Contraception masculine : quels sont les moyens disponibles en Touraine ?

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Pilule, stérilet, implant … tant de moyens contraceptifs sont proposés à la gente féminine pour éviter une grossesse non désirée. Mais aussi efficaces soient-ils, ces procédés amènent leur lot d’effets secondaires quelque peu handicapants. Mais qui a dit que la charge contraceptive n’était réservée qu’aux femmes ? Aujourd’hui, la contraception masculine fait de plus en plus parler d’elle. Selon un sondage IFOP, 61% des hommes se disent prêts à utiliser une méthode de contraception masculine. Entre moyens à court terme comme l’anneau en silicone et processus plus radical tel que la vasectomie, quels sont les moyens disponibles en Touraine ? Reportage. 

Pas de doute, depuis quelques années en France, les mentalités ont bien changé concernant la charge contraceptive. Si il y a 20 ans, les femmes tenaient le rôle principal pour éviter toute procréation, les hommes commencent petit à petit à prendre conscience de leur part de responsabilité en tentant d’agir (ou du moins de réfléchir) pour trouver des solutions. Si le préservatif est maintenant totalement entré dans les normes, il est, toutefois, important d’avoir totalement connaissance des autres moyens disponibles, tout aussi efficaces. 

Les chiffres parlent d’eux-même. En douze ans, le nombre d’interventions pour une vasectomie en France a été multiplié par quinze, dépassant même le nombre de stérilisations féminines. 

Alors la vasectomie, qu’est-ce que c’est ? C’est une pratique chirurgicale qui consiste à interrompre le flux de spermatozoïdes provenant des testicules jusqu’aux voies de sortie en coupant et bouchant le canal déférent. Cette pratique n’est pas à prendre à la légère car elle est majoritairement considérée comme définitive. Selon Dr Marie Chaumel, urologue au CHRU de Tours, récemment venue sur le plateau de TV Tours pour parler de ce sujet, il existe bien des chirurgies de réversibilité. Cependant, il est important de savoir que les chances de tomber enceinte sont inversement proportionnelles au nombre d’années qui séparent les deux interventions. Passé le délai de trois ans, les probabilités dégringolent allant jusqu’à 30% lorsque la démarche est réalisée 10 ans après la vasectomie.

En grande majorité, les hommes ayant eu recours à la vasectomie sont des pères qui ont exprimé leur souhait de ne pas avoir d’autres enfants. C’est le cas par exemple de Nicolas Stadler, 44 ans. 

Designer, architecte et monteur de projet, Nicolas a décidé de sauter le pas après avoir donner naissance à ses deux filles et en constatant la pénibilité que déplorait sa femme en matière de contraception. C’est dans le cadre d’une situation totalement anodine que le quadragénaire a eut le déclic : “Une fois, je suis allé à la pharmacie et juste devant moi il y avait une femme d’une cinquantaine d’années qui était entrain de demander une boite de pilule à la pharmacienne. Et c’est là que je me suis dit que c’était pas possible que ma femme endure ça pendant encore autant d’années”. 

Mais pour arriver au but, Nicolas raconte un véritable parcours du combattant. En premier lieu, c’est avec un urologue du Pôle Santé Léonard de Vinci à Chambray-lès-Tours que le Tourangeau a pris rendez-vous. Cependant, cette entrevue n’a rien donné dans la mesure où le professionnel exigeait des dépassements d’honoraires et prescrivait une hospitalisation ainsi qu’une anesthésie générale pour l’intervention. Une incompréhension pour Nicolas : “Bien sûr, je m’étais renseigné. Et j’ai bien vu que la vasectomie pouvait se faire en anesthésie locale et sans hospitalisation. Donc j’ai laissé tomber parce que j’ai juste eu l’impression de faire tourner la clinique.”

Après avoir tenté d’être pris en charge par le CHRU sans succès, c’est vers la Clinique NCT+ à Saint-Cyr-sur-Loire que Nicolas s’est dirigé. Par la suite, se sont suivis à nouveau un premier rendez-vous avec un urologue, un délai de réflexion de quatre mois et une dizaine d’heures passées à la clinique (pour dix minutes d’intervention). Pas de douleur à signaler pour le Tourangeau, ni même d’autre effet secondaire. Juste une toute petite cicatrice d’à peine deux centimètres. 

Un petit éclaircissement s’impose : il est fortement recommandé de continuer à utiliser un autre moyen de contraception durant les trois mois qui suivent l’intervention. A la fin de cette période, un spermogramme sera prescrit pour déterminer l’efficacité de l’opération. A savoir qu’il faut être en dessous de la barre des 1 million de spermatozoïdes par millilitre de sperme pour s’assurer de son infertilité. 

