Covid et tourisme en Touraine : on fait le bilan de l’été (et ça aurait pu être pire)

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Le chiffre est logique mais forcément impressionnant : au mois de mai, les sites touristiques d’Indre-et-Loire ont observé une baisse de fréquentation de 97%. On sortait à peine du confinement et personne n’avait vraiment la tête à faire des visites. L’été est arrivé, et la barre s’est redressée. Évidemment les chiffres sont moins bons qu’en 2019, bien sûr il y a de l’incertitude sur l’avenir. Cela dit, le secteur donne l’impression d’avoir limité la casse. Au moins provisoirement.

« Par rapport à un été normal on est en deçà de ce qu’on pouvait espérer. Mais si on nous avait dit qu’on réaliserait ces chiffres de fréquentation au moment de la réouverture des sites, tout le monde aurait signé » : voilà comment Pascal Pillaut résume l’été 2020 en Indre-et-Loire. Le directeur de l’Agence Départementale du Tourisme vient de recevoir les chiffres issus d’un sondage auprès des professionnels (châteaux, musées, hôtels, restaurants, campings, gites, traiteurs…). Près de 400 entreprises ont répondu : « Par rapport à la situation ce n’est pas la catastrophe. On limite les dégâts. »

Par exemple, les grands châteaux comme Amboise et Chenonceau affichent un bilan d’entrées inférieur de 10 à 15% par rapport à 2018. Une comparaison faite sur deux ans en arrière car 2019 était une année record en raison des festivités liées aux 500 ans de la Renaissance. 2018 était un cru plus classique, quoi que déjà assez élevé. Ce qui change, c’est que la clientèle du moment est essentiellement française, « pas mal de gens de la région parisienne ou d’Auvergne-Rhône Alpes qui ont fait une halte dans les châteaux de la Loire avant de rejoindre la Bretagne ou la Vendée » décrit Pascal Pillaut. Environ 50% du public a opté pour un court séjour (une étape ou un week-end), l’autre moitié prenant une semaine de location pour rayonner dans la région (un ratio équivalent aux autres années).

Plus de 75% des entreprises inquiètes pour l’avenir

Si les étrangers se sont faits plus rares, ils n’étaient pas complètement absents. Les Belges, les Allemands et les Néerlandais ont pris le relai des Britanniques, un peu là en juillet puis complètement évaporés en août après la mise en place de mesures d’isolement pour l’entrée dans le pays. La quasi-totalité des professionnels interrogés disent qu’ils ont vu moins d’Anglais ou Ecossais cet été tandis qu’une partie conséquente affirme avoir reçu plus de Belges.

Autre tendance qui se dégage de cet été 2020 : le plébiscite des « petits » châteaux : « souvent ces sites ont récupéré la clientèle qui ne voulait pas faire la queue » éclaire Pascal Pillaut. Il faut dire qu’à un certain moment il fallait plusieurs heures d’attente pour entrer à Chenonceau alors qu’on pouvait profiter tranquillement de Montpoupon ou Château Gaillard, parmi les stars de la saison. Un patron d’hôtel à Tours nous confiait récemment que certains clients avaient même fait part à la réception de leurs découvertes, poussant le personnel à conseiller tel ou tel monument aux futurs touristes ce qu’il ne faisait pas spontanément. On résume communément ça par l’expression « sortir des sentiers battus. »

La crainte de nouvelles restrictions sanitaires

Grâce à une météo souvent clémente, la Loire à Vélo affiche également des chiffres exceptionnels… Et même meilleurs que ceux de juillet-août 2019 (+11%). Une information à nuancer car l’itinéraire est également très utilisé par la clientèle locale. Ainsi, les visites sont en forte baisse à l’Accueil Vélo Rando situé face à l’Office du Tourisme de Tours et la plupart des professionnels du tourisme n’ont pas eu l’impression de voir plus de cyclistes cet été.

A la lumière de ce bilan, on se demande bien à quoi ressemblera le tourisme tourangeau dans les prochains mois… Depuis son bureau à l’ADT, Pascal Pillaut table sur un retour progressif des Européens mais se dit bien plus réservé sur celui des Américains ou des Asiatiques, ceux qui dépensent le plus et font notamment fonctionner les prestataires haut de gamme. Un mauvais signe pour cette section, d’autant que le tourisme d’affaire est lui aussi au point mort et que les séniors souvent nombreux en automne se calfeutrent de peur des contaminations. Les vacances de la Toussaint qui débutent le 17 octobre seront un bon indicateur de tendance (on redoute de nouvelles mesures restrictives, par exemple les fermetures anticipées de bars et restaurants).

De nouveaux marchés internationaux à développer

Globalement, plus de ¾ des sociétés du secteur sont inquiètes pour l’avenir, en particulier dans l’agglomération de Tours où les chiffres sont moins brillants que dans le reste du département (que ce soit pour l’occupation des hôtels, les prestations ou les visites). Par ailleurs, 33% des entreprises du secteur événementiel ont déjà dû licencier. La clientèle du moment semble vouloir du calme, de la nature, de l’authentique. Et dans son coin. Pas pour rien que les balades en canoë ont eu un succès phénoménal sûrement amené à se pérenniser. Idem pour l’œnotourisme, avec l’essor de prestations individuelles. Les gites et chambres d’hôtes ont la cote quand les campings (avec leurs douches partagées) tirent la langue.

« Il pourrait y avoir de la casse, c’est probable » concède Pascal Pillaut. Pourtant, « je reste optimiste car on continue de conseiller des porteurs de projets, il y a des gens qui continuent d’investir pour proposer de nouveaux services. » L’ADT qui fait travailler 13 personnes va donc poursuivre sa dynamique de communication via des campagnes de publicité en France, l’événement de fin d’année Noël au Pays des Châteaux dans 7 monuments d’Indre-et-Loire ou un lobbying auprès des agences de voyages étrangères. Elle va même tenter de séduire de nouveaux marchés dans les pays scandinaves ou la Suisse : « on va raffiner notre offre, développer les événements comme les pique-niques au château d’Amboise ou les balades à la tombée de la nuit du Clos Lucé. Il faut qu’on arrive à déployer une identité plus forte, offrir des moments plus intimes, plus conviviaux. Des animations dans l’air du temps, autour du développement durable. La Touraine c’est le jardin de la France, un territoire classé à l’UNESCO, il faut s’appuyer dessus » revendique Pascal Pillaut.

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