Don de gamètes au CHU de Tours : « Adèle est née le 16 août et tout va bien »

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Dans le 5e numéro du magazine papier de 37 degrés, nous vous racontions l’année 2020 particulière de deux couples devenus parents en période de pandémie. C’est aussi en 2020 que Fanny a donné naissance à son deuxième enfant après un parcours du combattant. Ménopausée au début de sa trentaine, l’Angevine a fait appel au CHU de Tours pour bénéficier d’un don d’ovocytes. Elle nous raconte son histoire.

Fanny a 36 ans, elle a rencontré son mari il y a 11 ans et leur fils Gaël a récemment fêté ses 7 ans. « Quand j’ai eu 33 ans, on s’est dit qu’on voulait un deuxième enfant mais ça n’arrivait pas. J’ai fait des analyses complémentaires auprès de ma gynécologue et j’ai appris que je faisais partie d’un petit groupe de femmes qui avaient une réserve ovarienne plus basse que la moyenne. » Quand elle découvre ça, qu’elle est ménopausée bien plus tôt que la plupart des autres femmes, cette mère de famille qui travaille dans le secteur de l’automobile vit « un coup dur ». Elle pense d’abord à la fécondation in vitro mais « vu mon cas médical ça ne servait à rien. Quand les ovaires ne produisent plus on ne peut rien faire. On peut améliorer la qualité mais pas créer la quantité. A ce moment-là, j’étais un peu désespérée… La première année j’ai eu du mal à accepter la situation. Heureusement mon mari m’a beaucoup épaulée. »

Reste deux options au couple : adopter ou bénéficier d’un don d’ovocytes. « Le don ce n’est pas que je ne voulais pas mais on ne m’en avait jamais parlé avant alors il a fallu que ça chemine dans ma tête. J’en ai parlé à deux amies sociologue et infirmière : elles étaient beaucoup plus au courant que moi et elles ont tout de suite dit qu’elles allaient faire un don pour aider mon dossier à remonter dans la pile. »

Un besoin de dons conséquent

Pour bien comprendre, il faut expliquer que les dons d’ovocytes ou de spermatozoïdes sont beaucoup moins nombreux que les demandes. A la différence d’un don du sang qui prend une heure, la démarche est contraignante, en particulier pour les femmes car cela nécessite plusieurs rendez-vous médicaux et un traitement de stimulation ovarienne. Ainsi, dans notre région, seuls 14 hommes ont fait un don de spermatozoïdes dans l’année 2018 et 41 femmes ont accepté de donner des ovocytes. Dans le même temps, 136 couples attendaient un don d’ovocytes en Centre-Val de Loire lors du dernier bilan connu (les chiffres sont publiés avec un certain délai prenant en compte le temps de grossesse).

Faute de service dédié à Angers, Fanny se fait suivre au CHU de Tours qui recueille des dons et pratique les inséminations artificielles. On ne lui cache pas les difficultés : « On m’a dit qu’il fallait en moyenne 4 ans d’attente. » Ou alors aller à l’étranger et payer, car – contrairement à la France – certains pays rémunèrent les femmes pour leurs dons ce qui augmente le nombre de volontaires. La trentenaire choisit d’attendre, poussée par ses proches qui acceptent de s’engager dans le parcours de don : deux amies, donc, mais aussi une collègue « carriériste » qui souhaitait congeler ses ovocytes afin de préparer l’avenir et, dans le même temps, en profiter pour faire un don.

Un processus qui nécessite un accompagnement psychologique

« Elles étaient très motivées et autonomes, elles ne m’ont pas fait porter le poids de ce que ça impliquait pour elles. Je me laissais porter » raconte Fanny qui dit d’elles que ce sont ses « trois bonnes fées ». Au bout de quelques mois seulement, la situation se débloque : elle peut bénéficier d’un don. Evidemment anonyme. Les gestes de ses proches ont seulement permis de répondre à une demande et réduire les délais, elle ne bénéficie pas directement de leur générosité. Une étape est franchie mais ce n’est pas encore la fin. Ainsi, il faut parfois plusieurs essais avant qu’un embryon se développe (on en profite pour préciser que donneuses et receveuses bénéficient d’un suivi psychologique durant ce processus). Finalement, ça arrive : Fanny va être maman pour la deuxième fois…

« Quand je suis tombée enceinte je n’y croyais plus. Je sortais d’un séminaire, j’avais fait la fête… Et trois jours après j’ai appris que j’attendais un bébé. »

Adèle est née le 16 août 2020, « et tout va bien ». Cela dit, Fanny est passée par des phases difficiles : « Au début ça m’a fait bizarre. J’ai eu un vent de panique : est-ce que ma fille va me rejeter ? Comment lui dire ? » Elle en discute avec la psychologue, avec son mari, et aujourd’hui tout est clair : « Pour nous pas question que ce soit tabou et qu’on lui cache. »

« Nous vivons pleinement notre bonheur à quatre »

Pas de tabou non plus avec Gaël : « On a également commencé à lui expliquer parce que 7 ans c’est l’âge de raison. Il se demande comment on fait les bébés mais il ne comprend pas trop pour l’instant. Ça viendra quand ça viendra. » Elle se souvient d’une anecdote : « Quand je faisais mon traitement, un de ses copains est venu à la maison. L’infirmière était là et il a demandé à Gaël si j’étais malade. Mon fils a répondu que non, que sa maman et son papa essayaient d’avoir un bébé et que pour ça il fallait faire des piqûres. »

Fanny n’exclut pas totalement d’avoir un troisième enfant, elle a encore quatre embryons en vitrification si nécessaire, mais elle n’a pas pris sa décision : « C’est beaucoup de traitements, il ne faudrait pas que je mette ma santé en danger. » Une fois qu’elle aura choisi, elle devra potentiellement déterminer si elle donne les embryons restants à un couple qui a besoin d’un don simultané d’ovocytes et de spermatozoïdes ou si elle souhaite qu’ils soient détruits. Mais il est bien trop tôt pour se poser ces questions… « Aujourd’hui l’attachement est fait, nous vivons pleinement notre bonheur à quatre » résume la jeune femme. Et là, pour elle, c’est tout ce qui compte.


Un degré en plus :

On peut donner ses gamètes jusqu’à 37 ans si l’on est une femme et 45 ans pour les hommes. Plus d’infos sur www.dondovocytes.fr, www.dondesspermatozoides.fr ou en contactant le CHU de Tours. A noter également la conférence « Notre fertilité est-elle menacée ? », jeudi 21 janvier dans le cadre des Jeudis de la Santé de Tours. Ce sera en direct à 18h30 sur la chaîne YouTube de la ville.

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