Au château de Valmer, l’envie de partager un patrimoine viticole et botanique

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Valmerapéro, balades gustatives, exposition… Depuis près de trois ans, le château de Valmer multiplie les événements, notamment en période estivale. Les propriétaires, Aymar et Alix de Saint Venant, souhaitent réanimer le domaine, rassembler les gens et partager leur patrimoine.

Une histoire de famille depuis cinq générations. En 1888, Paul Lefèvre achète le domaine de Valmer, situé à Chançay. À l’époque, le terrain compte un château construit trois siècles auparavant à l’initiative d’un conseiller du roi François Ier, Sieur Binet. La bâtisse, aujourd’hui symbolisée par un château d’ifs, disparaît sous les flammes lors d’un incendie en 1948, provoqué par un fer à repasser. Le domaine viticole et les jardins à l’italienne, composés de terrasses sur huit niveaux suivant le coteau, eux, existent encore. « Les deux identités sont liées l’une à l’autre. Leur architecture n’a jamais bougé », déclare Maurine Soudier, responsable œnotourisme du château de Valmer.

Cent trente-cinq plus tard, c’est l’arrière-petit-fils de Paul Lefèvre qui vit à l’année dans « le petit Valmer », autrefois résidence du régisseur. Présents à Chançay depuis le début des années 1970, Aymar et Alix de Saint Venant décident de redonner ses lettres de noblesse au domaine. Aymar relance l’activité viticole et son épouse, paysagiste, se charge de la restauration des jardins. Cette dernière travaille à partir des plans originaux, datant du XVIIe siècle. « Elle va chercher des plantes des XVe et XVIe siècles. Elle fait aussi le tour du monde pour retrouver des plantes, des légumes et des graines que l’on ne trouve plus en France », raconte l’employée du château. Le vignoble de trente-cinq hectares en fer à cheval est finalement repris par leur fils, Jean, en 2009.

Dans les jardins du domaine de Valmer, le public découvre le château d’ifs, à l’emplacement même de l’ancien château, détruit en 1948. (Crédit : angelafranke.hh)
Depuis la terrasse des fontaines florentines de château de Valmer, les visiteurs peuvent apercevoir les vignes du domaine. (Crédit : Léonard de Serres)

Le domaine, composé de cinq hectares de jardin et soixante-cinq hectares de parc, est ouvert au public depuis 1980. Lorsqu’ils arpentent le lieu, les visiteurs découvrent statues, fontaines, potager conservatoire, chapelle troglodytique de 1524 et autres trésors de la nature. Preuve de leur qualité, les jardins ont reçu le prix de l’art du jardin 2023, un trophée ouvert à tous les jardins remarquables et récompensant l’esthétique, l’histoire mais aussi l’intérêt botanique. « C’est une consécration pour madame de Saint Venant, pour son travail de réhabilitation, et une reconnaissance du travail des jardiniers, qui ne sont que deux et demi pour cinq hectares », assure Marine Soudier.

« Réanimer le domaine de Valmer »

Loin de vouloir cacher ce petit bout de paradis au cœur de la Touraine, les propriétaires tentent, depuis près de trois ans, de faire revivre le lieu. Pour cela, ils se lancent dans la mise en place de plusieurs manifestations, notamment en période estivale. « Nous souhaitons réanimer le domaine de Valmer. Il a attiré beaucoup de monde entre les années 2000 et 2010. Puis ça s’est arrêté. Après la période Covid, nous avons eu envie de nous réinventer, de faire revenir les gens. Nous essayons donc de développer notre offre, avec des activités ponctuelles et d’autres qui durent plus longtemps », explique la responsable œnotourisme. D’après elle, Valmer présente un autre avantage : il est moins touristique que les plus célèbres châteaux de la Loire. « C’est un jardin qui change de ce que l’on voit d’habitude, un jardin tranquille. Avec cinq hectares, nous n’avons pas l’impression d’être dans le monde. Nous avons aussi le temps de discuter avec les visiteurs », apprécie-t-elle.

Parmi les activités organisées, il y a des balades gustatives. Chaque jour, à 14 h 30, les visiteurs découvrent les produits du potager conservatoire en compagnie d’un guide. Des variétés oubliées, disparues ou inconnues y sont présentées. « Nous allons dans le potager où, en plus des légumes oubliés, nous avons des fleurs comestibles. » Lys, fleurs de courgette ou de ciboulette, stevia, menthe de toute sorte, plante au goût d’huître… Lors de la promenade, les curieux pourront goûter tous les produits qu’ils désirent. « Alix de Saint Venant ne voulait pas en faire un jardin-musée. Même en visite libre, le public peut toucher et goûter les plantes », indique Maurine Soudier.

Côté gastronomie toujours, Jean de Saint Venant propose des soirées Valmerapéro, tous les mardis, entre juin et août. « Après le confinement, il y avait cette envie de se retrouver. Nous avions un joli cadre pour se réunir pour un moment convivial sur la terrasse, face au coucher de soleil », expose la responsable œnotourisme. L’occasion de déguster les vins du château – tout est produit sur place, de la grappe à la bouteille –, mais aussi quelques mets locaux : jus de fruits, fromages et même quelques légumes du potager. Le vigneron démarre cet événement sans trop y croire. Pourtant, le succès est au rendez-vous. « Au début, il n’y avait que des locaux mais nous avons de plus en plus de touristes », se réjouit l’employée du domaine. Et de prévenir : « Nous avons beaucoup de succès, nous incitons donc les gens à réserver car la jauge est à 170 personnes. » Comme souvent, cette activité met en lien les jardins et le domaine viticole, indissociables l’un de l’autre.

