Les ambitions internationales de l’Université de Tours

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La fac tourangelle essaie de développer ses liens avec des établissements étrangers, en particulier en Asie. Point complet sur les partenariats en cours et ceux à venir.

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Sur sa carte de visite, son titre est écrit en anglais, « vice-president for international affairs ». Depuis un an-et-demi, Marc Desmet voyage un peu partout dans le monde pour étendre la toile de l’Université François Rabelais… Ses yeux sont tournés vers l’Asie, l’Amérique du Sud, l’Afrique… Un rôle stratégique : « rayonner, c’est nous garantir une vie à peu près sereine. Sans coopération internationale, l’université deviendrait un collège universitaire. » Son rôle c’est donc de faire venir des étudiants étrangers à Tours mais aussi d’envoyer des Tourangeaux faire des semestres en dehors de nos frontières. Des enseignants-chercheurs sont aussi amenés à donner des cours dans d’autres établissements. Et inversement.

Des profs tourangeaux au Vietnam dans quelques mois

Au-delà de ces échanges « classiques », la nouveauté, c’est l’ouverture de formations à grande dimension internationale. Des cursus qui se développent depuis 2014 comme ce master créé par la fac tourangelle et qui vient d’ouvrir pour la rentrée 2017 : 24 étudiants issus de 19 pays vont travailler sur les maladies infectieuses à Tours puis à Barcelone (Espagne) et Édimbourg (Ecosse). Un master en informatique basé sur le même principe est également proposé à Blois. C’est une avancée, mais ce n’est pas encore suffisant pour Marc Desmet qui veut surtout fraterniser avec d’autres continents…

Car aujourd’hui, Tours est surtout tournée vers ses voisins immédiats : « nous avons 300 accords avec des universités européennes et une trentaine avec des pays hors-Europe » résume l’élu universitaire. Une grande part des 3 000 étudiants étrangers accueillis en Indre-et-Loire sont donc originaires du vieux-continent, mais ce pourcentage pourrait bientôt diminuer… « Il faut sortir des partenariats classiques avec les universités européennes et nord-américaines. Le monde change donc ce que l’on souhaite c’est orienter la politique en direction des pays du Sud, avec une vraie réciprocité des échanges. C’est la clé de tous nos partenariats. »

Un travail poussé avec la Chine

« Là, on est en train de monter un master avec Hô-Chi-Minh-Ville au Vietnam. Il portera sur la filière animale et les biotechnologies pour la reproduction, la production et la nutrition. C’est-à-dire, comment améliorer les espèces, faire en sorte qu’elles produisent mieux (en viande, ndlr), améliorer leur alimentation en tenant compte des contraintes environnementales… » explique le vice-président. L’ouverture est prévue en fin d’année, 5 enseignants-chercheurs tourangeaux partiront faire cours sur des périodes de 15 jours : « ça a été un travail de longue haleine pour convaincre les partenaires (des entreprises de la nutrition animale notamment), identifier les enseignants, se mettre d’accord sur les frais d’inscription… »

Un deuxième master est en cours d’élaboration avec le Vietnam et 4 autres universités françaises, cette fois autour des maths. Pourquoi ? « Les Français ne sont pas toujours passionnés par les maths… C’est donc intéressant d’avoir des étudiants matheux là-bas. Ensuite on les ramène ici pour des stages en laboratoire » explique tout simplement Marc Desmet. Les enseignants-chercheurs de Tours partent donc en repérage et reviennent avec de très bons étudiants qui finissent leur formation sur les bords de Loire…

Objectif : réaliser une dizaine de partenariats solides d’ici 2020

Le professeur a encore deux ans et demi de mandat et il s’est fixé un objectif : nouer des liens forts avec une dizaine de villes dans le monde en organisant des échanges d’étudiants et en montant des programmes de recherche. 10 ça peut paraître peu, mais l’élu universitaire insiste sur l’importance de privilégier la qualité à la quantité. Il donne un exemple : « pendant longtemps, nos échanges ont été asymétriques avec le Maghreb ou la Chine alors que dans ces pays il y a de très bonnes universités où l’on peut envoyer nos étudiants. On peut avoir 1 500 étudiants chinois à Tours demain mais ça ne veut rien dire. Ce que l’on veut, c’est construire des accords réciproques, des diplômes conjoints. »

