La grande histoire de Touraine Madagascar

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C’est une association qui fêtera bientôt ses 25 ans et qui rassemble une soixantaine d’adhérents : depuis 1995, Touraine Madagascar s’investit pour des projets éducatifs et humanitaires entre Tours et la grande île de l’Océan Indien, située au sud de l’île de La Réunion. Rencontre avec le président Jean Rouault et la secrétaire Geneviève Petit.

Touraine Madagascar est née en 1995-96, à l’initiative d’une professeure de Grandmont, le plus grand lycée de Tours. Originaire de « Mada », elle est retournée dans la capitale Tananarive cette année-là. En revenant, elle a suggéré l’amorce d’un jumelage entre Jules Ferry à « Tana » et Grandmont à Tours. Un rythme s’installe : tous les deux ans environ, un groupe d’élèves malgache fait les 10h d’avion nécessaires pour rejoindre la France. Accueillis par des élèves et des profs, ils restent deux semaines, leur séjour étant financé grâce à des subventions de la région Centre-Val de Loire, de la ville de Tours ou du lycée.

Le lycée Grandmont

En sens inverse et selon le même calendrier, une dizaine d’élèves de Grandmont part à Madagascar pour découvrir le pays et son mode de vie : « ce sont des élèves volontaires qui s’inscrivent à des activités au lycée tout au long de l’année » expliquent Jean Rouault et Geneviève Petit qui se rendent régulièrement dans l’établissement pour des interventions. Le prochain départ est programmé à l’automne, au moment des vacances scolaires. Des Malgaches sont par ailleurs attendus au lycée en 2020, 4 ans après le dernier voyage. Un délai rallongé pour cause de situation politique instable sur place (l’élection présidentielle vient tout juste d’avoir lieu après avoir été reportée).

Parler d’une île méconnue en France

Avec une soixantaine d’adhérents et un budget annuel de 7-8 000€, Touraine Madagascar se mobilise également auprès des écoles et des collèges. Depuis 2012 à Joué-lès-Tours, deux classes de CM2 de l’Alouette correspondent avec les élèves d’un village malgache situé à 15km de Tananarive, les courriers étant transportés par les bénévoles ou relais de l’association au gré de leurs voyages vers l’île. Les enfants y parlent cuisine, activités extra-scolaires… De quoi se confronter aux différences quand les petits malgaches racontent qu’ils n’ont pas de micro-ondes ou qu’ils vont travailler dans les rizières après les cours. En parallèle de cette correspondance, « nous menons 7 interventions d1h à 1h30 dans l’année pour présenter Madagascar, une île plus grande que la France » nous racontent Jean Rouault et Geneviève Petit qui s’appuient sur des points du programme officiel de géographie, d’histoire ou de sciences naturelles ce qui les amène à parler des animaux, de l’agriculture ou de la colonisation (Madagascar n’est devenu indépendant qu’en 1960).

Une maison sur les hauteurs de Tananarive, 2011, (c) Olivier Collet

Même procédé avec des élèves de 4e au collège Anatole France de Tours : depuis 2014, quatre interventions annuelles pour évoquer la géographie, l’agriculture, les échanges commerciaux ou les problèmes d’urbanisme dans la capitale. Les bénévoles sont enfin venus implantés au collège de la Rabière à Joué depuis 2016 avec des conférences et expositions face aux élèves de 5e.

Travail agricole, 2011, (c) Olivier Collet

Touraine Madagascar compte pas mal d’enseignants dans ses membres, mais toutes ses actions ne sont pas dirigées vers le milieu éducatif. Son objectif c’est aussi d’organiser des rendez-vous culturels pour parler de Madagascar en Touraine, comme une conférence sur les devins-guérisseurs le 23 avril dernier, une présence sur des marchés de Noël, au festival Linguafest ou à Plumes d’Afrique fin 2018 via une rencontre avec une styliste. Trois journalistes malgaches étaient également présents lors des Assises du Journalisme de Tours organisées à Mame en mars. « On connait peu Madagascar en France. Les médias en parlent rarement, ou alors via des reportages touristiques. »

Financer des voyages scolaires plutôt que du matériel

Et puis il y a les projets solidaires… Touraine Madagascar s’investit pour l’école et le collège d’Andranovelona Ilafy, le fameux village avec lequel correspondent les élèves de l’Alouette. L’école rassemblement 250 élèves en 5 classes, près de 200 élèves au collège : « moins de 50% des enfants y vont. Même à l’école il y a beaucoup de défections car les parents doivent payer l’enseignement public » selon le président et la secrétaire de Touraine Madagascar.

