Dans les coulisses d’un parking souterrain à Tours

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Depuis début 2018 Tours a modifié sa politique en matière de stationnement : le prix des places dans les rues du centre-ville a augmenté de 20 centimes par heure, la pénalité est passée de 17 à 25€ en cas de non respect des règles et ce ne sont plus des agents de la ville mais les équipes d’une entreprise privée qui sont chargés des contrôles (on vous explique tout dans cet article sur Info Tours).

L’objectif de cette série de mesures est clair et assumé : convaincre les conducteurs qu’il faut payer (seuls 30% le font) et diriger ceux qui veulent rester garés longtemps vers les parkings souterrains. La ville en compte plusieurs : Place Anatole France, à la gare, près de la Rue Nationale ou aux Halles… Et puis il y a celui de la Place Jean Jaurès. Son directeur nous a ouvert ses portes…

Quoi de plus commun qu’un parking souterrain ? Ils font tellement partie de notre quotidien qu’on ne leur porte pas un grand intérêt et on y va rarement de gaieté de cœur. Au mieux ils rendent service après avoir fait 3 fois le tour du quartier pour trouver une place, au pire ils nous agacent parce qu’ils sont (plusieurs choix possibles) :

A Complets
B Chers
C Sombres
D La réponse D

Nicolas Signoret a bien conscience de cette image pas toujours flatteuse mais le directeur du parking Palais-Jaurès situé sous la galerie commerciale de la Place Jean Jau aimerait un peu plus de considération pour cet outil. Son ambition : fidéliser une clientèle de centre-ville tentée de migrer vers les zones commerciales de la périphérie avec ses sacro-saints parkings gratuits. Il ne le dit évidemment pas comme ça mais la réforme mise en place par la mairie de Tours est plutôt un bon signe pour son business : à 1€50 de l’heure, il est 40 centimes moins cher que les places proposées dans les rues des alentours. Et à 5€80 la journée, il est deux fois moins cher que ses concurrents d’Indigo qui gèrent les parkings de la gare ou des Halles, 30% moins cher que le parking Gambetta.

350 places occupées en moyenne

Ouvert en novembre 1989, le parking Palais-Jaurès dispose de 400 places sur deux niveaux, dont 9 accessibles aux personnes à mobilité réduite + un espace gardé pour les vélos (il parait même que certains habitués se garent sous terre et se déplacent ensuite à vélo dans le centre). Propriété de la société européenne Interparking (qui administre une soixantaine d’ouvrages en France dont une vingtaine à Paris), son but initial était d’offrir de quoi se garer aux clients de la galerie située au-dessus… 28 ans après, et vu le nombre d’emplacements vides au rez-de-chaussée, « c’est plutôt le parking qui amène du monde aux commerçants » note Nicolas Signoret. Paradoxal…

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Même si ce n’est pas forcément le plus connu des parkings souterrains de la ville, le parc de stationnement de Jean Jaurès tourne bien : 350 places utilisées en moyenne, plus de 300 abonnés (à 70€ par mois) et 450 à 500 véhicules qui entrent et sortent chaque jour selon les chiffres communiqués par l’entreprise. « C’est un parking basique, il peut en exister de plus beaux, mais notre priorité c’est d’accueillir et d’aiguiller le plus possible les clients » note son directeur, dans la boîte depuis quasiment 3 ans et qui s’occupe en plus d’un autre ouvrage à Bourges, dans le Cher.

« Souvent, l’objectif des parkings souterrains c’est qu’il y ait un maximum de passage parce que c’est plus intéressant financièrement. Nous ce n’est pas ce que l’on cherche » poursuit Nicolas Signoret sans pour autant dévoiler le chiffre d’affaire du parking (qui atteint, selon nos estimations, plusieurs centaines de milliers d’euros). Sa politique c’est plutôt de « privilégier un tarif attractif surtout si l’on reste longtemps ». Résultat : en moyenne, un véhicule passe 6h sur sa place.

