[Cinéma] Regards #48 Wonder wheel

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Dans Regards, retrouvez l’avis de Stéphanie Joye sur quelques films à l’affiche dans les cinémas tourangeaux. Histoire de vous donner envie, à votre tour, d’aller passer un moment dans les salles obscures.


Wonder wheel (Drame américain)

De Woody Allen

Avec Kate Winslet, James Belushi, Justin Timberlake 

La plage de Coney Island est surpeuplée de vacanciers avides des attractions foraines qui sont implantées autour. L’histoire se passe dans les années 50. Mickey, le beau maître-nageur, nous narre son histoire avec une femme récemment rencontrée, et le contexte de la vie de famille de celle-ci. Il s’agit de Ginny, une serveuse assez névrotique, mariée à Humpty, opérateur de manège bourru qui tente d’arrêter l’alcool. Ginny ne comprend pas le comportement pyromane de son jeune fils (qu’elle a eu d’une précédente union), et décide de l’emmener voir un psy. Humpty, lui, voit rouge lorsque sa fille Carolina débarque chez eux sans crier gare après 5 ans d’exil auprès d’un mari truand. Carolina se sent menacée de mort par des bandits et réussit à convaincre la famille de la recueillir. C’est alors que les ennuis commencent …

Dans un contexte où des accusations sont portées contre lui, Woody Allen sort un nouveau film, presque un songe doté d’une intrigue entrainante, excellent portrait d’une femme quadragénaire désenchantée, vulnérable et rongée par la trahison. Le rôle est remarquablement porté par une actrice d’exception, la britannique Kate Winslet, l’héroïne de Titanic et des Noces rebelles. Dans Blue Jasmine (2013), Allen traitait déjà de la souffrance et de la quête d’une autre vie chez une femme dépressive en fuite incarnée par Cate Blanchett (oscar de la meilleure actrice). Ici, le contexte est moins solitaire puisque Ginny est entourée d’une famille et d’un amant qui la tiraillent. A la nostalgie de son passé de comédienne, à son malheur s’ajoute donc un présent étriqué et étouffant, anxiogène même, dans lequel elle perd pied. Elle vit avec mari, fils et belle-fille dans un micro appartement surplombant la prison dorée qu’est la plage-parc d’attraction « Coney Island ».

Cité irréelle animée, bruyante, où la foule est présente en permanence, Coney Island est un spectacle de lumière. Il y a les néons, mais aussi les éclairages aux couleurs chaudes et l’éternel coucher de soleil, fiévreux, lyrique et théâtral à souhait (on doit la photo, magnifique, à Vittorio Storaro – « Apocalypse Now »). Cette théâtralité assumée n’est pas sans rappeler la dramaturgie de Tennessee Williams (La ménagerie de verre, Chatte sur toit brûlant, Un tramway nommé désir…). Woody Allen, c’est déjà 50 ans d’une imagination sans répit… Les clins d’œil théâtraux et cinéphiliques sont nombreux, mais il y a bien toujours la patte Allen, celle qui fait déferler les mots avec une précision tant philosophique qu’arithmétique, celle qui fait tanguer et valser l’esprit en délectation. Dans la veine des précédents films du réalisateur (L’homme irrationnel, Magic in the moonlight, Match point…), Wonder Wheel questionne sur le hasard et le destin personnel, carriériste, amoureux, et notamment sur les sentiments complexes et tragiques liés aux relations croisées. Brillant, ce n’est pas non plus le meilleur de Woody, capable de plus de subtilité.

(Nb : Le chanteur Justin Timberlake a déjà fait ses preuves dans de bons rôles au cinéma, tels que dans The social network et Inside Llewyn Davis)

Un film à l’affiche aux Cinémas Studio (Toutes les informations utiles sur leur site internet) et aussi dans les cinémas CGR de l’agglomération (toutes les informations utiles sur leur site internet).

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