Comment les syndicats d’Indre-et-Loire préparent le 2e round contre la réforme des retraites

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Pas question de baisser la garde. Après une mobilisation à l’ampleur historique jeudi 19 janvier, les organisations syndicales tourangelles maintiennent leur unité en vue de la deuxième journée d’action nationale contre la réforme des retraites, mardi 31. Leur objectif est au moins de maintenir la dynamique du mouvement, voire de l’amplifier. Pour ça, le délai entre les deux défilés n’est pas de trop.

Cyril Bodier de la CGT 37 a de l’amertume vis-à-vis de la préfecture d’Indre-et-Loire. Ce lundi 23 janvier il annonce 20 000 personnes dans le cortège tourangeau qui a défilé contre la réforme des retraites, soit 5 000 de plus que les sources syndicales et politiques interrogées au moment de la dispersion, et surtout 8 400 de plus que le chiffre publié par la préfecture en fin d’après-midi. Lui affirme que la police évoquait 14 000 participantes et participants dès le deuxième comptage à la mi-journée et il dénonce « une incohérence assez hallucinante » alors que les estimations sont d’ordinaire assez cohérentes dans le département.

11 600, 15 000, 20 000… Dans tous les cas, la mobilisation du 19 janvier fera date dans l’histoire récente des contestations sociales en Touraine. Ainsi, 400 salariés d’SKF ou 75% du personnel de la centrale nucléaire de Chinon se revendiquaient en grève. C’est assez inédit. Mais alors pourquoi pinailler sur le nombre final à postériori ? L’enjeu est de déployer le rapport de forces, défier les autorités afin de motiver durablement les troupes pour ne surtout pas démobiliser. Jeudi dernier, le défilé tourangeau était massif, bon enfant mais aussi relativement sage (un nombre de pancartes et slogans inférieur à la moyenne). Et c’est la crainte des syndicats : que la motivation à descendre dans la rue retombe vite. Que les opposants au texte, même nombreux, se résignent rapidement.

Des tractages pour inciter à rejoindre le mouvement

C’est d’ailleurs ce qu’on a pu nous confier dans le cortège : « La grève, j’en fais une, je ne ferai pas forcément les autres. » Dans un contexte d’inflation, perdre une journée de salaire peut vite poser de gros soucis. Pour tenir, les organisations tourangelles présentent donc sur leur unité de circonstance comme une rampe de lancement : lors d’une conférence de presse à la Maison des Syndicats de Saint-Avertin, ce sont 12 centrales qui étaient représentées, des lycéens aux cadres en passant par Solidaires, l’UNSA, la CFDT, FO, la CFTC… Même une représentante des Gilets Jaunes s’est exprimée, la CGT ayant d’ailleurs salué la présence du mouvement citoyen le 19 janvier tout comme elle a remercié de façon appuyée la Confédération Paysanne et la Louche Populaire qui ont nourri la foule à la dispersion Place Jean Jaurès.

Revigoré par l’action massive de ce début d’année 2023, le syndicalisme a le port de tête haut et se sent plus légitime que jamais face à un pouvoir exécutif assez rigide. « La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat » martèle-t-on dans les rangs en réponse aux propos d’Emmanuel Macron dimanche soir (le président s’est dit prêt à des aménagements sur le texte). « On n’attend pas grand-chose du débat car s’il y a des modifications ce sera à la marge. Cela n’améliorera pas les choses » souligne par exemple Cécile Cognier de Solidaires interrogée sur la pertinence du débat parlementaire à venir.

Des blocus de lycées envisagés

La rue pour pression sur les élus et le gouvernement, donc. Démocratie sociale vs. Démocratie politique. « C’est une réforme ni juste, ni vectrice de progrès. On prend deux ans fermes avec cette mesure alors que d’autres moyens existent, il y a d’autres sources de financement » tonne Cyril Bodier de la CGT. Les options citées par les organisations : augmenter les salaires, aligner les salaires des femmes sur ceux des hommes, améliorer le taux d’emploi des plus de 65 ans ou passer à la semaine de 32h.

Pour unifier derrière ces revendications, et convaincre de défiler contre le texte gouvernemental, des tractages sont programmés mercredi 25 et vendredi 27, notamment dans des zones commerciales du département. Jeudi à 18h, ce sont les organisations étudiantes qui donnent rendez-vous aux Tanneurs pour une AG, avant celle des lycéens le lendemain puis un rassemblement des Gilets Jaunes samedi 28 dès 14h30 Place Jean Jaurès à Tours : « On est toujours, on est toujours venu à vos manifestations, on veut un combat commun et fort contre ce gouvernement délétère » insiste leur porte-parole du jour. La CGT n’exclut pas d’ailleurs des manifs en fin de journée ou les week-ends pour faire converger les luttes.

Si la journée du 31 janvier est déjà calée (départ du cortège de Tours à 10h Place de la Liberté avec un parcours identique au 19, soit qui traverse le Pont Wilson et revient en centre-ville par le Pont Napoléon), l’entre-deux n’est pas encore totalement défini. Des actions pourraient se faire jour, par exemple en fin de semaine au dépôt pétrolier de Saint-Pierre-des-Corps pour répondre à un appel national à la grève de 48h dans ce secteur (mais la CGT refuse de confirmer, de peur de dévoiler des plans). Des blocages d’outils de production ou des débrayages pourraient également advenir, comme ce lundi au collège d’Amboise. Quant aux lycéens, ils annoncent leur envie de bloquer les établissements avant le défilé départemental.

Occuper le terrain. « Ne pas laisser la communication au gouvernement ». Diffuser largement les arguments d’opposition au projet. Ainsi est la stratégie syndicale revendiquée en Indre-et-Loire, les organisations affichant une certaine concorde autant dans les revendications que dans la méthode d’organisation : « Ce n’est pas nouveau qu’on discute collectivement. On est pas toujours réuni dans les luttes qu’on mène mais les invitations sont envoyées à tout le monde » commente d’ailleurs Cyril Bodier à la CGT. Reste à voir jusqu’où tout cela ira, notamment quand il sera potentiellement question de grèves reconductibles pour maintenir la pression.

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