Le plan de Cécile et Mélanie pour un système de bouteilles consignées en Indre-et-Loire

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Sur 37 degrés nous ouvrons régulièrement nos colonnes aux initiatives tourangelles qui ont pour ambition de préserver l’environnement. Nous avons récemment rencontré une créatrice de produits cosmétiques écologiques ou un agriculteur en conversion bio. Nouvelle étape cette fois-ci avec ReBout’, jeune association de Tours qui rêve d’un retour des bouteilles en verre consignées. Un projet ambitieux et complexe à mener…

Aujourd’hui quand on achète du lait ou du jus de pomme, ça se passe souvent comme ça : on ramène la bouteille à la maison, on l’ouvre, on la boit et on la jette. Si elle est en plastique et qu’on la met dans la bonne poubelle, elle peut potentiellement être recyclée. Dans le cas d’une bouteille en verre, c’est pareil, pour peu qu’on la dépose dans le container prévu à cet effet. Et si on rapportait sa bouteille en verre à la personne qui nous l’a vendue : le supermarché, le magasin bio ou le commerçant au marché ? Certaines personnes le font déjà, de façon assez anecdotique et par pure conscience écolo. Une équipe rassemblée en association se voit bien créer un système de consigne payante pour encourager tout le monde à faire ce geste en Indre-et-Loire. C’est ça, le projet ReBout’.

Nous rencontrons Cécile Anger et Mélanie Bejon qui font partie des forces les plus actives de l’association. Depuis près d’un an, elles réfléchissent à la meilleure façon de faire aboutir leur rêve, en mutualisant leurs connaissances, en développant leur réseau, et en regardant ce qui se fait ailleurs en France.

« On a constaté qu’en région Centre-Val de Loire il ne se passait pas grand chose pour réemployer les bouteilles en verre alors on a eu envie d’agiter un peu tout ça. »

« -79% d’émissions de C02 que la filière de recyclage »

Pour l’instant ReBout est une aventure associative avec une vingtaine de membres actifs mais si ça marche cela pourrait bien devenir un projet professionnel à part entière. Ce sera même indispensable car on ne développe pas un réseau local de consignes de bouteilles comme on organise un marché de Noël. « Nous avons intégré un incubateur d’Orléans spécialisé dans l’innovation sociale pour développer notre business modèle et voir si cela peut être rentable » expliquent Cécile Anger et Mélanie Bejon. L’enjeu est le suivant : mettre au point une filière suffisamment bien organisée pour récupérer les bouteilles dans les points de vente, les laver et les redistribuer. Cela pourra non seulement se faire dans l’agglomération tourangelle mais aussi à 260km à la ronde, donc sur une large partie des six départements de la région, « au-delà l’impact environnemental serait moindre. »

Mais alors pourquoi récupérer et réutiliser du verre alors qu’on est déjà capable de le recycler plein de fois ? « C’est très énergivore (car le verre est fondu pendant 24h à 1 500° avant d’être retransformé en bouteille) et surtout on ne peut faire que du verre de couleur. Le verre transparent est forcément conçu avec de la matière première vierge » détaillent les créatrices de ReBout’ qui avancent que « le réemploi du verre permet une économie d’énergie de 76%, -33% d’eau utilisée et -79% d’émission de CO2. »

Un test en 2020

Il n’empêche, il y a pas mal de freins avant de réussir cette opération. Par exemple, une bouteille en verre dévolue à une filière de consigne ne pèsera pas le même poids qu’une bouteille « classique », « prévue pour 2-3 emplois au maximum ». Elle sera plus lourde afin de servir une bonne vingtaine de fois. Il faut aussi trouver une solution pour les étiquettes actuellement très difficiles à décoller du verre… Bref, changer complètement les habitudes des producteurs de jus ou de vin.


« On est dans une phase de sensibilisation des acteurs » expliquent Cécile Anger et Mélanie Bejon qui doivent convaincre de l’intérêt d’investir dans ce procédé.

« Ce n’est pas impossible mais il y a des difficultés, par exemple pour des entreprises qui exportent leur production à l’étranger. Elles devront peut-être prévoir deux conditionnements : un pour le local, l’autre pour l’international. »

Pas forcément simple… D’autant que l’idée serait aussi d’acheter les bouteilles à des entreprises françaises pour réduire encore le bilan carbone. Aujourd’hui, les contenants proviennent souvent de l’étranger.

Les obstacles identifiés, ils ne semblent pas insurmontables pour l’équipe. Reste à voir s’il existe un réel appétit du public pour un tel circuit en Touraine et en Centre-Val de Loire, Pour cela, ReBout’ envisage de lancer une expérimentation grandeur nature dans le courant de l’année 2020 avec une vingtaine de producteurs et des épiceries vrac ou magasins bio partie prenante du projet. L’association pourrait alors s’appuyer sur une initiative similaire dans la région voisine des Pays de la Loire ou à Toulouse. En attendant de disposer de sa propre laverie à bouteilles de verre (une machine coûteuse) elle compte se tourner vers une entreprise locale près d’Amboise, « et à moyen terme on pourrait créer notre propre entreprise, peut-être sous forme de SCOP (société coopérative). » Pourquoi y croire ?

« Parce que les consommateurs sont de plus en plus en quête de sens dans leurs achats. Lors d’un sondage en ligne auquel 1 000 personnes ont répondu cet été, 86% estimaient que le réemploi du verre était une solution d’avenir. »

A quel prix la consigne

Pour que ça marche, le concept d’une consigne c’est de surtaxer le contenant afin d’encourager les consommateurs à le garder et à le rapporter. Pas trop cher pour ne pas les dissuader d’acheter, mais pas trop symbolique afin de les inciter à revenir. Finalement, c’est un peu le même système que pour les sacs réutilisables devenus obligatoires dans les supermarchés.

Mais alors, quel tarif pour cette consigne tourangelle ? Rien de défini pour l’instant mais on pourrait s’orienter vers 0,50€, ou en tout cas moins d’1€. « Tout l’enjeu est de connaître le taux de retour. A Toulouse ils ont atteint 30% avec des chiffres qui montaient crescendo pendant la phase d’expérimentation et c’est ce qui est intéressant » notent Cécile et Mélanie qui, dans l’absolu, ne voient le verre que comme un dernier recours à des courses sans aucun emballage, « quand vraiment on a besoin d’un contenant alimentaire mais que le reste du temps on prend en vrac. »

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