Nouveau logo de la ville de Tours : Une lettre ouverte à la Mairie

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Les propositions de nouveau logo de la ville de Tours ont décidément du mal à passer aux yeux de certains. Depuis une semaine, la gronde monte petit à petit, notamment via un groupe Facebook intitulé « Un vrai logo pour ma Ville » qui regroupe presque 700 membres. Derrière les propositions sarcastiques et décalées de logos que l’on y trouve, se cache un véritable malaise qui n’a pas été apaisé par les déclarations dans la presse  de Serge Babary, le maire de Tours, et de son adjointe à la culture Christine Beuzelin.

Alors que le vote public est toujours ouvert et ce jusqu’au 15 février, ce malaise, qui semble notamment toucher les professionnels tourangeaux du graphisme et de la communication, se matérialise à présent par une lettre ouverte adressée à Serge Babary.

Les signataires qui se regroupent sous l’entité « collectif un logo pour Tours », derrière laquelle se trouvent des « professionnels, étudiants et amateurs du design graphique, résidant ou travaillant sur la commune de Tours » peut-on lire, appellent ainsi la Mairie à revoir sa copie tout en proposant leurs conseils.

Pour Pierre-Henri Ramboz, l’un des signataires, cette lettre ouverte est avant tout faite pour montrer au maire que « nous ne sommes pas des pleurnichards, ni des jaloux, mais au contraire certains sont des partenaires qui peuvent aider la mairie.  Ces propositions de logo vont à l’encontre du rayonnement voulu et envisagé à travers le Tours Tech’ par exemple ».

Cette lettre ouverte est par ailleurs diffusée sous forme de pétition publique sur le site Change.org. Nous la diffusons intégralement ci-dessous :

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Lettre ouverte à Monsieur Serge Babary, maire de la ville de Tours et ses adjoints

Monsieur le Maire, nous, professionnels, étudiants et amateurs du design graphique, résidant ou travaillant sur la commune de Tours, prenons part à sa vie et à son rayonnement au quotidien. Le logo de cette ville est pour nous, tour-à-tour, un signe ou un outil que nous utilisons pour identifier ses agents, ses services, ses missions, ses implications, ses partenariats… En résumé : son image, sa signature, son identité. Avons-nous le droit d’en discuter ou d’en rire ?

Nous avons été surpris d’apprendre par voie de presse que le logo de notre ville allait changer. Nous avons découvert ces propositions et nous avons beaucoup ri quand nous les avons vues. Nous savions que l’idée de refaire l’identité visuelle de la ville était dans l’air du temps. Nous nous sommes dit qu’il y avait certainement de petits plaisantins qui voulaient faire le buzz ou provoquer la polémique avec ces logos pas très beaux : Une bonne blague faite par un impatient.

Nous avons beaucoup moins ri en lisant sur le site de la ville qu’il ne s’agissait pas d’une blague. Nous nous attendions à un marché public ou un appel à projet. Quelque chose d’élégant, de pertinent, d’ambitieux. Quelquechose qui soit l’évocation d’une volonté d’ouverture, de collaboration et de modernité. Nous comprenons que le logo actuel n’est plus tout jeune, mais est-ce une raison pour faire cela ? Nous lisons et comprenons bien toutes les raisons et les bonnes intentions qui vous poussent à le remplacer.

Mais nous ne comprenons pas, entre autres, ces couleurs “historiques et emblématiques” de la ville que vous décrivez comme le noir et le bleu. Sans doute faites-vous allusion aux armoiries ? Noir, argent or et bleu roy ? Ce ne sont pas les bons tons que vous utilisez. Ce sont vos choix, nous ne comprenons pas le rapport.

Nous ne comprenons pas plus l’argument économique. Ce qui coûte le plus cher dans le changement d’une identité visuelle, ce n’est pas sa création mais le renouvellement de l’ensemble des documents de communication et de la signalétique. Faire « des économies » de quoi ? Les honoraires d’un créatif sont quantité négligeable dans le budget global de cette entreprise.

Nous ne comprenons pas votre inspiration. Le logo pour la ville de Porto, que vous évoquiez, Monsieur le Maire ! Vous voyez bien qu’entre cinq lettres bleues sur fond blanc rejointes par un point final et serties du même bleu, décrivant la ville célèbre pour ses fresques émaillées avec évidence. Cette simplicité de la signature de Porto n’est pas celle qui est proposée pour Tours. Nous ne comprenons pas le lien que vous trouvez.

