Les bénévoles sont souvent les petites mains des structures associatives qui créent et favorisent le tissu social. Afin de leur rendre hommage, régulièrement nous vous proposons de retrouver une interview ou un portrait d’un bénévole, qu’il soit dans une association, un club sportif ou autre. Rencontre avec les bénévoles de « Retirada 37 », association mémorielle des Républicains espagnols.
« Retirada 37 » est une association dont beaucoup n’avaient certainement jamais entendu le nom avant de recevoir le tract distribué contre la présence d’Alliance Vita aux Journées du Bénévolat organisées à l’Hôtel de Ville de Tours le week-end dernier. Jeune association ayant deux ans d’existence, on retrouve à la tête de « Retirada 37 » des descendants de Républicains espagnols ayant combattu pendant la Guerre Civile qui a sévi de l’autre côté des Pyrénées entre 1936 et 1939.
La Retirada désigne en effet l’exode des réfugiés espagnols en 1939 suite à la guerre civile remportée par Franco. A la tête de l’association tourangelle on retrouve Luis Lopez. « L’association est née suite aux retrouvailles d’un vieil ami qui faisait partie d’Europe de la Mémoire et qui m’a proposé de faire quelque chose ensemble sur les mémoires des Républicains espagnols » explique le président de Retirada 37 dont le but est de « faire vivre les mémoires et les valeurs des Républicains espagnols exilés » à travers des expositions, des conférences comme celle organisée avec Geneviève Dreyfus-Armand, vendredi 07 octobre aux Halles de Tours, des débats mais aussi par un travail de recherche sur cette histoire. « On a fait déjà beaucoup d’actions que ce soit à Saint-Pierre-des-Corps, au Plessis-Théâtre, à Tours, et on a des projets sur les brigades internationales, un projet à Chambray. Notre existence permet de retrouver des témoignages, des documents sur cette période… »
A écouter les quelques membres de l’association qui en compte une cinquantaine, on comprend que ce travail mémoriel bouleverse l’intimité de chacun également. « Pendant des dizaines d’années, on ne parlait pas de cette période avec nos parents, c’était un peu tabou. Et même dans les livres d’histoire on en parle finalement très peu ». Pourtant ces filles et fils de réfugiés expliquent n’avoir jamais ressenti le besoin d’en parler auparavant et ne pas ressentir de nostalgie mais le besoin de garder une trace de cette histoire en la confrontant à leurs propres mémoires.
Pour Mar y Luz Carino Lopez, vice-présidente de l’association : « Dans le sud-ouest ce processus mémoriel s’est fait il y a longtemps par le fait que de nombreux réfugiés espagnols s’y étaient installés. Le processus mémoriel en Espagne s’est opéré également depuis quelques années. Aujourd’hui il y a de plus en plus de liens entres les associations françaises et espagnoles ».
Et si « Retirada 37 » est essentiellement constitué d’enfants de réfugiés, au sein de l’association on trouve également des non-descendants de réfugiés espagnols à l’instar de Catherine. « J’ai toujours aimé l’Espagne et me suis toujours intéressée à son histoire. Une amie m’avait parlé d’une conférence aux Halles sur la Nueve qui sont les Républicains espagnols qui sont entrés en premier dans Paris le jour de la Libération en 1944. J’ai assisté à cette conférence intéressante et j’ai rencontré l’association ». Qu’ils soient descendants ou non des Républicains, tous ont en commun la volonté de transmettre les valeurs des Républicains et montrer comment le fascisme s’est installé en Espagne. Ce sont ces mêmes valeurs qui ont poussé ces membres à s’opposer fermement à la présence de l’Alliance Vita au sein des Journées du Bénévolat : « Les Républicains espagnols ont beaucoup emprunté aux valeurs de la République Française. C’étaient des progressistes. En 1936, Federica Monseny, ministre de la Santé sous la République, avait instauré le droit à l’avortement en Espagne » explique ainsi Luis Lopez qui évoque « un contexte politique et sociétal actuel qui fait malheureusement écho à ce qui s’est passé dans les années 30. Nous ne souhaitons pas faire de politique mais nous sommes profondément républicains et défendons les libertés individuelles de chacun et au regard de l’histoire certaines choses nous paraissent impensables ».
Un degré en plus :
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