Jusqu’au 1er décembre minimum nous voici contraints de rester dans un rayon d’1km autour de la maison quand on veut s’aérer. En plus la balade ne doit pas dépasser 1h. Très restrictif ? Evidemment. Mais ne peut-on pas en profiter pour découvrir à fond un secteur que l’on ne connait peut-être pas aussi bien que ce qu’on prétend ? A l’occasion du reconfinement automnal anti-Covid, la rédaction de 37 degrés fait l’expérience. Premier épisode du côté du côté du quartier Beaujardin à Tours.
Autour de mon domicile, 1km ça comprend autant la bucolique Île Balzac que les abords bétonnés de l’autoroute A10. On y trouve aussi de grands ensembles immobiliers, des boulevards bruyants, un marché… mais pas la caserne des pompiers, ni la moindre piscine (de toute façon elles sont fermées).
J’entreprends donc de partir marcher dans ce périmètre au petit matin, pour éviter la pluie qui approche et tenter de profiter de belles lumières. Avant de sortir, ne pas oublier le masque désormais obligatoire sur tout le territoire de Tours Métropole (y compris dans une rue déserte…) et penser à remplir son attestation de sortie dérogatoire. Je songe sérieusement à ajouter un raccourci vers le site du ministère de l’intérieur sur l’écran d’accueil de mon téléphone, je m’y rends plus souvent que l’appli dédiée aux recettes de cuisine et ça me fout le bourdon.
La promenade commence dans la rue en bas de chez moi. J’ai pris le parti de ne pas mettre de musique dans mes oreilles pour prendre le pouls de l’ambiance sonore de ce confinement. Elle ressemble globalement à celle d’un lundi matin habituel : des voitures, des bus, des voitures, des camions, des voitures, des cars, des klaxons. Si je sortais d’hibernation je n’aurais pas forcément constaté que de nouvelles mesures avaient été mises en place quelques jours plus tôt. Et ça se confirme à l’entrée de l’école du quartier où les parents accompagnent les enfants, et où le stationnement anarchique constitue une routine immuable.
D’un bon pas, histoire de compenser les excès culinaires inhérents à tout confinement, je pousse vers l’autoroute et hésite à faire du step sur l’escalier qui rejoint la digue. Je me décourage et entreprend de rejoindre le Point Zéro, en espérant faire une photo sympa d’un train au-dessus du petit tunnel adjacent. Raté, le TER me passe au-dessus de la tête quand j’emprunte le fameux souterrain. Ça a beau aussi être l’heure de pointe à la SNCF je n’ai pas le temps d’attendre, je n’ai qu’une heure. Je me contenterais d’un cliché lointain et sombre de TGV. Je constate au passage que le parking sous l’A10 est quand même moins occupé qu’à l’ordinaire… Un effet du télétravail ?
Je m’enfonce dans les petites rues du nord-Beaujardin et du sud-Velpeau. Je ne croise que quelques cyclistes, parfois une voiture. Je tourne un peu au hasard, apprécie quelques belles maisons, une placette don j’ignorais l’existence. Est-ce que je suis encore dans ma zone autorisée ? Les policiers se baladent-ils avec un GPS ? Vont-ils vraiment venir me contrôler à cet endroit ? Vérification faite, je suis à la frontière, je repars vers la Rotonde pour éviter de dévier de la trajectoire et je passe devant une ancienne base d’ambulances, avant de tomber sur une veille enseigne aux contours félins. Comme quoi on trouve de jolis pans de patrimoine tout près de chez soi, il suffit de lever la tête.
Le quartier est parsemé de voies SNCF, constituant autant de barrières urbaines. En ce début de journée le ballet des trains est quasi constant, mais plus digeste que les moteurs automobiles. De temps en temps j’aperçois une boîte jaune : le service public postal est encore bien implanté dans les quartiers malgré l’inexorable diminution du volume de courrier. Il survit pour l’instant là où les cabines téléphoniques ont échoué. Rue Christophe Colomb, une boucherie a sorti la rôtisserie pour les poulets… Un peu plus loin, j’ai la preuve qu’il y a encore du boulot pour le service voirie car de nombreuses rues de cette ville sont complètement défoncées. Un peu plus loin je croise une voiture qui n’a pas dû rouler depuis…
Me voici de retour sur les grands axes, sûrement moins empruntés que d’habitude mais loin d’être déserts. C’est donc vers le calme et le Cher que je me dirige pour apprécier le spectacle et jalouser quelque peu les personnes résidant dans un appartement avec balcon donnant sur la rivière. Vue dégagée plein sud, plaisir de contempler l’eau… De quoi mettre – au moins – un peu de baume au cœur dans un quotidien potentiellement morose.
Il n’y a pas foule sur la digue, ni sur le chemin d’en bas. Quelques oiseaux (pies, pigeons), des chiens qui promènent leurs maîtres, deux joggeurs côte à côte… Il fait extrêmement doux pour un début de mois de novembre, seul le vent perturbe un peu l’ambiance (mais forme de jolies vaguelettes sur le Cher). En jouant à cache-cache avec les premiers nuages, le soleil nous offre une lumière éclatante, et même les grands immeubles des fontaines trouvent une certaine grâce à mes yeux en émergeant ainsi au-dessus des arbres.
Je pourrais rester là longtemps, à apprécier l’environnement mais l’heure tourne. 1h ça passe vite. J’ai dû marcher plus de 4km, je n’ai pas croisé grand monde (hormis en voiture). Je recommencerais. Heureusement, on peut quand même sortir tous les jours…
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