Pour la première fois, les Restos du Cœur 37 refuseront certains bénéficiaires

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On n’a jamais vu ça depuis l’appel de l’humoriste Coluche dans les années 80 : pour cet hiver 2023, les Restos du Cœur doivent durcir les critères d’attribution de l’aide alimentaire. Une décision difficile à cause de la hausse constante des demandes et des prix des denrées que l’association achète. L’Indre-et-Loire est concernée par ces difficultés. On en a parlé avec le président local de la structure, Jean-Pierre Béreau.

Vous avez pris la présidence de l’association en 2022 : comment ressentez-vous les choses depuis cette date ?

C’est une situation tout à fait inhabituelle car depuis un an nous avons constaté une augmentation de 25% du nombre de personnes accueillies ce qui nous pose des difficultés en matière d’approvisionnement ou de qualité d’accueil. Des problèmes aussi d’équilibre financier puisque nous achetons un tiers des denrées que nous redistribuons. On essaie de faire face, de faire le maximum : pour ça nous avons plus de 700 bénévoles pour ça dans le département qui se mobilisent toujours plus pour récupérer des denrées et des dons afin de financer nos activités.

Qui sont les 25% de personnes en plus venues aux Restos du Cœur depuis un an ?

Des personnes seules, des familles monoparentales, mais aussi des travailleurs pauvres qui, compte tenu de la crise avec la hausse de l’énergie et de l’alimentaire, ne peuvent plus joindre les deux bouts. Nous sommes le dernier maillon de la chaîne dans la lutte contre la grande pauvreté : plus de 60% des personnes que nous accueillons sont en-dessous du seuil de pauvreté (moins de 1 000€ par mois et par personne, ndlr) et plus de 40% n’ont pas un euro pour se nourrir après avoir payé le loyer et les charges. Leur apporter de l’alimentaire ou du soutien c’est bien mais ça ne règlera pas le problème des rémunérations.

Dans ce contexte, comment abordez-vous la campagne d’hiver qui débute cette semaine ?

Pour la première fois nous avons durci nos conditions d’accueil. On a reconduit pour l’hiver le barème en vigueur l’été ce qui va nous amener à refuser l’aide à certaines familles. En gros, pour une personne seule il faudra désormais un reste à vivre inférieur à 500€ une fois le loyer et les charges d’énergie payées. L’année dernière c’était 15 à 20% en plus. Par ailleurs on passe de 9 à 7 repas par semaine pour la quantité de nourriture offerte. Cela à cause de l’inflation : pour vous donner une idée, au niveau national nous achetons 5 millions d’€ d’alimentaire par semaine.

Comment les personnes bénéficiaires vivent ces restrictions ?

Elles comprennent pour la plupart que les Restos du Cœur ne peuvent pas approvisionner sans limites. A celles dont on refuse l’aide, je leur dis de continuer de venir nous voir : on trouvera toujours une solution comme un accompagnement pour les aider à régler leurs problèmes administratifs ou revenir vers l’emploi. La porte n’est jamais fermée. On ne substitue pas aux services sociaux qui font bien leur travail, mais on peut faire le lien pour les personnes perdues ou qui ne demandent pas les aides auxquelles elles peuvent prétendre.

Et vous, personnellement, comment vivez-vous cette période ?

Je me demande si cette situation va se stabiliser ou si on va continuer à accueillir toujours plus de personnes. Si c’est le cas ce sera difficile à gérer pour nous ainsi que pour toutes les autres associations de solidarité. Les CCAS ou les banques alimentaires rencontrent les mêmes difficultés (la Banque Alimentaire de Touraine organise d’ailleurs une collecte dans une grande partie des supermarchés du département dès ce vendredi 24 novembre et jusqu’à dimanche midi).

De quoi avez-vous besoin ?

De dons financiers (que l’on peut faire sur www.restosducoeur.org) et de bénévoles.

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