Comment l’Etat islamique recrute-t-il ?

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Comment l’Etat islamique recrute -il ? Quelle est sa stratégie de communication sur la toile, principale source de sa propagande ? Comment Daech a t-il réussi à embrigader 25 à 30 000 combattants venus de 100 pays et 11 175 personnes signalées en France par l’UCLAT (Lutte anti-terroriste) ?

IMG_0796Les Médiatiques au Bouillon à l’université d’Orléans.

Après un départ en tour de chauffe mercredi matin, les Médiatiques 2017 dont le thème générique est “médias, émotions et violence politique”, a passé le grand braquet avec Hasna Hussein, sociologue qui a magistralement décortiqué mercredi au Bouillon la stratégie médiatique de l’EI (Etat islamique). Non pas avec des grandes théories mais avec des réalités qui font froid dans le dos. “Comment peut-on être séduit par une idéologie fascisante” dit-elle, comme ces couples qui partent pour la Syrie en camping-car avec les gosses ?

L’explication tient dans le professionnalisme de Daech en matière de communication, explique-t-elle :  « plusieurs centaines de journalistes, communicants, techniciens, cameramen, travaillent pour EI, sur place à Raqqa à Mossoul, mais aussi à l’extérieur, notamment en France ».  Les canaux qui vomissent des images de propagandes sont aussi multiples que le permet notre société hyper-médiatisée.

Le professionnalisme médiatique de Daech

IMG_0797Hasna Hussein et François Robinet en débat aux Médiatiques.

Pour Hasna Hussein, « le ‘professionnalisme médiatique’ de Daesh s’inspire largement des Arts et des nouvelles techniques de production cinématographique et télévisuelle. Les vidéos de Daech utilisent largement les effets spéciaux en images (parfois 3D) et en son (souvent des anasheed). Pour les images, il s’agit souvent d’une combinaison entre des images détournées diffusées par les géants des médias d’information (CNN, Euros News, BBC, Al-Jazeera, etc.) ou issues du Pop Culture et d’autres filmées en Iraq ou en Syrie par l’équipe médiatique de l’organisation. Une analyse quantitative des images utilisées dans les productions médiatiques de Daesh révèle que « plus de 15 % de celles-ci s’inspirent directement de la culture populaire, tels que les films Saw, The Matrix, American Sniper et V for Vendetta, ou de videogames tels que Call of Duty, Mortal Combat X et Gran Theft Auto ».

Un courant affectif entre manipulateur et victime

daech-irak-di

Quant au contenu il est divers. « Il s’agit de créer un courant affectif entre le manipulateur et sa cible ». Alors d’un côté, le choc des photos, des images de cadavres d’enfants tués par les bombes de Assad, avec cadrage et effet de loupe, qui défilent en boucle. Le choix des mots, la sémantique, mais aussi les voix, parfois enveloppantes, celles d’enfants aussi, sont particulièrement soignées. Séquence bonheur en contre-point, celle d’un Khalifat avec fleurs, manèges, routes en construction, supermarchés… .“Le paradis sur terre…Ils jouent aussi sur l’excitation sensorielle à destination des femmes notamment » poursuit Hasna Hussein, en montrant une photo de chevaux montés par des soldats. « Le message c’est “tu vas devenir la femme d’un cavalier, tu vas devenir une “surmusulmane” ».

S’agissant de religion qui permet de convertir ou de « reconvertir » (pour les “mauvais musulmans”) leurs victimes, Daech utilise la manipulation cognitive, triture des textes de versets du Coran en les sortant de leur contexte comme ceux qui disent « dieu ordonne de tuer les non-musulmans », ou encore « attaquer ceux qui insultent le prophète ». Et l’on pense alors à Charlie et à ses martyrs.

A cette démonstration sur la puissance diabolique de la propagande de Daech, aimant diabolique pour attirer les esprits tendres, la sociologue qui lutte contre la radicalisation sur le terrain des quartiers, des écoles, et pas sur les plateaux de TV comme les sempiternels experts en chasse aux ménages lucratifs, ajoute : « la France est la plus maltraitée dans les discours de Daech, pays anti-musulman, de mécréants, de fornicateurs… ».

Parents curieux

IMG_0801Hasna Hussein, sociologue, lutte contre la radicalisation.

Quelles munitions pour éradiquer cette propagande qui déverse sans arrêt ses torrents de haine,  d’appels au djihad sur la toile ? « Les parents doivent être curieux de ce que leurs enfants regardent sur leur téléphone », les enseignants, les journalistes sont aussi en première ligne pour tailler en brèche les théories du complot et autres « contre-informations », que les jeunes en particulier sont prêts à avaler.

Preuves que la guerre des mots et des images est au moins aussi décisive contre Daech que la bataille des forces spéciales.

Ch.B

http://cdradical.hypotheses.org/?s=media

http://www.stop-djihadisme.gouv.fr/terrorisme-djihadiste/daech/quest-ce-que-daech

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