Chauffage au bois des particuliers : la Touraine en bonne voie.

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Installés dans le Val de l’Indre depuis 1995, Jean-Frédéric et Florence Choux dédient leur vie professionnelle au bois-énergie, un secteur en pleine évolution à une époque où non seulement les énergies fossiles, en plus d’être décriées et en voie d’extinction, coûtent de plus en plus cher ; mais aussi où la technicité des appareils permet un rendement énergétique toujours plus élevé. Alors que la fraîcheur automnale commence à nous mordiller les joues, nous avons rencontré Jean-Frédéric, Bourguignon formé dans le Jura qui a posé ses valises en Touraine. Né dans le bois, il a grandi et évolué avec lui.

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«C’est vrai qu’on dépense de l’énergie à transformer le bois en granulés, mais la performance énergétique qui en découle compense très largement». Jean-Frédéric Choux, 47 ans, est un homme réaliste et déterminé. Acteur tourangeau important dans le domaine du bois-énergie, il a créé une entreprise, la SOVI, basée à Druye et actuellement en pleine expansion. Il a également contribué à la création du Syndicat National du bois de chauffage en 2006.

Itinéraire d’un enfant boisé

Né en Bourgogne, dans une famille d’agriculteurs, le jeune Jean-Frédéric côtoie le bois depuis toujours : on y joue, on le manipule pour se faire des cabanes, on taille, on coupe pour se chauffer…. «Mais à l’époque, il y avait du gaspillage de ce côté-là, il n’y avait pas la notion de «bois-énergie», on faisait souvent brûler dehors des parties végétales qu’on utilise aujourd’hui pour produire de l’énergie !» se souvient-il.

«T’apprendras la menuiserie chez ton oncle !» C’est ce que son père lui impose le jour où ils arrivent pour une inscription au prestigieux Lycée du Bois dans le Jura, entre Dole et Besançon. Le voici du coup en option «Scierie» et avec des vacances bien remplies chez son oncle menuisier («Je me revois à Noël en train de poncer du parquet !»). Une sorte de double cursus d’un genre particulier qui va apporter à Jean-Frédéric une connaissance panoramique du bois, des principes physiques et biologiques (pousse, taux d’humidité, résistance, (re)connaissance des essences, etc…) aux applications concrètes, en passant par tout ce qui se rapporte à la coupe et à ses techniques complexes. Il commence par un Brevet Technique Industries du Bois, puis enchaîne sur un BTS avec une option commerce car il savait depuis des années qu’il voulait être à son compte. «A Mouchard, j’ai vraiment eu des profs géniaux, c’est une école exceptionnelle… Ensuite j’ai travaillé en menuiserie – chez mon oncle -, puis j’ai fait mon service militaire car je suis le dernier d’une fratrie de six, donc je ne pouvais pas vraiment continuer mes études.»

La suite logique a du coup été un petit tour de France, pour changer d’horizon. Jean-Frédéric travaille pour Saint-Gobain dans la filière papier-bois : Bretagne, Pays de Loire, Landes puis Châtellerault dans la Vienne, dans la gestion des productions forestières du secteur, mais aussi dans la partie commerciale, notamment pour revendre des sous-produits à la petite industrie locale.

1995, démarrage en douceur à Artannes : le calme avant la tempête

«J’avais gardé des contacts de mes années chez Saint-Gobain. Depuis ma nomination à Châtellerault, j’habitais à Artannes, c’est donc tout logiquement que j’ai créé ma propre structure unipersonnelle ici.» Un développement fortement bousculé (son entreprise a eu chaud) après la tempête de décembre 1999 qui modifie en profondeur et durablement le marché du bois. Jean-Frédéric devait aller chercher du bois dans les régions les plus sinistrées et la production dans les autres régions a été gelée. Cela a duré jusqu’en 2003 avant un retour à la normale.

Son métier : acheter le bois en forêt, l’exploiter, le vendre. Il se spécialise alors sur le marché des particuliers et arrête peu à peu les professionnels. «A l’époque, pas mal de petits marchands de bois locaux sont partis à la retraite, j’ai donc petit à petit pris ce marché localement,» nous explique Jean-Frédéric.