Des petits services de mécanique et des prises pour véhicules électriques

Au quotidien, 3 salariés font tourner la boutique de 7h à 21h, dont un qui est là depuis le 1er jour à la fin des années 80. Leur rôle : entretenir les locaux, faire de petites réparations sur le matériel et renseigner la clientèle (Interparking ne fait pas appel à des sociétés extérieures). Ponctuellement, il arrive aussi à ces trois hommes de rendre quelques services : « on aide à changer une roue, à faire une manœuvre, à relancer une batterie… On renseigne aussi souvent les gens sur les commerces du quartier et on les aide à s’orienter dans la ville. Parfois, comme ce matin, cela peut même aller jusqu’à les accompagner chez SOS Médecins (situé juste à côté, ndlr). » Et quand il n’y a personne, une assistance téléphonique est ouverte pour traiter les urgences. Dernier point logistique : 8 caméras sont disposées dans les allées pour les surveiller : « on est en mesure de fournir les images à la police si on nous les demande mais cela arrive rarement » assure le directeur.

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Par ailleurs, même si on ne parle « que » d’un parking, l’entreprise se doit d’innover et d’être dans l’air du temps. Ainsi, 4 places de parking sont dédiées aux véhicules électriques qui peuvent venir recharger leurs batteries gratuitement : « certains habitués ont déjà trouvé le filon » note Nicolas Signoret qui estime ce service essentiel et envisage la possibilité de le déployer à une plus grande échelle : « il faut travailler dans ce sens d’autant qu’avec la hausse des ventes des véhicules électriques on n’aura pas le choix. »

L’espoir d’une nouvelle signalétique en ville

En matière de développement durable, Interparking assure d’ailleurs faire sa part du travail en menant des programmes d’investissements qui visent à réduire sa consommation énergétique. Cette année, plusieurs milliers d’euros vont donc être employés pour rénover tout l’éclairage du parking Jaurès, soit plusieurs centaines de néons à remplacer par des leds. Il y a quelques mois, c’est la signalétique et le matériel de péage qui ont également été remis au goût du jour.

Autre chantier : l’information des automobilistes en ville. Sur ce point, Tours a du chemin à faire… Les parkings sont indiqués à plusieurs endroits, mais pas le nombre de places disponibles en temps réel. On peut tout de même avoir l’info en arrivant sur place. Exemple à Jean Jaurès : 154/400 ce mercredi après-midi. L’objectif de Nicolas Signoret ce serait que l’information soit répercutée aux entrées de la ville ou dans des lieux stratégiques « comme ça se fait à Bourges ». Pour cela, des discussions ont été entamées avec la mairie. Reste à les concrétiser, et notamment à convaincre les autres sociétés gestionnaires de parkings de participer au projet. Autant dire que cela va encore prendre un petit moment…

En attendant, le directeur du parking Jaurès pose ses pions pour conserver une bonne part de marché :

« on essaie de s’intégrer avec la ville de Tours lors de différentes manifestations comme la braderie ou Vitiloire. Pour le marché de Noël, on a par exemple proposé un tarif préférentiel aux commerçants avec la possibilité de se garer 24h/24. Depuis cette année et la réforme du stationnement, on propose un abonnement à 59€ par mois pour les commerçants du lundi au dimanche de 7h30 à 20h30. Ils peuvent aussi proposer des Chèques Parking à leurs clients pour leur offrir le stationnement en fonction du montant de leurs achats comme le fait l’association des commerçants (l’UCAT), le magasin de jouets, le supermarché ou le laboratoire d’analyses médicales. »

Depuis quelques mois, il est aussi possible de payer directement avec son badge Liber-T (le même que pour les péages d’autoroute). Prochaine étape : remettre un coup de jeune dans les locaux… Un investissement nécessaire mais néanmoins lourd à financer, selon la société.

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