« Comme il n’y a pas assez de professeurs, l’association de parents d’élèves doit en recruter et en payer. C’est une situation assez difficile dans un pays ou le revenu moyen est de 30€ par mois malgré un SMIC officiel à 40€ selon les documents du gouvernement. »

« Nous prévoyons des aides en fonction des besoins des enseignants. Chaque année nous octroyons 600€ de subventions. Une malgache ancienne prof de lycée à la retraite gère le suivi sur place » détaillent Jean Rouault et Geneviève Petit. « De l’extérieur, on pourrait penser que la priorité c’est l’équipement des établissements mais l’équipe de direction a préféré mettre en place un voyage pédagogique de 3 jours pour les collégiens. Ces enfants-là ne voient jamais leur pays en dehors du chemin pour aller à l’école. Certains ne sont jamais allés dans la capitale qui n’est qu’à 15km. Là ils peuvent donc sortir de chez eux, manger autrement, faire la cuisine avec les enseignants, vivre en communauté avec leur classe… »

Tout de même, des fonds ont été utilisés pour tenter d’installer Internet au collège, construire une station électrique ou raccorder l’école à l’eau courante. Pour cela, il va falloir approfondir un puits et installer de nouvelles latrines (des toilettes) à proximité pour remplacer les précédentes qui risquaient de souiller l’eau. Un financement participatif doit prochainement être lancé pour financer les travaux.

Voyage scolaire à Madagascar, (c) Touraine Madagascar
Voyage scolaire à Madagascar, (c) Touraine Madagascar

Des rencontres entre enfants et auteurs dans les écoles malgaches

Touraine Madagascar a encore une autre corde à son arc : l’édition de livres pour enfants, et ce depuis 13 ans. « Nous avons un regard critique sur l’envoi de livres français à Madagascar parce qu’ils ne sont pas forcément adaptés au programme scolaire ou au vécu des enfants. Nous préférons privilégier un partenariat avec un éditeur malgache. Tout est fait sur place avec un illustrateur et un auteur malgache. C’est une façon pour nous de soutenir ce secteur également en difficulté économique à cause d’une certaine mainmise des éditeurs français dans le pays. Nous fonctionnons avec un principe de pré-achat du livre pour 500 à 700€ soit 1 000 exemplaires donnés à des bibliothèques et dans des écoles partenaires. Il circule aussi via une bibliothèque itinérante qui parcourt les quartiers défavorisés de la capitale. Les enseignants travaillent sur le livre avec les élèves puis l’auteur vient rencontrer deux fois la classe.

Rencontre avec un auteur, (c) Touraine Madagascar
Rencontre avec un auteur, (c) Touraine Madagascar
Un des livres édités.
Un des livres édités.
Action malle à livres, (c) Touraine Madagascar
Action malle à livres, (c) Touraine Madagascar

« L’importance de cette association c’est son action dans la durée » insistent le président et la secrétaire de Touraine Madagascar. « Pouvoir continuer, c’est déjà très important. » Au-delà des cotisations des adhérents, les activités sont subventionnées par la région ou les mairies de Tours et de Joué. Prochain événement : le 16 juin, avec la projection d’un film aux cinémas Studio de Tours, un long métrage autour de l’insurrection malgache de 1947 en présence de sa réalisatrice et d’un auteur malgache résidant en Touraine. Ensuite, il s’agira de préparer la prochaine édition de Plumes d’Afrique en 2020, avec un programme axé autour du bois.

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