La Gabare, des débuts prometteurs

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Le 17 septembre 2016, l’association Les planches à gabare lançait officiellement la Gabare, monnaie locale complémentaire, à la guinguette de Tours. Une monnaie qui s’est rapidement développée et a déjà réussi à trouver quelques adeptes. À deux mois de son premier anniversaire, on dresse le bilan.

Avez-vous déjà aperçu sur des billets une gabare sur la Loire, le pont Wilson et la bibliothèque municipale, les vignes ou la place Plumereau ? Si la réponse est non, vous n’utilisez sans doute pas la Gabare, monnaie locale complémentaire tourangelle. Il y a trois ans environ, un petit groupe émet l’idée de créer un nouveau moyen de paiement afin de privilégier l’économie locale, faire réfléchir le consommateur sur le fonctionnement de l’argent mais aussi créer du lien social. L’association Les planches à gabare est fondée en janvier 2016 et la nouvelle monnaie est lancée le 17 septembre de la même année, à la guinguette de Tours.

Gabare 2

Si elle compte aujourd’hui 450 adhérents particuliers, l’adhésion n’est cependant pas obligatoire pour utiliser les 30 000 gabares toujours en circulation (sur les 53 000 mises en circulation depuis septembre 2016). « On ne connaît pas le nombre exact de personnes qui l’utilisent, mais il est estimé à mille. Ce n’est pas énorme, mais ça tend à se développer », assure Julien Gangneux, membre de l’association ayant rejoint le projet dès 2015. Marc-Antoine Lenglart, gérant de La boutique cafés, pense qu’il aura prochainement de nouveaux clients grâce à la monnaie locale, aussi bien des particuliers que des entreprises. Au Court-circuit, premier comptoir d’échange, « les paiements en gabares représentent 10 ou 15 % du chiffre d’affaires. »

Pourtant, « les débuts ont été longs et compliqués. Le projet a demandé beaucoup d’efforts donc une fois mis en place, il s’est essoufflé petit à petit », constate Julien Gangneux. Selon lui, sur ce type de concept, il y a toujours un groupe qui fonde et un autre qui développe.

Afin que le projet ne s’arrête pas aussi vite qu’il a commencé, il décide de faire partie de ceux qui prendront les choses en main et qui aideront au développement de cette nouvelle monnaie. Une période de communication commence alors, notamment auprès des professionnels. L’association se déplace sur les marchés, chez les commerçants ou dans les entreprises. L’idée ? Qu’ils découvrent la Gabare et qu’ils en comprennent l’enjeu. Si cette campagne n’a pas toujours rencontré un franc succès – « On m’a parfois envoyé balader sur les marchés », avoue Julien Gangneux – de nombreux prestataires ont tout de même rejoint l’aventure.

« Encourager l’économie locale… »

Longtemps bloqué à une vingtaine de professionnels à cause de bénévoles pas toujours très actifs, l’association en compte aujourd’hui 159. Il existe aussi 227 points de vente sur la carte du réseau. Cette semaine, deux nouveaux partenaires, Osier design, un atelier de vannerie, et Sanga, un traiteur japonais, y ont fait leur entrée. « Encourager l’économie locale, c’est ce que l’on fait au quotidien dans notre restaurant donc c’était une évidence d’intégrer le réseau », assure Jean-François Grant, gérant du Court-Circuit. La boutique cafés a quant à elle rejoint l’association il y a deux semaines. « Le principe même de la Gabare nous a plu. En plus, cela nous permet de ne pas passer par la banque », constate Marc-Antoine Lenglart. Des professions libérales aux collectivités locales en passant par les artisans, les producteurs ou les commerçants, l’association a fait en sorte d’intégrer plusieurs corps de métier pour pouvoir toucher le plus de monde possible.

Jusqu’en décembre 2016, la Gabare n’a pas vraiment circulé. Et pour cause. Certains professionnels échangeaient leurs gabares en euros, ce qui n’est pas vraiment l’intérêt de cette monnaie locale censée créer une économie circulaire. Alors, « quand un prestataire échange ses gabares en euros, on retient 2%. Il faut encourager le réseau et faire circuler la monnaie », affirme Julien Gangneux. Petit à petit, grâce à l’arrivée de nouveaux partenaires, les billets circulent beaucoup mieux. « Je mets aussi des fournisseurs en contact. » Ainsi, La boutique cafés achètent des produits à la confiserie Hallard de Loches, qui peut à son tour acheter des produits à d’autres professionnels, le tout en gabares. « Cela nous permet de faire travailler les entreprises locales et en même temps de découvrir de nouveaux fournisseurs », affirme Marc-Antoine Lenglart. De son côté, Le Court-Circuit travaille avec une trentaine de fournisseurs et 30% d’entre eux acceptent la Gabare. « On encourage aussi nos producteurs à les prendre. Aujourd’hui, nous n’avons plus de soucis pour dépenser nos gabares contrairement au début où nous devions les échanger en euros », conclut Jean-François Grant.

Certains membres de l’association Les planches à gabare pensent cependant qu’il faudrait arrêter de faire entrer des professionnels dans le réseau car les bénévoles ne sont pas assez nombreux pour s’en occuper. Des prestataires pourtant précieux pour les « gabaristes ». Sinon, où vont-il dépenser leurs billets de 1, 4, 10 ou 25 gabares ? Julien Gangneux considère que le réseau n’est pas encore fini de monter et que la monnaie locale a encore de belles heures devant elle. Pour cela, il est nécessaire de trouver de nouveaux professionnels en Touraine, dans des villes où la Gabare n’a pas encore conquis la population.

Gabare 3La boutique cafés – juillet 2017 / Clémentine Lenglart et Julien Gangneux

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Pour y parvenir, « une reconstitution du groupe est primordial. Il faudrait aussi réussir à se faire connaître davantage. » Si au départ, une grande communication avait été mise en place, grâce à des stands à la guinguette de Tours, sur les marchés ou sur différents événements comme les festivals, elle a été rendue impossible par le peu de bénévoles. Par exemple, « à Terres du son cette année, la Gabare circulait mais nous n’avions pas de stand », regrette-t-il.

« La gabare va prendre une belle tournure »

Pour reprendre l’avenir de la monnaie tourangelle en main, l’association organise une première réunion ouverte ce jeudi au Court circuit. Au programme : bilan des actions passées et en cours, besoins de l’association, comment rendre les bénévoles actifs… Grâce à ce genre de manifestations, Julien est convaincu que « la Gabare va prendre une belle tournure. Le but est de lui donner de la grandeur. » Cela aidera également à une véritable émergence sur le territoire.

D’ailleurs, la gabare pourrait même s’exporter chez son voisin le Loir-et-Cher. « Plusieurs personnes sur Blois voudraient créer une monnaie locale mais ils ne sont pas assez. On est en pourparler, pour voir si on pourrait éventuellement développer la Gabare le long de la Loire. » Un partenariat qui apporterait un belle visibilité à la monnaie locale tourangelle, considérée comme celle qui s’est développée le plus rapidement en France.

Crédit photos : Émilie Mette

Un degré en plus :

Pour les particuliers, l’adhésion coûte 5 euros par an.
Des formulaires d’inscription sont disponibles dans les 8 comptoirs d’échange présents dans le département.
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