[HistLoire] Les Journées internationales du film de court-métrage de Tours

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HistLoire, c’est une chronique régulière sur 37° où nous vous proposerons un petit focus sur un pan d’histoire tourangelle. Ce mois-ci, replongeons nous dans l’histoire des « Journées internationales du film de court-métrage de Tours ».

Tours fut dans les années 1950 et 1960 un bastion du cinéma en France. Enfin pour être plus exact le bastion du court-métrage en France grâce à la naissance en 1955 des « Journées internationales du film de court-métrage de Tours ». L’évènement soutenu par la Municipalité, l’Association française pour la diffusion du cinéma et le Centre national de la cinématographie va rapidement devenir un festival majeur, attirant professionnels et journalistes du monde entier, à l’instar de ce que peut être aujourd’hui le Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand.

Une renommée dont témoigne la citation ci-dessous :

 » Un des plus importants festivals de films en France a été le festival de courts métrages et d’animation de Tours. Ses responsables étaient de vrais passionnés : Pierre Barbin, André Martin, Roger Leenhardt, son président… C’était un festival très suivi. Les Cahiers du cinéma couvraient l’événement, et c’est à Tours que nous avons découvert le premier film de Jacques Rozier, Blue jeans, l’un des premiers films de Jacques Demy, Le Bel Indifférent, et les courts métrages d’Agnès Varda. »

André S. Labarthe, La Saga « Cinéastes, de notre temps », éd. Capricci, 2011

C’est en effet à Tours que plusieurs jeunes réalisateurs, futurs grands du métier, furent révélés comme Roman Polanski, Grand Prix du festival pour son film « Les Mammifères » en 1962 ou encore Robert Enrico, couronné en 1961 avec sa « Rivière du hibou ». Ce dernier déclarera plus tard : « C’est Tours qui m’a donné ma chance. C’est à Tours que ma carrière a débuté ».

Ce festival se tenait au cinéma l’ABC, situé rue Emile Zola (détruit en 1996 pour faire place au bâtiment abritant Harmonie Mutualiste), puis au Rex (rue Nationale), tandis que les séances officielles et les remises de prix se tenaient elles au cinéma l’Olympia (actuel Théâtre Olympia). Des remises de prix au cours desquelles étaient remis des trophées créés par des artistes de renom : le vainqueur du Grand Prix recevait ainsi la statuette « La Tourangelle » conçue spécialement par Max Ernst, tandis que d’autres trophées du festival étaient des œuvres de César ou de Jean Arp.

0dff9a5dcddbfb9ec1237f2fd75b30c3Sculpture « La Tourangelle », de Max Ernst

Rapidement, ce festival devint ainsi le symbole de la vitalité artistique régnant à Tours. Lors de l’édition de 1959, Jean-Luc Godard, déclara dans les Cahiers du Cinéma : « Vous ne saurez jamais combien Paris, vu de Tours, est ennuyeux, vulgaire et triste ». Un festival qui sera également un succès populaire grandissant puisque des 4300 spectateurs réunis lors de la première édition en 1955, le festival passa à plus de 18 000 entrées en 1960.

img066Source :  Mémoire en images, Tours, Tome III, 1950-1980, Brigitte Lucas, A..Sutton

Mais à la fin des années 1960, le maire Jean Royer, fidèle sa réputation de « père la pudeur », s’opposa de plus en plus à la projection de certains films allant selon lui à l’encontre des bonnes mœurs. En 1969, face à l’instauration d’une censure municipale devenue impensable dans cette société post-68, les organisateurs décidèrent de supprimer le festival. Ce dernier sera délocalisé à Grenoble pour quelques années sans jamais retrouver sa grandeur. Face à l’espace libre laissé, le festival de Clermont-Ferrand créé en 1982, prendra le relais et deviendra le rendez-vous international du court-métrage en France.

Vidéo de l’INA sur l’édition de 1960 :

Un degré en plus :

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