Cela reste très clairement le plus grand rendez-vous commercial de la région Centre-Val de Loire. Néanmoins, ces dernières années, la Foire de Tours semble progressivement se transformer pour devenir davantage un rendez-vous hybride où les loisirs jouent un rôle de plus en plus important. Analyse.
Bien sûr il y a toujours les stands de barbecues, les spas, les canapés, des voitures, des véhicules utilitaires ou des matériaux de construction. Chaque année, pendant une dizaine de jours, la Foire de Tours rassemble les professionnels du Centre-Val de Loire ou d’autres régions pour créer le plus grand showroom du territoire. On y vient pour découvrir les nouveautés ou profiter de prix attractifs. C’est un moment important pour le business, notamment pour le secteur du bâtiment, du jardinage ou de l’artisanat. Beaucoup de rencontres y sont également organisées, notamment grâce à l’esprit convivial du village gastronomique.
Cependant, il faut bien reconnaître que la physionomie de la Foire de Tours a changé. Il n’y a pas si longtemps, les trois halls du Parc des Expositions étaient entièrement remplis par des stands. Aujourd’hui, l’un d’eux est essentiellement dédié aux pratiques sportives et à l’accueil d’une exposition temporaire. Précédemment présentée sur les espaces extérieurs, celle-ci a donc déménagé, ce qui a aussi permis d’agrandir sa surface (et d’améliorer sa qualité, notamment pour cette édition 2025 autour du Brésil).
Orchestré par Tours Evénements, ce réaménagement est lié à la baisse sensible du nombre d’exposants à la Foire de Tours. Avant le Covid, les organisateurs affichaient environ 700 entreprises participantes. On est aujourd’hui autour de 500, soit une baisse d’environ 30%. Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer comme les difficultés économiques des professionnels qui n’ont pas forcément le budget ou les ressources humaines pour gérer un stand en passant par l’évolution des modes de consommation (essor d’Internet et périodes de promotions multiples tout au long de l’année, réduisant l’attrait pour ce type de manifestation).
Cette baisse sensible du nombre d’exposants ne semble pas être une fatalité pour la Foire de Tours. En attestent ses chiffres de fréquentation avec 373 000 entrées affichées pour l’année 2024, et plus de 200 000 pour la première semaine en 2025. Par ailleurs, des entreprises renommées continuent de faire confiance à l’événement, y compris des sociétés que l’on pourrait imaginer centrées sur des modes de promotion plus modernes. Ainsi, le constructeur automobile chinois BYD expose à la Foire de Tours cette année et Tupperware y fait son retour (un sacré symbole quand on sait que la marque a quitté la Touraine avec pertes et fracas en y fermant son usine et en supprimant plus de 200 postes).
En fait, les organisateurs ont su réagir rapidement voire anticiper ce changement de modèle. Après un tâtonnement logique pendant la crise Covid, un axe clair a été donné sur l’implantation d’espaces dédié aux loisirs et à l’accueil du grand public. La Foire de Tours reste un espace commercial mais en parallèle on y vient de plus en plus pour s’amuser ou découvrir de nouvelles choses. Un procédé d’ailleurs imité par Orléans cette année, après l’énorme bide de son édition 2024 (forte baisse de fréquentation et grosses critiques). La création d’un espace d’animation autour du Japon et l’ouverture en nocturne pour profiter d’un village gourmand ont reboosté l’ensemble.
Désormais à Tours, le hall A est donc centré sur la découverte des sports, avec la reconduction du grand espace créé en 2024 lors du thème JO. Le partenariat avec le comité olympique et sportif d’Indre-et-Loire a porté ses fruits. Juste à côté, l’expo immersive sur le Brésil a su séduire avec des atouts comme des costumes originaux du carnaval de Rio ou un simulateur de surf qui n’a pas désempli. Des activités qui augmentent également le temps passé sur place, ce qui ne peut être que bon pour le business (on a soif, on a faim, on veut en découvrir plus).
D’ailleurs, même dans le Grand Hall on constate une évolution. Plus de stands dédiés au shopping avec des vêtements, des bijoux, de l’artisanat… Ou là encore des activités avec un plateau télé et radio via la présence de nos confrères Ici Touraine et Val de Loire TV. Et sans compter les organisations qui ne viennent pas juste avec leurs éléments publicitaires mais font en sorte de retenir le public (le bassin à poissons de la Fédération de Pêche d’Indre-et-Loire et son gros silure en sont un bon exemple).
Alors que certains se lamentent de la baisse d’activité commerciale, et rejettent la faute sur des facteurs extérieurs ou politiques, la Foire de Tours donne l’impression d’avoir pris conscience de l’enjeu et d’avoir réussi sa remise en question. Bien sûr, il lui reste encore des défis à relever comme la gestion des fortes foules ou celui de la sécurité, remis en avant cette année après une bagarre et une agression au couteau lundi 5 et mardi 6 mai.
On pense aussi à la façon d’intégrer encore mieux les innovations de notre temps, ce que réussit à merveille la Foire de Paris (qui se déroule d’ailleurs aux mêmes dates cette année). Evidemment, l’événement de la capitale joue sur la présence du Concours Lépine que l’on n’a pas en Touraine mais peut-être qu’il existe des mécanismes qui pourraient séduire des entreprises créatives ? Tours Evénements a déjà créé un partenariat séduisant avec l’entreprise RCP autour du design et de l’upcycling, sujet très actuel. Maintenant, pourquoi ne pas aller plus loin pour apporter un vrai vent de nouveauté au public tourangeau dans la partie strictement commerciale ?