La guinguette de Tours renaît le 22 mai 2015

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Migration vers les bords de Loire (saison 7)

Amputée pendant huit longs mois d’automne-hiver de l’un de ses nouveaux organes vitaux, la cité ligérienne accueille dès vendredi une nouvelle saison de Tours-sur-Loire. L’occasion pour la rédaction de 37° d’aller poser ses fesses sur la peinture fraîche et de papoter avec Jonathan et Delphine, deux des nombreux acteurs de l’ombre de Tours-sur-Loire, que la langue têtue des Tourangeaux a décidé d’appeler «Guinguette».

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Décriée par certains, encensée par d’autres, la guinguette de Tours-sur-Loire fascine locaux et touristes et fait l’objet de nombreux débats, entre ceux qui la fuient pour son côté «faunesque», «trop populaire» ou «trop branchouille» (ou les trois pour les plus snobs) – réalité ou fantasmes – et ceux qui ne la quittent plus pour son côté «lieu unique où l’on peut bouquiner pendant trois heures sans être obligé de consommer». Une chose est sûre : la guinguette existe et s’est installée dans le patrimoine vivant du coin.

Un projet d’abord urbanistique

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«Ce serait très réducteur de parler de lieu culturel ou touristique : Tours-sur-Loire est un projet urbanistique et humain, un lieu d’échanges en construction où aucun code établi ne prévaut» résume Jonathan Odet, membre du Petit Monde et gérant de la société Kwamti. «Nous ne sommes pas une Place Plumereau bis, nous sommes un lieu ouvert et non conventionnel. L’idée n’est pas non plus d’être dans le tout commercial ou dans le produit touristique, d’ailleurs nous collaborons avec différents services de la mairie comme la culture, le rayonnement, le tourisme ou les relations internationales», précisent Delphine et Jonathan.

Il est clair que le fulgurant développement de la guinguette a en quelques années grandement modifié le centre de gravité de la ville l’été et que cette reconquête des bords de Loire dans une perspective conviviale et festive donne une nouvelle dimension particulièrement attractive à la ville.

Une gestion bicéphale

Aujourd’hui et jusqu’à l’été 2016 inclus, la gestion de ce site particulier a été confiée à deux structures, l’une commerciale, Kwamti, qui gère la partie bar et restauration (même si le restaurant a été confié à un sous-traitant depuis deux saisons) et l’autre associative, Le Petit Monde, qui gère la programmation des animations et la rémunération des artistes, des intervenants et des techniciens impliqués.

Deux entités séparées, mais gérées par les mêmes personnes… ou presque. Alors, dangereux mélange des genres ? «La gestion d’un lieu comme celui-ci par deux structures totalement hermétiques l’une à l’autre serait très compliquée : Kwamti participe à la réussite de la programmation en mettant à disposition sans tergiversation du matériel au Petit Monde. Les relations et le fonctionnement sont totalement fluides, on gagne du temps et de l’énergie. Beaucoup.» précise Delphine.

Et le contribuable, là-dedans ?

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Beaucoup de choses ont été dites sur la guinguette de Tours et sa gestion, son coût, son pilotage par la ville. Une chose est sûre : toutes proportions gardées, on ne peut pas dire qu’elle coûte cher. Avec un budget annuel de moins de 200.000 euros pour les animations et la programmation culturelle, cela fait 10.000 euros la semaine, donc 1.428 euros la journée, sachant que tout est gratuit et que tous les artistes qui se produisent ici pendant la saison sont rémunérés.

Ce budget est pris en charge par la Ville, mais une partie provient d’autres fonds publics. En outre la ville gère les végétaux et prépare les lieux avant l’installation des structures. Pour tout le reste Kwamti et Le Petit Monde sont autonomes et s’autofinancent.

Copinage ou pas copinage avec l’équipe municipale précédente ?

A l’heure où la douceur tourangelle est en train de tourner aux règlements de compte après 19 ans de «germanie», la Guinguette n’échappe pas aux interrogations, surtout quand on sait à quel point l’ancien adjoint Alain Dayan était attaché à ce projet.