Des moyens aussi à courts termes 

Bien évidemment, il n’est pas forcément nécessaire de passer sur la table d’opération pour éviter de procréer. En effet, d’autres moyens beaucoup moins radicaux sont possibles. Pour les connaître, nous sommes allés à la rencontre des docteurs Emmanuelle Boissinot et Loup Dupin, tous deux médecins généralistes au centre d’orthogénie au CHRU de Tours. Les deux professionnels proposent des consultations afin de s’informer sur des moyens de contraception. 

En premier lieu, il y a la contraception hormonale. Attention, rien à voir avec une potentielle “pilule pour homme”. Ici, on parle d’injections hebdomadaires de testostérone prescrites par un urologue. Si cette méthode paraît plutôt efficace (80% de réussite après trois mois de prescription), elle reste boudée à cause d’effets secondaires importants (baisse considérable de la libido, envie de fumer …). Au total, à l’échelle nationale, à peine quelques centaines d’hommes utilisent ce moyen de contraception, alors qu’ils sont plusieurs milliers à opter pour la contraception thermique. 

Cette méthode est en effet très populaire, notamment chez la jeune génération. Sous la forme de slip chauffant (connu aussi sous le nom de jockstrap) ou d’anneau en silicone, le principe repose sur l’utilisation de la température du corps pour “réchauffer” les testicules. Le Dr Loup Dupin explique : “On va insérer la verge dans le dispositif et venir tirer la peau du scrotum de manière à ce que les testicules ne passent pas et remontent dans les creux inguinaux (situés dans la paroi abdominale au niveau du haut des cuisses)”. Il poursuit : “Quand les testicules sont dans le scrotum, on est autour des 35 degrés, qui est la température qui permet la fabrication de spermatozoïdes. Quand on place les testicules dans les creux inguinaux, on a une température qui monte à 37 degrés qui va donc à l’inverse empêcher le processus de fabrication des spermatozoïdes”. Initialement, il est conseillé par les médecins de réaliser un spermogramme. En effet, ces derniers préconisent d’éviter l’usage de ces dispositifs si les résultats de situent en dessous des quinze millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme .Ensuite, pour que le dispositif soit efficace, celui-ci doit être porté quinze heures par jour quotidiennement. 

Alors comment s’en procurer ? Eh bien, pour l’instant, il n’est pas possible de trouver l’anneau ou le slip chauffant dans le commerce pharmaceutique. Cependant, ces derniers peuvent être proposés à la vente par des entreprises privées. Pour l’anneau, par exemple, il est possible de s’en procurer en passant par l’entreprise privée Andro Switch qui le vend entre 30 et 45 euros. Depuis quelque temps, la société réalise des études pour prouver l’innocuité du dispositif, dans le but de proposer leurs produits en tant que dispositif de contraception. 

Mais, pour les plus manuels, il est également possible de réaliser soi-même son moyen de contraception. En effet, il existe des tutoriels sur Internet ou encore des ateliers organisés par des collectifs afin de savoir mouler son anneau en silicone ou coudre son jockstrap à l’aide d’élastiques en tissu. C’est ce que propose par exemple le collectif tourangeau les Remonté.e.s qui organise des ateliers et des moments d’échanges autour de l’accès et de la sensibilisation à la contraception pour les hommes. Pour le Dr Boissinot, c’est une bonne chose pour les personnes qui veulent s’intéresser de près ou de loin à la contraception masculine :  “Nous, en tant que médecin, on peut faire de l’information mais ce qui marche vraiment c’est l’aspect collectif, d’entraide, ce qu’on ne peut pas délivrer.”

Ce collectif a beaucoup aidé Simon Wicart, 32 ans, qui lui aussi a décidé de prendre en main sa contraception en optant pour l’usage de l’anneau. C’est en 2023 que le jeune homme entend parler pour la première fois de contraception masculine, grâce à sa compagne. Pour le trentenaire, c’est la douche froide : “A ce moment-là je suis bouleversé parce que c’est un sujet qu’elle maîtrise mieux que moi alors que je suis censé être le premier concerné. Je me suis senti très bête.” A partir de ce moment, c’est tout un voyage qui attend Simon, entre rendez-vous chez le planning familial, réalisation d’un spermogramme en clinique et rencontre avec les Remontées. Voyage que le jeune homme a conté par écrit sur son blog simonwicart.com, regroupant une série de quatre billets. Dans ses écrits, le tourangeau nous explique tout son cheminement autant médical que philosophique, sur son rapport à la masculinité, le tout avec des touches d’humour bien placées. 

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