Du Boulevard Béranger à la Rue de la Victoire… D’une maison de maître à un rez-de-chaussée d’immeuble avec vitrine… La maison des Adolescents de Tours a profité de l’année 2022 pour déménager et s’installer dans des locaux plus visibles et plus accessibles. Créée en 2010, la structure associative reçoit plus de 900 personnes par an. Zoom sur un service gratuit pour les ados et leurs familles.
« Nous sommes un lieu d’écoute pour les ados et leurs parents qui se questionnent, ont besoin de conseils ou ressentent un mal-être » : voilà comment Marie Tavernier définit la Maison des Adolescents dont elle est la coordinatrice. Répartie entre Tours, Chinon et Loches, la structure de l’association Montjoie peut recevoir des jeunes de 11 à 25 ans, « même si la moyenne d’âge est plutôt autour de 15 ans, le public majoritaire ce sont les collégiens et lycéens » nous dit-on. Des jeunes orientés par les infirmières scolaires, les amis, les parents, les réseaux sociaux…
« Ici c’est anonyme et gratuit. On ne demande pas la carte Vitale et c’est confidentiel : on ne prévient pas à l’extérieur, sauf en cas d’urgence, par exemple pour une situation de violence. »
Ainsi, la Maison des Adolescents peut aussi bien recevoir des élèves stressés par un examen que des ados qui se questionnent sur leur sexualité ou ont des difficultés pour communiquer avec leurs parents. Une bonne dizaine de professionnels se relaient pour assurer les rendez-vous : infirmières, pédiatre, psychologue ou même sophrologue pour des ateliers en groupe (jusqu’à 8 personnes) comme en individuel. Parmi les sujets qui montent : l’addiction aux écrans et aux jeux vidéo, les troubles de l’alimentation comme l’anorexie et les violences sexuelles (des questionnements autour du consentement mais aussi des témoignages d’inceste).
Dans tous les cas, l’un des enjeux consiste à libérer la parole : « Ça arrive souvent que les ados ne soient pas forcément très volontaires mais parfois il suffit d’un rendez-vous pour que ça se dénoue » explique Marie Tavernier.
Sans surprise il arrive régulièrement que des jeunes posent des lapins aux professionnels. Mais il y a aussi celles et ceux qui reviennent quelques mois après une première prise en charge parce qu’ils ont de nouveau questionnements ou qu’ils ressentent le besoin d’un nouveau soutien. « Dans certains cas les situations peuvent se débloquer dès le premier rendez-vous » explique la coordinatrice, intégrée à l’association depuis 2019. Des rendez-vous en famille, juste avec l’ado ou uniquement avec les parents, toutes les formules sont possibles.
Il n’y a pas de règle, mais en général la Maison des Adolescents de Touraine suit les visiteurs sur 2-3 rencontres, jusqu’à 7-8 dans certains cas. Et surtout, si besoin de soins spécifiques, elle oriente vers des professionnels qualifiés (psychologues et psychiatres, notamment).
L’une des difficultés consiste à prendre en charge les difficultés avant qu’elles ne constituent un réel point de blocage. « Il y a des situations assez dégradées mais on peut avoir des bonnes surprises, des ados qui se mobilisent, de belles progressions. il suffit parfois d’un petit déclic » insiste Marie Tavernier, évoquant par exemple le recours aux jeux pour engager des conversations difficiles à démarrer. Et puis il y a le soutien aux parents :
« Parfois notre rôle c’est de dédramatiser. Les parents s’inquiètent de comportements qui sont classiques à ces âges-là. Il faut leur expliquer ce qui se joue, tous les remaniements qui s’opèrent chez leurs enfants… Il est aussi important de revenir sur leur propre histoire en tant qu’ado, c’est un travail intéressant à faire. Il faut qu’ils acceptent de lâcher prise, de laisser les ados faire leurs propres expériences même s’ils se font mal. On ne fait pas de thérapie familiale mais on peut entamer un travail. »
Essentiellement subventionnée par l’Agence Régionale de Santé, la Maison des Adolescents est également soutenue par des organismes comme la CAF ou le Conseil Départemental. Pour se faire connaître, elle assure des interventions en milieu scolaire ou directement dans les quartiers comme récemment dans le secteur de l’Europe à Tours-Nord ou à la Rabière de Joué-lès-Tours. Un maillage essentiel selon sa coordinatrice, dans le but de toucher un maximum de monde : « Les ados vivent une époque complexe. On les sent tiraillés dans un climat anxiogène. Mais ils sont plein de ressources avec des envies de faire bouger les choses. Ils nous surprennent souvent. »
Un degré en plus :
La Maison des Adolescents de Tours est située au 3 Rue de la Victoire et ouverte sans rendez-vous du lundi au vendredi de 13h30 à 18h30. Elle est également joignable par téléphone aux mêmes horaires : 02 47 22 20 69.