On vous explique le chamboule-tout en cours à la CCI Touraine

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Déménagement, suppressions de postes, changement de modèle économique… Poussée par des ressources financières en raréfaction, la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Indre-et-Loire doit se réinventer, modifier profondément son organisation. Pas simple mais son président s’attache à y voir un challenge pour s’adapter de la meilleure façon possible aux évolutions du monde économique. On l’a rencontré pour comprendre.

Le contexte : entre l’échec du projet d’école de commerce France Business School aux Fontaines et le changement de politique de l’État qui diminue les recettes des Chambres de Commerce et d’Industrie, la situation économique de la CCI Touraine est tendue depuis belle lurette. « Et le gouvernement annonce encore 200 millions de recettes en moins d’ici 2021 pour l’ensemble des CCI en France » explique le président tourangeau Philippe Roussy. Vu la situation (à laquelle s’ajoute plus de 7 millions d’€ d’emprunts), l’institution de la Rue Jules Favre a déjà fortement réduit son personnel qui rassemble une cinquantaine de personnes contre 80 il y a dix ans, « et il va encore y avoir des départs non remplacés dans les deux ans qui viennent » nous dit-on.

Au-delà de l’impact social, la CCI Touraine a stoppé son apport dans le budget de l’aéroport de Tours et surtout décidé de vendre son patrimoine immobilier dont le site historique du centre de Tours avec cour intérieure, escalier d’honneur, moulures et salle d’audience historique du tribunal de commerce. « Cela va nous permettre une remise à blanc de nos comptes, de désendetter la chambre » assure Philippe Roussy qui annonce avoir signé un compromis de vente sans détailler le prix (probablement un minimum de 10 millions d’€) : « On annoncera tout quand ce sera finalisé » dit-il.

Un point de chute près de l’Escem aux Fontaines

Ce qu’on sait c’est que la majorité du site historique de 5 000m² devrait être transformée en logements et que le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire doit en récupérer le coeur avec l’idée de faire un lieu culturel. « L’accord devrait être adopté en novembre. Il n’est pas défavorable au Département, ni à nous. Jean-Gérard Paumier a bien entendu nos soucis, c’est un bon deal » pointe Philippe Roussy qui n’apparait pas mécontent de voir ce bâtiment rester en partie public : « Il y a une certaine logique à cela. »

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La CCI Touraine va donc déménager, à priori dès ce mois de décembre 2019 afin de rejoindre le bâtiment C du campus de l’Escem aux Fontaines, « celui qui est au plus près de la station Total. Ce sera plus restreint et plus fonctionnel : les salariés se verront plus. » Mais une solution provisoire car la CCI vend aussi ses biens de Tours-Sud et son futur camp de base est voué à la démolition. Trouvera-t-elle un arrangement avec le futur promoteur ? Un autre point de chute ? « Ce sera un dossier pour le prochain président » lâche Philippe Roussy qui achèvera son mandat en 2021, sans se représenter, « parce que je ne veux pas faire de politique. »

De nouveaux produits à vendre aux entreprises

En attendant son départ, le N°1 de l’institution se doit de relever le challenge de la remise sur pied de la machine en respectant les directives venues de Paris : « L’Etat nous demande de facturer plus de chiffre d’affaires pour moins dépendre de la ressource fiscale. Cela ne me choque pas mais il faut se donner les moyens de le faire. » Et pour cause : sur un budget actuel d’un peu moins de 4 millions d’euros, la CCI Touraine reçoit 70% d’argent issu d’impôts.

« A terme l’objectif c’est d’être à 50-50, ou au moins 60-40 » dixit Philippe Roussy. Donc passer de 1,3 million d’euros de prestations vendues à environ 2 millions dans un premier temps, puis augmenter encore. « Nous sommes en train de monter un modèle économique avec de nouveaux produits comme le CCI Store, des applications pour les entreprises qui calculent des taux d’intérêts ou des coûts d’opportunités. Cela permet à nos équipes de ne pas répondre à des questions sans intérêt, de se dégager du temps pour accompagner au cas par cas sur des sujets de fond. » Ainsi les ateliers collectifs comme l’Impulseur (qui entame sa 5e saison et approche les 100 structures soutenues) ont vocation à se multiplier, notamment pour accompagner les sociétés dans leur politique de ressources humaines.

« L’Impulseur c’est quelque chose que l’on a développé auprès de la CCI du Morbihan. Désormais nous accompagnons aussi des entreprises agricoles. »

Philippe Roussy, président de la CCI Touraine.

La Chambre de Commerce et d’Industrie tourangelle partie également sur son offre événementielle comme la Nuit de l’Orientation dont la 3e édition est déjà programmée pour le jeudi 13 février 2020 avec l’ambition d’atteindre les 4 000 entrées en une soirée à l’Hôtel de Ville de Tours (2 900 en 2019). S’ajoute à cela la possibilité de contacter l’institution pour qu’elle fournisse une convention de stage à des jeunes souhaitant une immersion en entreprise pendant les vacances scolaires en plus de leur stage de 3e : « Nous en avons signé 247 en 2018 et en 2019 fin septembre nous sommes déjà à 273 » compte Philippe Roussy.

Des paris sur l’avenir

Et même si l’inventaire en haut de page peut sembler pessimiste, le président de la CCI Touraine assure qu’il conserve des ambitions fortes : « On finira par réembaucher » promet-il notamment en faisant des paris sur un avenir économique puissant pour la Touraine comme avec le projet de nouvelle zone économique autour de l’aéroport une fois que l’école de chasse de l’armée de l’air aura quitté la zone. »


Le chef d’entreprise poursuit : « C’est l’opportunité de développer un parc avec des entreprises spécialisées dans le vol de drones, l’école de pilotes de ligne qui va monter en puissance pour atteindre 150 élèves, l’arrivée d’entreprises dans le secteur des nouvelles technologies, la création d’une zone d’échanges de transport avec l’avion, le tram ou les bus Macron… Ce projet mettra 30 ans pour arriver à son terme mais qui va démarrer très vite, dans les mois et années à venir. Les études sont déjà en cours. Il en faut des projets structurants comme ça ou la candidature de Tours pour accueillir une équipe pendant la Coupe du Monde de rugby en 2023 puis une équipe de rugby à 7 pendant les JO 2024. Cela nécessitera plusieurs millions d’euros d’investissements pour le stade à la Chambrerie mais le projet sera vite amorti au moins du point de vue médiatique. »

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