Nous ne comprenons pas votre méthode. C’est ce que nous comprenons le moins. Pourquoi ne pas avoir terminé le travail ? Vous auriez dû livrer le fruit mûr de votre réflexion. Ouvrir un vote sur des propositions que vous auriez soutenues. Votre adjointe elle-même le dit, il faudra qu’une proposition recueille un nombre substantiel de votes pour être choisie. Mais substantiel… on parle de combien de votes ? Qu’est-ce qu’un résultat substantiel ? Pensez-vous à un pourcentage ? À un nombre de voix ? Vous n’avez pas fixé de règle à cette consultation.

Revenons à l’objet de notre lettre, qu’est-ce que c’est un logo ? Pour une ville comme Tours, c’est l’avant-garde de son identité culturelle et économique. Ce sont les couleurs de ralliement pour ses représentants. Il existe de très beaux exemples de réussites dans le rajeunissement d’identités graphiques de ville. Porto en est un, Reims, Lille ou Nantes en sont d’autres, plus proches de nous.

Lorsqu’on adopte un mauvais logo, on prend le risque que plus personne ne s’identifie à ce visuel, voire de véhiculer une image négative. Un logo a besoin d’évidence et de générosité. Il n’a pas besoin d’explication ou de symbolique en forme de ligne signifiant un fleuve. On ne fonde pas une identité sur une série de caractères typographiques simplement parce qu’ils forment le nom d’une commune. Un logo ne nécessite pas d’explications. Il fonctionne de lui-même. On ne vote pas pour un logo. On l’impose. S’en remettre au jugement esthétique c’est oublier qu’il n’existe pas de consensus en la matière.

Concevoir un logo nécessite écoute, recherche et générosité vis-à-vis de ce qu’il va devoir porter et incarner. Concevoir un logo pour une ville demande de la regarder en face et de comprendre qui elle est vraiment. Oublier cela, c’est donner à des entreprises, des associations, des clubs, des employés municipaux, des habitants, liés à cette ville, une image sans âme, désuète, impersonnelle et imprécise. Car tous ces gens à un moment ou à un autre seront fédérés sous ces couleurs.

Vous aurez compris que la question n’est pas tant de savoir si nous trouvons les propositions graphiques du service de communication visuelle de la mairie adaptées à une ville comme la nôtre. Il s’agirait plutôt de vous rappeler que l’exercice de la démocratie n’est pas une ratification des choix que vous prenez en cabinet. La méthode employée nous déplaît. Nous sommes présents quand il s’agit de vous accompagner dans vos chantiers et vos projets. Nous sommes actifs pour promouvoir l’innovation au sein de notre commune et l’exporter. Nous portons les couleurs de la culture, de l’histoire et des valeurs qui nous unissent et dans lesquelles nous nous reconnaissons.

Il y a quelques mois, pour Tours, nous étions candidats au label Frenchtech. Nous le serons de nouveau en 2015. Un des éléments fondamentaux de ces candidatures réside dans la capacité des acteurs locaux à fédérer et mutualiser leurs efforts pour accomplir un but commun. À travers l’initiative que vous avez posée, c’est toute cette candidature qui est discréditée.

Il y a des gens, à Tours, dont c’est le métier de créer des logotypes. D’autres dont le métier est la communication. D’autres qui devront afficher ce logo près du leur dans des publications. Et tous ces gens veulent vous aider à aller plus loin dans cette démarche. C’est pourquoi nous vous demandons aujourd’hui de nous mobiliser en engageant une vraie consultation sur ce vaste chantier. Nous sommes vos partenaires. Nous ne comprenons pas que vous ne nous demandiez pas conseil et nous traitiez de jaloux, d’aigris ou de râleurs. Nous ne déménagerons pas si votre choix se porte sur une proposition qui nous déplaît, mais si vous ne nous consultez pas vraiment, nous aurons l’impression que le travail d’équipe n’est pas votre tasse de thé. A l’heure où le web et l’économie collaborative nous montrent le chemin vers une démocratie toujours plus forte, vous pouviez mobiliser et engager les acteurs locaux nombreux à Tours. C’est encore possible. Nous sommes disponibles et nous répondons présent par cette lettre.

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