Le bulletin de santé du commerce tourangeau en 2024

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Habitat, Camaïeu, Minelli… Depuis plusieurs mois, les défaillances de grandes enseignes commerciales s’enchaînent et avec elles les fermetures de boutiques. Des baisser de rideaux qui entraînent des licenciements et une grande incertitude du secteur. Faut-il sérieusement s’inquiéter pour autant ? Pas si sûr.

Vendredi 26 janvier, une longue fille d’attente se forme au rez-de-chaussée de la Galerie Nationale à Tours. Une dizaine de personnes dès 9h, une centaine 30 minutes plus tard et environ 300 à 10h. De mémoire, on n’avait pas vu en local depuis des années, hormis pour des ouvertures de fast food ou pour l’inauguration de Ma Petite Madelaine à Chambray. En grande majorité féminine, la foule patiente pour découvrir la nouvelle boutique du centre commercial du centre-ville : Sostrene Grene, marque danoise vendant objets déco, petits meubles, vaisselle ou ustensiles pour les loisirs créatifs. Alléché par la promesse d’un beau cadeau offert aux 150 premiers clients (un petit meuble d’une valeur de 60€), le public est également attiré par l’arrivée d’une enseigne populaire inédite en Indre-et-Loire.

La raison du succès ? Des prix souvent inférieurs à 5€ et un renouvellement permanent des collections dans un magasin à l’ambiance soignée. Expérimenté depuis de longues années par plusieurs marques de vêtements, ce modèle continue de faire ses preuves malgré de fortes critiques sur son impact pour l’environnement. D’ailleurs, ces derniers temps, ce sont souvent les concepts offrant les prix les plus bas qui connaissent la plus forte popularité. Un exemple : l’expansion d’Action, qui a récemment ouvert un magasin au cœur des Grands Mortiers à St-Pierre-des-Corps. Un choix étonnant à première vue car il n’y a pas de tradition commerçante dans cette zone d’activité, mais la société parie sur sa notoriété pour attirer le monde.

La promesse de se faire plaisir à petits prix semble donc fonctionner en période de forte inflation. Et en face, ce sont les enseignes milieu de gamme qui triment (le haut de gamme ayant, lui, tendance à maintenir le cap). Minelli, Camaïeu, Habitat… : dans l’ensemble les marques en difficulté ces dernies temps ne sont pas les plus low cost. Aux Atlantes de St-Pierre-des-Corps, c’est Celio qui a récemment vidé son local, licenciant 7 personnes. La marque conserve ses magasins de Chambray, Tours-Centre et Tours-Nord mais déserte le plus grand centre commercial du département. Un mauvais signal alors que Fabrique de Styles, Casa ou Parfois ont également cessé leur activité ces derniers temps tandis que Go Sport est en liquidation avant sa transformation en Intersport.

Malgré un parking repensé et la présence d’enseignes dynamiques comme Pandora, Undiz ou Bonobo, Les Atlantes semble donc vivre une mauvaise phase. Ces dernières années, les emblèmes qu’étaient Toys’R’Us, Orchestra ou La Halle ont déserté à cause de leurs difficultés. Un temps évoquée, la construction d’une annexe à l’Est du complexe n’a jamais vu le jour et l’échec de l’implantation de la salle de sport EasyGym (dérivée de la compagnie aérienne EasyJet, vite remplacée) interroge sur la capacité à implanter durablement de nouveaux concepts.

La direction semble avoir saisi l’urgence de la situation et annonce un vaste plan d’investissements sur la structure pour cette année 2024 : des travaux extérieurs et intérieurs sont prévus de mars à décembre afin de moderniser un bâtiment qui devient de plus en plus tristounet. Surtout, on nous promet d’ici quelques mois l’arrivée d’enseignes d’envergure internationale, de 5 kiosques de restauration dans la galerie, de deux nouveaux restaurants et du nouveau concept de magasin de la marque d’électroménager Boulanger. Pas mal d’actualités auxquelles s’ajoutent l’ouverture, en mars, du 2e magasin tourangeau du populaire Comptoir de Mathilde, déjà présente Galerie Nationale.

Redynamiser un centre commercial en perte de vitesse, voilà donc le défi du moment face aux difficultés structurelles des entreprises de grande consommation et la crise de l’inflation. Il faut réussir à attirer en primeur les marques les plus porteuses, et maintenir un intérêt pour le shopping physique à l’heure où les commandes sur Internet explosent et où beaucoup de personnes se tournent en priorité vers les zones commerciales grâce à leurs grands parkings gratuits (allez à Chambray un samedi après-midi, vous aurez du mal à trouver de la place devant Leroy Merlin, même en fin de mois).

Susciter ce sursaut, la Galerie Nationale tente d’y parvenir avec Sostrene Grene. Un joli coup. Elle envisage prochainement d’autres arrivées majeures pour redevenir un passage obligé du parcours client du centre-ville (ce qui était de moins en moins le cas malgré la présence de la Fnac en locomotive). Et globalement, c’est toute la Rue Nationale qui est en évolution depuis la fin de la crise Covid. Si les locaux y restent rarement vides très longtemps, force est de constater qu’il y a du mouvement et que les indépendants s’y font de plus en plus rares. De plus, ces derniers sont surtout issus du monde de la restauration (un comptoir à hot dogs arrivé récemment, et bientôt un magasin de donuts). A leurs côtés, la mythique Dr Martens ou la récente pépite Faguo ont récemment choisi l’artère comme base pour expérimenter le marché tourangeau avec leurs chaussures et vêtements.

En résumé, malgré un enchaînement de mauvaises nouvelles on ne peut pas dire qu’il y a une grande crise du commerce à Tours. La ville reste un terreau fertile pour le magasinage, et l’essor de nouveaux concepts comme une bijouterie pour hommes ou un caviste sans alcool récemment apparus Rue Colbert. De quoi donner de l’espoir aux entrepreneurs comme à La Riche Soleil, où l’arrivée d’Intermarché et la promesse d’ouvertures futures sont présentées comme des arguments pour relancer, enfin, une galerie moribonde depuis de longues années. Le pari reste osé mais pas impossible.

Un degré en plus : le cas particulier du Haut de la Rue Nationale

Si les cafés Starbucks, la salle de sport Basic Fit ou les burgers B Chef semblent avoir trouvé leur public, et que le quartier a été choisi par Ecouter Voir pour son déménagement-agrandissement, il faut bien reconnaître que le secteur Porte de Loire tire la langue. Malgré les critiques sur l’architecture et l’ambiance du lieu, cela ne semble pas lié directement à l’endroit mais plutôt aux mauvais choix des sociétés qui y ont pignon sur rue. Ainsi, l’exploitant des deux hôtels Hilton, également gérant de plusieurs autres établissements français, est en redressement judiciaire, laissant planer un doute sur la pérennité de l’ouverture des 170 chambres au public.

Au pied du 4 étoiles, c’est le Monop’ qui ressemble à un supermarché fantôme à cause de difficultés structurelles de l’enseigne dans plusieurs villes. Et en face, le cabinet médical promis n’a jamais ouvert après l’ouverture d’une enquête pour détournement de fonds publics contre son dirigeant, lui aussi exploitant de plusieurs sites en France. Une désertification prématurée des locaux neufs qui pourrait néanmoins ne pas durer avec la promesse d’un repreneur pour le cabinet médical et d’un possible avenir pour le supermarché.

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