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Crise économique de 2009 : explosion du bois-énergie

La hausse constante du prix des énergies fossiles combinée à la baisse généralisée du pouvoir d’achat des ménages, ainsi que la prise de conscience écologique grandissante du grand public favorisent d’un coup le marché du bois-énergie. «Le téléphone s’est mis à sonner de plus en plus. J’ai dû embaucher et augmenter ma production pour m’adapter rapidement à cette demande grandissante.» Deux profils de clients se dessinent alors : ceux qui investissent dans un poële à bois pour la première fois et ceux qui remettent en route l’ancien, qui servait surtout d’agrément ponctuel. Pour compléter son offre et proposer des solutions globales à ses clients, la société SOVI se met alors logiquement à vendre des poëles. De six employés, la SOVI va bientôt passer à sept, plus une demi-douzaine d’équivalents temps plein indirects via les bardeurs, des marchands de bois, les scieries… Le tout dans un rayon de 50 km autour de Druye. De l’emploi 100% non-délocalisable, donc.

Un partenaire vendéen pour la fabrication des granulés

L’une des spécificités de la société SOVI est d’être à la fois fournisseur de matière première et acheteur de granulés auprès d’une même société basée près de Cholet. Une manière judicieuse de contrôler la qualité car Jean-Frédéric Choux déplore un manque de compétence flagrant dans toute une partie de l’industrie du bois-énergie, avec des achats de milliers de tonnes de bois humide, au rendement énergétique faible. «Il y a des organismes avec lesquels je ne peux pas et je ne veux pas travailler. Des personnes viennent me voir parfois pour acheter du bois à la tonne. Ils se foutent de la qualité. Ils pèsent de l’eau… Le bois c’est comme le reste : il faut une certaine connaissance technique pour travailler correctement,» déplore le chef d’entreprise tourangeau.

Quid de la fameuse (fumeuse ?) interdiction des feux de cheminée ?

«Il y a surtout eu un gros déficit de communication à ce sujet. Il faut expliquer que c’est le foyer ouvert, à très faible rendement énergétique et très polluant, qui est ciblé par cette loi, sauf à Paris intra-muros où il est question d’interdire totalement le bois. Les appareils de qualité sont quant à eux de plus en plus performants, sur ces deux aspects, pour un investissement de départ correct», explique Jean-Frédéric Choux.

Réaliste, il explique aussi qu’en appartement en ville, vouloir chauffer au bois peut s’avérer plus contraignant et compliqué qu’on pourrait le penser, que ce soit côté installation comme côté ravitaillement. Pour une maison en périphérie ou à la campagne en revanche, pour lui, la question ne se pose même pas : une fois le crédit d’impôt et les différentes aides proposées par l’Etat et/ou certaines collectivités locales, l’investissement revient à environ 3000/3500 euros, sur dix ans ça fait 300 à 350 euros par an.

Sachant que l’économie d’énergie peut aller jusqu’à 50 %, le calcul est vite fait… «D’autant plus que les gens oublient parfois qu’une chaudière à gaz ou à fioul ça doit se changer aussi, et que ça coûte cher. Et puis les fluctuations des prix du bois sont très faibles et maîtrisées, contrairement à celles du pétrole et du gaz qui, sous influence géopolitique, nous échappent totalement», rappelle notre Monsieur Bois.

Une énergie locale donc, moins polluante et moins cher. Ce serait bien dommage de s’en priver.

Un degré en plus

> La société SOVI Forêt Energie à Druye organise trois jours de portes ouvertes les 25, 26 et 27 septembre, l’occasion de découvrir un aperçu de la filière bois-énergie en Val de Loire.

Logo SOVI

> Toutes les infos sur les formations aux métiers du bois en Région Centre Val de Loire sur le site Arbocentre

> Toujours sur le site d’Arbocentre, des chiffres sur le chauffage au bois des particuliers

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