Fac Tanneurs

L’enjeu est capital : faire rester des lycéens à Tours pour leurs études et en attirer d’autres venus d’ailleurs en France, séduits par les facilités de faire une partie de leurs études à l’étranger ce qui est toujours un énorme plus sur un CV. Et comme la fac tourangelle n’est pas la seule à vouloir poser ses pions sur tous les continents, elle se doit d’être la plus convaincante pour offrir les meilleurs débouchés. Un défi de taille pour la 26ème ville universitaire de France selon le magazine L’Étudiant. Mais il faut parfois batailler pour convaincre de l’intérêt de cette internationalisation des filières, « certains enseignants hésitent à se lancer et restent dans leur zone de confort » observe Marc Desmet.

De bons rapports avec la Corée du Sud, le Costa Rica et bientôt le Sénégal

Il faut donc créer des opportunités. Parfois, ça passe par des mesures toutes simples comme l’ouverture de cours de chinois à l’université . Ce sera le cas en 2018 : « on va faire une licence anglais-chinois. Ce qui permettra aux élèves ayant fait chinois au lycée Jean Monnet de Joué-lès-Tours de rester à Tours. C’est très pertinent vu que le lycée Vaucanson de Tours va lui aussi proposer du chinois » détaille Marc Desmet. Et d’autant plus indispensable qu’il y a des contacts avancés avec la ville de Changsha pour la mise en place de diplômes communs dans le domaine du droit, du patrimoine ou de l’eau : « nous avons tout à construire. »

Autres petites pierres tourangelles posées en Asie : de bons rapports sont désormais établis avec la Corée du Sud. « Nous accueillons de jeunes coréens qui viennent apprendre le français » confirme le vice-président de la fac qui planche aussi sur des partenariats avec le Japon dans le domaine du droit « car une partie du droit constitutionnel japonais est inspirée du droit français. » Il s’agit de construire un programme de recherche sur le vieillissement des sociétés et de se pencher sur des cas surprenants comme l’agression d’une dame par son robot. Que peut faire le droit dans ce cas précis ?

fac deux lions tours

Outre l’Asie, l’Université de Tours se met à parler avec le Costa Rica, en Amérique Centrale. Cette fois, les discussions tournent autour de la médecine… « Nous avons des liens très privilégiés avec l’ambassadeur du Costa Rica en France qui est médecin et à Tours il y a l’association France Costa Rica » note Marc Desmet. En février, 6 étudiants traverseront l’Atlantique pour 6 mois afin de valider leur semestre. Et des étudiants costaricains sont attendus à Tours. La fac tourangelle se penche aussi sur les possibilités offertes par la Colombie, le Mexique et le Chili.

Des bourses pour inviter des étudiants étrangers

Concernant l’Afrique, il se passe encore peu de choses en dehors du Maghreb (300 étudiants marocains sont à Tours). « On va essayer de convaincre les enseignants et les étudiants de partir en Afrique » lance Marc Desmet qui évoque une possibilité au sein de la ville de Fès et de sa future école d’ingénieurs. Avec le Sénégal, « on monte doucement quelque chose autour de l’informatique. On travaille avec le Soudan sur l’archéologie et on regarde vers la nouvelle université de Djibouti. » Le vice-président est enfin attendu en Iran en novembre pour envisager d’y envoyer ultérieurement des enseignants afin de proposer des formations dans les domaines de l’eau, du patrimoine et du droit.

Dans tous les cas, ces discussions bilatérales se font en collaboration avec les ambassades : « l’appui de la diplomatie est essentiel » souligne Marc Desmet qui insiste par ailleurs sur l’importance d’institutions comme l’INRA de Nouzilly, impliqué dans l’échange avec le Vietnam. Enfin, il veut donner à sa politique internationale « une dimension humaniste » en créant « des bourses permettant d’inviter des étudiants, car nous avons des étudiants internationaux en situation précaire et il faut y remédier. »

Si tout se passe comme prévu, ces projets devraient aboutit à l’horizon 2020.

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