Dans les coulisses du lycée viticole d’Amboise

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Samedi 23 et dimanche 24 mars, le lycée viticole d’Amboise organise les Vinycées, son salon du vin proposant uniquement des bouteilles issues d’établissements de formation des différentes régions viticoles françaises. L’occasion de découvrir les lieux…

Apprendre un métier au contact du réel. C’est le procédé qui a fait ses preuves pour l’apprentissage dans la restauration, l’esthétique ou la mécanique. La Touraine compte ainsi des milliers de jeunes dans différentes structures. Le procédé est assez semblable pour la découverte du monde agricole. On avait déjà pris le temps de découvrir l’envers du décor du lycée agricole de Fondettes. Dans le même esprit, nous voici maintenant au lycée viticole d’Amboise, situé un peu à l’écart de la ville et dont le bâtiment principal est une bâtisse en pierre non classée mais à l’élégance certaine.

En Amboisie, la tradition de la formation viticole remonte aux années 70. Ainsi, les plus vieilles vignes appartenant au lycée datent de 1976. Elles produisent toujours et l’établissement en prend grand soin, comme un trésor pour les jeunes qui pourraient être amenées à côtoyer le même type de plants dans leur future carrière.

Au total, le domaine de la Gabillière s’étend sur 20ha de terre calcaire, argileuse ou sableuse selon les parcelles qui se trouvent en appellation Touraine, Touraine Amboise ou Crémant de Loire. Le résultat c’est que l’entité produit du rouge, du blanc, du rosé et des vins effervescents à partir de chenin ou de côt. Bref, toute la palette de ce qu’on trouve en Touraine, via des cépages emblématiques du coin. « On a une terre amoureuse qui a vu le jour grâce aux sédiments marins » rappelle le directeur d’exploitation Mickaël Bouquin.

La moitié de l’espace est exploitée en bio, la première cuvée du genre ayant été réalisée en 2020. Le lycée suit donc la tendance générale du Val de Loire qui est à la production de vins plus respectueux de l’environnement tout en conservant les méthodes dites plus traditionnelles, pour assurer une palette de formation complète, à l’écoute des évolutions du métier. « On replante souvent, on essaie de renouveler le vignoble pour augmenter la productivité » souligne le responsable d’établissement qui déplore de ne pouvoir s’équiper contre le gel, en raison de la proximité des vignes avec les habitations. Du coup on a plus qu’ailleurs une production soumise aux aléas : elle avoisine en moyenne les 1 000 hectolitres, dont 450 qui finissent en bouteille (soit environ 60 000 quilles). Le reste part à des négociants.

Les millésimes estampillés du Domaine de la Gabillière sont ensuite vendus à Amboise, à Tours mais aussi à l’export en Allemagne… ou en Asie depuis 3 ans (Hong Kong notamment). « Ça s’est fait par contact, grâce au bouche-à-oreille » éclaire Mickaël Bouquin. Signe d’une certaine renommée, les crémants ont aussi été proposés à l’apéritif et au dessert lors du dîner de gala du Michelin organisé dimanche 17 mars à Chambord, à la veille de la remise des étoiles 2024 du célèbre guide gastronomique. Des vins qui répondent aux tendances de consommation à savoir 80% de cuvées « plaisir » (à boire rapidement) et 20% de vins de garde (la cuvée Authenti’côt est un must).

Autant un lieu de formation qu’une entité économique, le lycée viticole d’Amboise se doit également de suivre les mutations du secteur et se diversifie. Il réfléchit à produire des vins sans alcool, dispose d’un rucher ou a mis en place des vergers fruitiers. De quoi palier par exemple à une vigne ravagée par les éléments. « On ne doit pas être insensible à tout ça sinon on existera plus. Demain on ne fera pas un métier mais plusieurs » pointe Mickaël Bouquin (de plus en plus de viticulteurs font la même chose, produisant de la bière et du vin, ouvrant un bar à vin sur leur exploitation ou d’autres activités touristiques).

A cela s’ajoute une réflexion sur les nouveaux usages environnementaux. Une large part des vendanges est faite en mécanique mais le Domaine de la Gabillière travaille également avec des chevaux et mettra en place un pâturage de moutons fin 2024 afin d’entretenir son sol grâce aux bénéfices reconnus des animaux. Une formation qui reste par ailleurs humble : « On n’est pas là pour leur donner des recettes mais pour passer un témoin. Dans la vigne on apprend toute sa vie, on essaye une fois par an » insiste le responsable d’établissement.

Couplé avec le lycée agricole de Chambray depuis 2019 sous l’étiquette Educavert, le lycée viticole rassemble au total 300 élèves, dont 120 sur le site amboisien (Chambray c’est plutôt la partie commerciale). Il y a donc des ados en cursus normal de lycée, qui passent du temps dans les vignes ou au chai en plus des cours de français, maths ou histoire. Mais aussi les sections BTS ou les reconversions qui représentent près de 30% des effectifs. Au total 40 à 50 000h de formations sont dispensées annuellement, les élèves étant « à 40% d’origine agricole » souligne le directeur d’exploitation. A savoir que ces effectifs restent insuffisants face aux besoins du secteur : « Même si on arrache de la vigne, il peinera à recruter » commente Mickaël Bouquin (d’où le recours de plus en plus fréquent à de la main d’œuvre étrangère).

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