, de ludique, peut l’amener à faire du sport. Le jeu est souvent moteur de beaucoup de choses… ». 

Un degré en plus : En moyenne, chez Proludic, il faut compter un délai d’environ 6 mois entre l’échange des premières idées et la livraison de l’aire de jeux ou de sport pour un budget moyen qui avoisine les 35 000 euros.

Reportage de Pierre-Alexis Beaumont

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