Le potager conservatoire du château de Valmer peut nourrir jusqu’à douze personnes. (Crédit : Léonard de Serres)
Le potager conservatoire du château de Valmer vu du ciel. (Crédit : Charly’s Drone)
Chaque mardi soir, des visiteurs viennent déguster les vins du château de Valmer et des mets locaux dans le cadre de Valmerapéro. (Crédit : ADT Touraine)

Garden game : un jeu pour toute la famille

Aymar et Alix de Saint Venant essaient par ailleurs de toucher un public plus jeune grâce au Garden game, un jeu grandeur nature pour découvrir le domaine au 10 000 visiteurs annuels en s’amusant. Munis de leur livret (5 € à l’accueil), les enfants doivent, tout au long de la visite, répondre à des énigmes réparties sur les cinq hectares. « Il y a un côté très ludique, avec des jeux, des mots croisés, des rébus… », détaille Maurine Soudier. Et les adultes peuvent eux aussi participer. « Ils se prennent parfois au jeu, plaisante-t-elle. C’est assez complémentaire avec la visite des adultes. Nous mettons parfois un peu de difficultés pour qu’ils aident les enfants. » Chaque année, le parcours évolue et les énigmes sont différentes. Ce qui permet aux locaux de revenir, sans avoir l’impression de toujours faire la même chose.

Cet été, le château de Valmer accueille également une exposition, en partenariat avec l’association des parcs et jardins en région Centre-Val de Loire (APJRC), intitulée « Regards croisés ». Sur le thème de l’eau, elle compare des châteaux, parcs et jardins de la région à d’autres qui leur ressemblent en Allemagne. Les propriétaires célèbreront par ailleurs la saint Fiacre, dimanche 27 août. Au programme de cette journée à l’honneur du patron des jardiniers, concours du plus beau panier de fleurs, fruits ou légumes, concours « Testez vos connaissances potagères » mais aussi pique-nique sur l’une des terrasses dès 13 h.

Rassembler les gens

Tous ces rendez-vous ont un même objectif : rassembler les gens. « C’est quelque chose qui nous tient vraiment à cœur. Ici, tout le monde peut se retrouver, que ce soit des novices ou des experts en botanique ou en vin, des gens qui veulent simplement découvrir de nouveaux lieux… » Selon la responsable œnotourisme, il est cependant essentiel de s’adapter à chaque public. Les visites guidées seront ainsi plus poussées pour des connaisseurs ou plus ludiques pour des colonies de vacances. « Le jardin est un patrimoine vivant, les plantes changent. Nous pouvons donc aussi faire évoluer notre parcours de visite sans cesse. Ce n’est pas une visite rébarbative. D’une année sur l’autre, voire entre juin et septembre, ce ne sera pas la même chose. Il n’y a pas ce côté mécanique, où l’on répète toujours la même chose », affirme-t-elle. Et avec 2 500 à 3 500 plantes, « Valmer a un terrain de jeu presque illimité au niveau des animations et des visites ».  

Hors périodes estivale, Aymar, Alix et Jean de Saint Venant organisent par ailleurs, deux fois par an, des caves ouvertes. Le public peut alors visiter la cave troglodytique du XVIe siècle, habituellement fermée au public, et en apprendre davantage sur le savoir-faire des producteurs avec le vigneron comme guide. « Cela nous permet de mettre en avant notre patrimoine viticole et œnologique, complémentaire de l’activité botanique. » La prochaine édition aura lieu les samedi 25 et dimanche 26 novembre. Un marché de Noël se tiendra au même moment, avec des producteurs et artisans locaux. Le domaine participe également à différentes manifestations tout au long de l’année : journée du patrimoine en septembre, bons plan(t)s de Valmer en avril, Rendez-vous aux jardins en juin… « Nous sommes toujours dans l’idée de donner un coup de peps au domaine et de partager notre patrimoine. » Le château de Valmer fermera ses portes le 1er octobre et rouvrira pour deux semaines, du 21 octobre au 5 novembre, à l’occasion des vacances de la Toussaint. Puis, en attendant le début de saison 2024, le domaine sera toujours accessible, sur rendez-vous uniquement.

Jean de Saint Venant au sein des caves du château de Valmer. (Crédit : Léonard de Serres)
Un degré en plus

Château de Valmer, 37120 Chançay. Horaires, jusqu’au 1er octobre 2023 : du mercredi au dimanche, de 14 h à 20 h. Tarifs : 12 € ; 10 € pour les étudiants, demandeurs d’emploi ou familles nombreuses ; 8 € pour les enfants de 11 à 18 ans ; gratuit pour les enfants jusqu’à 10 ans et membres de la Royal horticultural society. Renseignements au tél. au 02.47.52.93.12 ou sur le site web www.chateaudevalmer.com.

Photo à la Une : Château de Valmer (Crédit : Léonard de Serres)

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