Voilà un trouble psychique dont on a du mal à définir les causes et pour lequel il est difficile de trouver un traitement efficace. On estime que l’anorexie touche 1,4% des femmes au cours de leur vie pour seulement 0,2% des hommes. La plupart du temps cette obsession qui pousse à manger le moins possible pour ne pas prendre de poids on la manifeste à l’adolescence. Pour Nicolas c’est arrivé à la trentaine. Ce Tourangeau en souffre depuis plus de 3 ans et souhaite témoigner de ces difficultés…
« Je n’arrive pas à identifier d’où ça vient » : quand il parle de sa maladie, Nicolas en vient vite à afficher sa détresse. Sujet à la dépression et aux troubles obsessionnels compulsifs, l’homme de 36 ans a progressivement réduit son alimentation. Il explique :
« Il y a une vingtaine d’années j’ai grossi puis je suis redescendu à 54kg. Depuis j’ai développé un petit trouble alimentaire. Je faisais attention mais je n’en tenais pas vraiment compte. Il y a trois ans c’est revenu sournoisement et progressivement, comme une dépression. Il y a une petite voix qui nous amène à moins manger, à faire des repas moins riches, moins calorique. »
Une journée type à table pour Nicolas c’est un cappuccino le matin, un autre à la mi-journée, « une petite purée le soir pour environ 90 calories. Et parfois je mange du pain ou des yaourts vers 21h. Au total ça fait moins de 500 ou 600 calories par jour. » 3 à 4 fois moins que ce qui est conseillé pour un homme qui fait peu d’activité physique. 5 fois moins que pour un adulte sportif. Résultat : le Tourangeau pèse 42 kilos pour 1m74, quand le poids dit « de forme » pour un homme de cette taille serait plutôt autour des 65-70kg.
« Quand je ressens la faim il y a toujours quelque chose qui me bloque »
L’anorexie c’est une maladie. Elle empêche Nicolas de travailler et lui occasionne beaucoup de difficultés au quotidien : « J’ai froid toute la journée, comme un rat mort. Je suis tout le temps sous la couette, avec plusieurs couvertures. Aller sous la douche est une torture. A force je crains également l’ostéoporose car mes os se fragilisent. » Il tente tout de même de se maintenir en forme physiquement :
« Cet été je marchais jusqu’à 10km par jour mais je me demande combien de temps mon corps va tenir. »
« J’aimerais manger comme tout le monde et me faire plaisir » insiste le trentenaire « mais il y a toujours quelque chose qui me bloque. Je ressens la faim mais le cerveau finit par outrepasser cette envie de manger. Quand je vois quelqu’un de ma famille manger un bout de gâteau je vais piocher avec ma cuillère mais je n’en prends qu’un infime morceau. »
L’espoir de trouver des solutions
Conscient de ses problèmes de santé, Nicolas espère trouver une issue pour aller mieux. Il dit néanmoins se sentir « incompris » par une partie de ses proches et, surtout, par le monde médical qu’il estime ne pas être assez formé pour la prise en charge de ce trouble : « Le nutritionniste que j’ai consulté au CHU de Tours n’était pas du tout empathique et on ne le voit qu’une fois tous les trois mois. Il manque des soins de jour avec, par exemple des repas thérapeutiques, un accompagnement pour nous réapprendre à manger. Là, ce qu’on m’a surtout dit c’est ‘pesez-vous moins’ ou ‘pesez moins vos aliments’, ce n’est pas ça qui va m’aider ? Quant aux psychiatres spécialisés dans les troubles alimentaires ils ne donnent que des médicaments. »
Lassé par ces démarches sans effet, le jeune homme a fini par s’éloigner des médecins. En parlant, il espère déclencher une prise de conscience et représenter les autres personnes qui galèrent comme lui et pour qui les solutions tardent à venir : « L’anorexie, c’est un peu la maladie de l’ombre » résume-t-il.
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