De La fabrique à jus aux puzzles, une vie d’entrepreneurs aux multiples facettes

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Laurène et Julien Brazilier ont ouvert La fabrique à jus en 2016, dans le centre-ville de Tours. Depuis, ils ne cessent de monter de nouveaux projets. Après la création d’une marque de barrettes et de bijoux, puis l’ouverture d’une boutique de décoration, la Tourangelle lance une collection de puzzles. Mais si les idées ne manquent pas, les deux entrepreneurs doivent faire face à quelques difficultés.  

Depuis le début du mois de décembre 2023, les puzzles CG home ont pris place sur les étagères des Trouvailles V/O, rue du Commerce, à Tours. Ces puzzles ont été imaginés par la gérante du magasin, Laurène Brazilier. « À la boutique, dès que j’en ai, ils partent. C’est un produit positif, sympa à faire seul ou en famille », justifie-t-elle. Avec les fêtes de fin d’année en ligne de mire, le moment semble idéal pour se lancer. La Tourangelle a créé deux collections de puzzles 1 000 pièces. Celle de Noël compte trois modèles : un casse-noisette, un village de Noël et une tasse de chocolat chaud. L’autre, nommée City, est tournée autour du voyage et comprend deux modèles : l’arabian night et l’arabian sunset.

Ce projet est loin d’être le premier pour Laurène. L’aventure de l’entrepreneuriat commence en 2016 lorsque son ex-mari, Julien, et elle décident d’ouvrir leur premier commerce tourangeau, La fabrique à jus. « Nous dirigions des salles de sport ensemble. Nous nous disions que l’on gérait déjà une entreprise mais que ce n’était pas la nôtre. Nous voulions donc monter notre propre société mais nous ne savions pas vraiment dans quel domaine », raconte-t-elle. Ils font alors quelques recherches et tentent de déterminer les domaines d’activité qui fonctionnent le mieux à cette époque.

Ils se rendent notamment à Lyon afin de rencontrer le gérant d’une franchise de bagels mais cela ne leur correspond pas. Dans le même temps, ils découvrent Joe & The Juice, une chaîne de bars à jus danoise. « Nous avons eu un véritable coup de cœur pour ce concept. Nous aimions l’idée de pouvoir mettre des fruits et des légumes en vitrine et nous trouvions ça cool de moderniser les jus. Nous aimions le style new-yorkais et industriel, nous sommes donc partis sur un bar à jus, où nous pourrions servir des boissons qualitatives, explique Laurène. Puis nous avons étoffé notre carte avec des boissons chaudes et des soupes pour l’hiver car la saisonnalité est importante. Les gens boivent moins de jus à cette période. » Les commerçants choisissent par ailleurs de proposer un petit service de restauration, composé de quelques plats et desserts faits maison.

Laurène Brazilier dans sa boutique, Les trouvailles V/O, située rue du Commerce, à Tours.

Repartir à zéro, dans un nouveau domaine

Le succès est immédiat et, après avoir imaginé un projet de cure de jus finalement avorté, Laurène et Julien Brazilier créent leur marque d’accessoires, Ça gaze home (CG home,) en 2020. « Covid, confinement, couture », résume la Tourangelle. Pendant le confinement, elle commence à fabriquer des barrettes en tissu. Elle n’a pourtant jamais touché une machine à coudre mais apprend sur le tas, en regardent des vidéos sur YouTube. « C’est sympa de partir d’un produit brut pour en faire un objet. J’ai adoré choisir les tissus, jouer avec les matières… », se souvient-elle. Elle crée alors des barrettes pour les petites filles mais aussi des chouchous ou des lingettes réutilisables, qu’elle vend sur son site. Celle qui se considère plus comme commerçante que cheffe d’entreprise apprécie l’idée de repartir à zéro, dans un nouveau domaine. « En tant que maman, j’adorais ce type de produits. J’aimais aussi l’idée qu’il y ait tout à refaire, l’idée de créer un univers qui me correspondait. Il y avait aussi ce challenge de monter un nouveau site. »

Petit à petit, la trentenaire s’éloigne de La fabrique à jus et se consacre à sa nouvelle activité. Son commerce évolue et les barrettes en tissu se transforment en barrettes en résine. En plus des pinces pour les cheveux, elle fabrique désormais des bijoux afin d’élargir sa gamme de produits. Elle conçoit tous ses accessoires grâce à des moules spéciaux dans son atelier, installé dans un coin de la boutique Les trouvailles V/O depuis septembre. Un avantage selon elle. « J’aime bien avoir un point de fabrication physique, qui peut être vu. Cela crée du lien et fait le lien entre nos différents projets. Les gens ont par exemple pris le réflexe de venir ici lorsqu’ils ne trouvent pas un modèle sur le site. Lorsque nous échangeons, ils me donnent aussi parfois des idées. C’est hyper enrichissant », indique-t-elle. Laurène regrette cependant de manquer de temps, ce qui l’empêche d’être plus présente sur les réseaux sociaux, où elle aimerait notamment montrer ses techniques de travail, comme le démoulage des barrettes.

