Détournant le célèbre hashtag des réseaux sociaux ainsi que le nom de l’entreprise, les salariés de Sandvik occupent le parking de l’entreprise ce jeudi 28 novembre en arborant un autocollant « Je suis Sandjob » sur le torse. Aux abords de l’entreprise, croix plantées dans le sol, banderoles revendicatives sur les grilles, portraits des salariés… d’autres symboles ont été affichés pour témoigner de la colère et l’amertume des 161 salariés de Sandvik à Fondettes. Le 23 octobre, l’entreprise suédoise a annoncé qu’elle allait fermer son site de Fondettes.
Une décision incompréhensible pour ces salariés, Sandvik ayant réalisé 1,3 milliards d’euros de bénéfices en 2017 et le site de Fondettes étant également bénéficiaire de 20 millions d’euros nous explique l’un d’eux. Alors que les négociations ont officiellement débuté ce même jeudi, la colère est forte chez ces salariés. C’est aussi l’inquiétude qui domine, celle concernant leur avenir. Des sentiments déjà vus ailleurs, à Michelin ou Tupperware pour ne citer que ces exemples récents ayant marqué les esprits. A chaque fois le processus est identique, les salariés se retrouvent devant le fait accompli et voient leurs carrières et vies basculées. « On est sacrifiés sur l’autel du capitalisme » exprime un de ces salariés, « sacrifiés comme des pions, malgré les bonnes promesses » poursuit-il. En 2015, l’entreprise suédoise avait déjà fermé une partie de l’usine, 45 personnes avaient perdu leur emploi, mais la direction avait assuré que cela allait permettre de pérenniser le reste du site, racontent des salariés amers, » par contre les investissements n’ont jamais été faits, c’est facile de dire aujourd’hui que le site n’est pas assez moderne ».
On ne le rappellera jamais assez mais derrière ces fermetures et même si un PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi) doit permettre à un maximum de salariés de retrouver un emploi, dans les faits, les vies basculent et l’épisode se révèle être un véritable traumatisme. « C’est dur moralement, je suis fatigué car j’ai du mal à dormir. C’est dur aussi vis à vis des proches » raconte ainsi pudiquement un employé.
Dur d’être rassuré également pour l’avenir, ces salariés étant d’une part très spécialisés (Sandvik-Coromant étant spécialisé dans la fabrication d’outils pour l’usinage) et avec une moyenne d’âge plutôt élevée (49 ans). « Ils ont décidé de nous virer et bien il faut qu’ils payent » pour cet autre salarié. « Quand on sait qu’ils ont provisionné 40 millions d’euros pour cette fermeture, ça m’écœure » termine-t-il alors que les représentants du personnel s’apprêtaient à débuter la première des 6 réunions de négociations prévues. Sur le parking, la centaine de salariés restait ensemble dans le calme, entourée de soutiens extérieurs venus à l’appel de la CGT.
Crédit photos : Delphine Nivelet
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