Jeudi 30 mai, la fac des Deux-Lions accueillait une dizaine de classes de Seconde du lycée Choiseul à l’occasion d’un concours de prises de parole chapeauté par l’association Tours Eloquence. 37 degrés faisait partie du jury. On vous raconte.
L’amphi de la fac de droit est bondé et les applaudissements qui précèdent chaque passage font beaucoup de bruit. Il est pratiquement 14h. Lilou et Naomi s’apprêtent à déclamer leur texte devant l’assistance. Elèves en Seconde au lycée Choiseul de Tours-Nord, elles ont choisi de parler de la liberté d’expression. Elles ont théoriquement 8 minutes. Si elles font trop court ou trop long, elles seront pénalisées. Telles sont les règles du concours d’éloquence accueilli ce jour-là par l’Université de Tours.
Imaginé par un professeur de Choiseul, le challenge se déroule pour la deuxième fois. Il vise à tester l’aisance orale des élèves de Seconde sur un thème aussi vaste que touchy : les libertés. 10 groupes de 2 ou 3 jeunes ont été retenus pour la finale : une différence par rapport à la précédente édition ou des ados avaient concouru seuls. Composé d’un avocat, du proviseur du lycée, de la gagnante 2023, d’une prof d’anglais, d’un journaliste et de la présidente de l’association Tours Eloquence, le jury ne connait pas les thèmes à l’avance, seulement les prénoms des candidates et des candidats (en majorité des filles).
Les différents passages s’égrènent sur plus de 2h. Il faut noter l’aisance orale, la qualité de la langue, la posture, l’originalité du sujet choisi, la précision de l’argumentaire, la capacité à convaincre… Une dizaine de critères qui formeront une note sur 20.
Après la liberté d’expression, on part à Madagascar pour évoquer les restrictions à l’avortement sur la grande île de l’océan Indien. On nous parle aussi de l’uniforme à l’école (pour dénoncer le projet gouvernemental), de la fin de vie, du handicap en Corée du Sud, du consentement, des droits des personnes LGBT ou encore des hommes victimes de violences conjugales : très minoritaires, mais qu’il ne faut pas négliger pour autant.
Quand on juge, ne pas oublier que ces jeunes là ont entre 15 et 16 ans. Et se produisent devant 300 personnes avec tout le trac que ça suppose. Leur voix doit porter car il n’y a pas de micro. Il faut s’affirmer, parfois dépasser ses difficultés d’élocution, assurer la cohésion de groupe. Forcément courageux mais on doit forcément s’attarder sur les défauts. Des argumentaires parfois trop simplistes, des conclusions à l’emporte-pièce, des discours qui ressemblent plus à des exposés qu’à des argumentaires, des liaisons dangereuses qui font tiquer les oreilles.
A la fin, on retient que certains groupes ont su se lancer sur des thèmes inattendus (les violences conjugales subies par les hommes ou le handicap en Corée du Sud), quand d’autres ont su intégrer les derniers éléments d’actualité dans leur texte (la loi sur la fin de vie). On a eu quelques révélations comme cette élève qui témoigne de sa douloureuse expérience avec l’uniforme à Mayotte pour appuyer sa démonstration contre la mesure que l’Etat cherche à relancer.
Le dispositif intéresse puisque cette édition 2024 a rassemblé 8 classes contre 2 l’année précédente. C’est aussi une vitrine pour Tours Eloquence, association étudiante aux 80 adhérents qui s’ouvre au-delà du cercle de l’Université. Tout le monde peut venir à ses ateliers pour perfectionner son usage de la langue, sa capacité d’argumentation ou à prendre la parole en public. Présidée par Agathe Fontaine, elle organise également des reconstitutions de procès. Un prochain rendez-vous est programmé avant la fin de l’année, sûrement cet automne. Là-encore, c’est ouvert au grand public.