Laurène Brazilier vend une partie de ses créations aux Trouvailles V/O.
Laurène Brazilier fabriquent également des boucles d’oreilles en résine.

Après les jus et les accessoires, place à la décoration

Laurène et Julien n’avaient pourtant pas prévu d’installer Les trouvailles V/O dans une boutique du centre-ville de Tours. Au départ, ce ne devait être qu’un site internet. « Nous sommes tous les deux passionnés de décoration. Tous les ans, nous allions au salon Maison & objet, à Paris, juste pour le plaisir. Puis nous avons eu envie de faire quelque chose dans ce domaine », se souvient-elle. Ils lancent le site il y a deux ans et demi, au début de l’année 2021. C’est alors qu’une opportunité s’offre à eux : le cordonnier situé juste à côté de La fabrique à jus décide de vendre son local. « Nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas manquer l’occasion. » Car la maman de deux enfants l’assure, avoir un magasin physique reste important. « C’est difficile de lancer un site face à des géants comme Maison du monde, Zara home ou H&M home. » La boutique de la rue du Commerce ouvre finalement quelques mois plus tard, en juillet 2021. Pour choisir ce qu’elle va proposer, Laurène fonctionne « aux coups de cœur, aux rencontres et aux découvertes sur les réseaux sociaux ». Dans le magasin, les clients trouvent des bijoux, des bougies, du textile, des accessoires, des puzzles ou des objets de décoration. Beaucoup de créateurs sont Français mais elle ne s’interdit pas de vendre des fabrications de petits artisans étrangers.

Alors qu’elle vient tout juste de sortir sa collection de puzzles, Laurène a déjà de nombreuses idées pour la suite. Mais la vie d’entrepreneur n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Ainsi, elle annonce avoir mis le local des Trouvailles V/O en vente. « Les gens ne viennent plus en ville. Et ce n’est pas fini, ce n’est que le début, lâche-t-elle. L’année dernière c’était déjà compliqué mais là, depuis septembre, il n’y a plus d’entrée d’argent. Je suis à -60 % comparé à l’année dernière. » Selon elle, plusieurs facteurs peuvent expliquer ces baisses de fréquentation dans les petites boutiques du centre-ville : les travaux récurrents qui rendent la circulation difficile, les problèmes de stationnement, les soldes et autres périodes de promotion à répétition qui font du tort aux petits commerçants qui ne peuvent pas s’aligner… « La fermeture du pont Wilson nous a fait du mal aussi. C’est un cumul de tout ça. Nous avons l’impression de trinquer à chaque fois, c’est fatigant », souffle-t-elle.

La force d’être deux

Elle reconnaît qu’avoir monté tous ces projets à deux, avec Julien, est une véritable force. Déjà parce qu’ils se complètent. Laurène se charge du côté créatif, de la gestion du site et des réseaux sociaux. Julien, lui, s’occupe notamment de la recherche de fournisseurs et de la négociation avec eux. Mais aussi car, « quand l’un commence à fatiguer, l’autre est toujours là pour l’aider à se relever. Nous sommes complémentaires de dingue dans l’entreprenariat ».

Malgré les moments difficiles, l’entrepreneuse ne semble regretter aucune décision et paraît déterminée à continuer dans cette voie. « J’ai l’impression de ne jamais choisir la facilité mais j’aurais du mal à faire un travail où j’arrive à 9 h au bureau et je repars à 18 h. Je me sentirais frustrée de ne pas pouvoir bouger, de ne pas pouvoir développer toutes mes idées car je suis sous l’autorité d’une autre personne », déclare-t-elle. Car développer ses idées et les transformer en quelque chose de concret, c’est justement ce que Laurène apprécie le plus. « Ce que j’aime dans l’entrepreneuriat, c’est que la seule limite est notre imagination. Je n’ai pas un savoir-faire particulier, je peux donc essayer plein de choses. Je n’ai pas de passion, ma passion c’est mon travail. J’ai toujours envie de créer de nouveaux projets. Peut-être qu’un jour je serai fatiguée, qui sait ! Mais, pour le moment, j’adore découvrir de nouvelles choses, acquérir de nouvelles compétences. Je m’ennuie rapidement donc j’aime découvrir et apprendre encore et encore. »

Avec l’expérience, Laurène et Julien ont cependant appris à ne pas s’emballer trop vite. « Nous préférons commencer petit, comme avec les puzzles », affirme-t-elle. Chaque modèle est ainsi tiré à 500 exemplaires et vendus chez une vingtaine de distributeurs. Et si elle imagine déjà décliner les images choisies pour ses puzzles dans une gamme de papeterie (affiches, carnets…), la trentenaire sait que cette idée pourrait mettre du temps à se réaliser. Mais elle n’a, en tout cas, aucune envie de s’arrêter là.

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