[Comment ça marche ?] Les coulisses de la médecine du travail en Touraine

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On les rencontre assez peu, sauf en cas d’arrêt maladie longue durée ou de difficultés particulières. Qui sont les médecins du travail en Indre-et-Loire ? Comment travaillent-ils ? Saviez-vous qu’ils peuvent aussi vous vacciner contre la Covid-19 ? On vous raconte tout.

C’est un grand bâtiment vitré situé juste en face de la clinique Vinci à Chambray-lès-Tours : l’APST37. A pour association. P pour Prévention. S pour Santé. T pour Travail. Un siège départemental dont dépendent des antennes à Amboise, Loches, Chinon, Noyant-de-Touraine, Descartes ou Château-la-Vallière. Au total la structure emploie 150 personnes dont une quarantaine de médecins, une quinzaine d’infirmières, une trentaine d’intervenants pour la prévention des risques professionnels… L’effectif comporte un groupe d’ergonomes, des psychologues, deux assistantes sociales… Chiffre d’affaires : 13 millions d’€ annuels, exclusivement apportés via les cotisations de 12 000 adhérents représentants 124 000 salariés tourangeaux.

Hervé Ciboit assure la direction de l’APST37 depuis dix ans, après une carrière dans l’ingénierie et un dernier poste de directeur industriel pour une société de Blois spécialisée dans le packaging. « Nous sommes fondamentalement au service des entreprises et des salariés pour éviter toute altération de la santé au travail » résume-t-il pour clarifier son rôle. L’association suit avant tout les équipes du privé. Le secteur agricole est sous l’égide de la MSA, ceux du bâtiment et du nucléaire ont leur propre structure, tout comme la fonction publique (à quelques exceptions près, comme des mairies). « Nous, nous suivons l’industrie, le tertiaire, l’artisanat ou le commerce » liste notre interlocuteur.

60 000 visites à l’année

Le mode de fonctionnement est assez codifié : les salariés doivent avoir un rendez-vous avec la médecine du travail tous les 5 ans… contre 2 auparavant (on garde quand même ce délai pour certaines personnes en « suivi renforcé », par exemple celles en situation de handicap). Une consultation qui permet de faire le point sur leurs difficultés éventuelles, liées à leurs missions professionnelles (problèmes de dos, difficultés psychologiques type burn out, risques psychosociaux, adaptation aux évolutions technologiques…).

En dehors de ce parcours, on peut demander à voir un médecin du travail à tout moment dans son bureau ou sur son lieu de travail afin de lui exposer une situation particulière. C’est également automatique en cas d’arrêt de travail de longue durée (à partir d’un mois), le processus prévoyant également des rencontres de pré-reprise après 3 mois d’arrêt (pour obtenir un aménagement d’horaire, par exemple, « et dans ce cas il y a un travail conjoint avec le médecin traitant. » « Dans une année classique nous réalisons 60 000 visites » explique Hervé Ciboit. Avec l’ambition d’intervenir avant le développement de troubles, d’où l’onglet prévention : « L’enjeu des années à venir c’est comment éviter qu’un salarié sorte de l’emploi, qu’il reste le plus longtemps possible. »

100 vaccinations anti-Covid par semaine

Même si elle n’a pas la capacité de faire des ordonnances, seulement de renvoyer vers un généraliste, la médecine du travail a également un rôle conséquent en cette période de crise sanitaire : « En 2020 nous avons reçu énormément d’appels téléphonique, nous avons assuré beaucoup d’accompagnements en visio » détaille Hervé Ciboit évoquant des conseils aux entreprises pour la mise en place des gestes barrière ou le montage d’une cellule de traçage pour éviter la propagation des cas Covid en entreprise « qui peuvent avoir des conséquences considérables sur l’activité, jusqu’à la fermeture de la société. » Ces derniers temps, c’est le télétravail qui s’invite dans les échanges avec les difficultés que peut causer l’éloignement de ses collègues ou managers ou l’équilibre vie pro-vie perso.

L’APST37 pourrait également avoir un rôle pour soutenir une reprise après un Covid long (une infection entraînant des symptômes sur une période étendue). Mais surtout, on le sait peu, elle s’est lancée dans la vaccination. « Nous avons reçu nos premières doses mi-avril, de l’AstraZeneca que l’on commande auprès d’une pharmacie » indique Hervé Ciboit. Depuis, sa structure fait une centaine de piqûres hebdomadaires pour des salariés de plus de 55 ans ayant pris rendez-vous au préalable par mail (covidvax@apst37.fr et covidvaxamboise@apst37.fr). Elle espère prochainement recevoir d’autres vaccins pour passer à 250 injections hebdomadaires et surtout contourner la défiance envers le sérum AstraZeneca (la polémique sur ses potentiels effets secondaires a refroidi beaucoup de monde). Le Moderna devrait bientôt rejoindre le panel, les commandes étant ouvertes pour les médecins, y compris ceux du travail.

Des difficultés de recrutement

D’un certain côté, cette nouvelle mission amorce une évolution de la médecine du travail attendue dès 2022, après le vote d’une nouvelle loi par le Sénat. Son objectif consiste par exemple à engager un processus de montée en compétence des infirmières, « afin qu’elles réalisent plus de visites et quelques actes cliniques » nous dit Hervé Ciboit.

L’APST37 voudrait ainsi en recruter 5 de plus pour arriver à une équipe comprenant une vingtaine de personnes. Sauf que c’est difficile d’embaucher : « Il y a une vraie pénurie médicale en matière de prévention, seulement une centaine de docteurs qui sortent chaque année des écoles françaises. » Il faut parfois les convaincre de venir puis les former (une dizaine ont suivi ce parcours en Indre-et-Loire) voire les chercher à l’étranger (Union Européenne, Algérie, Canada) sans garantie de réussir à les faire rester. Heureusement « Tours est une ville attractive » assure le directeur.

Photo d’illustration.


Un degré en plus :

Dans un communiqué publié ce lundi, le syndicat FO alerte pour sa part sur des difficultés au sein de la structure, déplorant une « hémorragie » de départs de médecins 16 en 18 mois pour 6 embauches. « A cela vont s’ajouter, les départs en retraite de médecins prévus dès la fin de l’année. La situation des effectifs en médecins du travail déjà très préoccupante devrait donc encore s’aggraver » peut-on lire. Associé avec d’autres organisations dont la CFTC, le syndicat évoque « un climat de tension permanent » et ne veut plus participer à la commission de contrôle (tout comme ses confrères).

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