«Nous n’avons aucun problème avec ça, c’est la Ville de Tours qui est venue nous solliciter au départ, il y avait une demande particulière, nous y avons répondu. Nous avons démarré en 2001 dans un petit bois à Chambray-lès-Tours, près du rond-point de l’Hippodrome (NDLR : A voir ce documentaire sur l’histoire du Petit Monde). Puis nous avons fait un essai à La Gloriette avant d’arriver sur les bords de Loire pour un projet plus cadré et plus professionnel. Depuis, il y a eu des appels d’offres et actuellement nous commençons à réfléchir au projet pour le prochain, qui devrait couvrir la période 2017-2019 si on reste sur des contrats de trois ans…» raconte Jonathan, très attaché au fait que plusieurs représentants de la ville et non une seule figure emblématique, doivent collaborer de près à ce projet et réfléchir à son avenir.

Un lieu entre-deux

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Au tout départ, Le Petit Monde qui émane d’un esprit éducation populaire, jeunesse et structures autonomes, a tenté une aventure gonflée à Chambray, avec une trentaine de personnes qui vivaient sur un site boisé, dans un esprit alternatif/punk. Assez vite s’est imposé un constat flagrant : aucun lieu à Tours n’est en mesure d’accueillir simplement des gens différents les uns des autres, en quête d’autre chose que de relations de consommation ou de partage classique autour d’activités précises.

Tours-sur-Loire est donc né de cette idée et avec cette philosophie de «lieu ouvert», ce qui peut expliquer la méfiance d’une partie frileuse et parfois très critique de la population tourangelle, qui peut y voir un machin bruyant, grouillant, mal famé et en définitive pas très utile. Pourtant pour beaucoup, c’est son côté hybride, socialement et commercialement indéfini, qui fait son charme. Le mélange des genres y règne en maître, ce qui peut évidemment bousculer les habitudes : touriste ébahi, employé coincé, jeune mou, jeune dynamique, étudiant studieux, quadra à costard, artiste en quête d’inspiration, quinqua en marcel, glandeur patenté, punk avec ou sans chien, bobo, facho, fêtard invétéré, écolo, écolier, alcoolo… Tout ce «petit monde» cohabite plutôt pas mal à la guinguette et l’ambiance «place de village» un peu bordélique semble reprendre vie.

Bien sûr, on entend ici et là que certains ressentent une certaine insécurité à la guinguette ; et le souci souvent avec ce fameux «sentiment d’insécurité» c’est qu’il n’est qu’un sentiment et non une réalité. Alors même s’il y a pu avoir quelques débordements certains soirs, ce quartier n’est pas plus dangereux qu’un autre et on peut rappeler que Tours reste une ville tout à fait fréquentable en nocturne, avec quelques précautions d’usage tout de même. Demandez un peu pour voir à un Britannique s’il peut se balader après 20h dans un endroit festif rempli de gens alcoolisés dans une ville de 140.000 habitants…

Exportation sur les quais de Seine

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Il y a deux ans, une boîte de production audiovisuelle découvre cette ambiance et lui prend alors l’envie de lancer un projet similaire sur les bords de Seine, à Javel dans le 15ème. Contact est pris avec l’équipe tourangelle et à l’été 2014 La Javelle est née. «Au-delà du fait que nous ne serons pas forcément retenus lors du prochain appel d’offres et qu’il faut savoir assurer ses arrières, cette idée nous a emballée car c’est un nouveau défi et parce qu’elle nous permet de consolider certains emplois de notre structure, la gestion de la guinguette de Tours étant trop saisonnière» nous explique Jonathan, qui navigue régulièrement entre les deux sites.

Les nouveautés 2015 à Tours-sur-Loire

Nous aurons l’occasion de revenir sur cette prog intense, mais trois axes se dégagent côté nouveautés :

  • l’arrivée en force de la musique de chambre
  • des journées citoyennes
  • des activités «participatives», dans l’esprit du «militantisme positif»

A noter pour les lève-tôt ou pour celles et ceux qui ont la chance d’embaucher à 9h dans le quartier (étudiants et personnel des Tanneurs, suivez mon regard) : Tours-sur-Loire s’éveille dans la fraîcheur à 8h30.


Un degré en plus : A lire ce résumé détaillé sur le fonctionnement de Tours-sur-Loire écrit l’an passé par Jonathan pour répondre aux critiques sur cette structure

Crédits photos : Laurent Geneix et Le Petit Monde.

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