Artiste-transformiste, des hommes imitant des femmes, un métier pas comme les autres.

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En 2014, le projet Trans Murder Monitoring a dénombré 226 personnes transgenres assassinées de par le monde. A l’occasion de la Journée internationale en souvenir des victimes de la transphobie qui se tient ce vendredi 20 novembre, nous sommes partis à la découverte de ceux qui aiment jouer avec le genre et ses codes. Nous avons rencontré Maxime Fauvaux, artiste-transformiste.

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37° : Qu’est-ce qu’être artiste transformiste ?

Maxime Fauvaux : Il y a plusieurs types de transformismes. Au départ, ça consistait à ressembler à des femmes. C’est un homme qui joue le rôle d’une femme. Aujourd’hui, le métier a évolué. On peut aussi prendre l’apparence d’un homme. J’ai par exemple interprété le rôle du chanteur M. car il a un jeu de scène et une apparence uniques. Mon objectif est de faire voyager le public dans différents univers, principalement en caricaturant la femme et la « folle ».

37° : Et quelle différence entre transformisme et travestissement ?

Maxime Fauvaux : Il faut d’abord savoir qu’Il y a toujours eu des hommes qui s’habillent en femmes et cela depuis l’Antiquité. Le travestissement, c’est un homme qui s’habille en femme ; le transformisme, c’est un homme qui s’habille en femme sur scène. Quant aux drag-queens, ils sont propres au milieu gay. C’est un transformiste qui pousse le trait encore plus loin, avec des costumes extravagants, des perruques grandiloquentes… comme dans le film « Priscilla, folle du désert ».

37° : Y-a-t-il une préparation particulière pour jouer un personnage ?

Maxime Fauvaux : Il faut compter environ une heure de maquillage, mais tout dépend du personnage. Je dois gommer mes traits masculins en me rasant ou en m’épilant les sourcils. Je dois aussi travailler les ombres masculines de mon visage, notamment la base. Certains n’imaginent pas que c’est une profession, mais il ne suffit pas de mettre des talons hauts et du rouge à lèvres : c’est un vrai métier qu’il est indispensable d’aimer. Il faut par exemple pouvoir réagir et improviser face aux réactions du public.

37° : Quels sont les personnages que tu as l’habitude d’imiter sur scène ?

Maxime Fauvaux : J’interprète des artistes aussi variés que Mistinguett, Line Renaud, Bibie ou encore Maria Ulrika Von Glott. Je peux également proposer des tableaux chorégraphiés, comme il en existe au Moulin Rouge, ou improviser.

37° : Ce n’est pas commun comme profession, comment es-tu devenu artiste-transformiste ?

Maxime Fauvaux : Quand j’étais gamin, j’aimais regarder des revues transformistes. Voir un visage d’homme avec des jambes de femme était fascinant. Je me suis donc orienté vers l’improvisation théâtrale en 2004 au Théâtre de l’Antre avant de faire une année au conservatoire. Je me suis également formé en autodidacte, car il n’y a pas d’enseignement en la matière. J’ai regardé des photographies et des vidéos pour apprendre à me maquiller. On peut être transformiste sans être comédien. Moi, je ne peux pas, car il faut interpréter un rôle. Par la suite, j’ai eu l’opportunité de rencontrer quelqu’un du métier. Il m’a permis d’intégrer un cabaret où je propose chaque fin de semaine une revue. Aujourd’hui, je suis intermittent du spectacle.

37° : Comment a réagi ton entourage quand tu leur as dit que tu te maquillais en femme et que tu allais travailler pour un cabaret ?

Maxime Fauvaux : Il n’y a eu aucune animosité de leur part. Mes amis et ma famille savent que j’ai toujours voulu faire ce métier. Ils sont même contents que je puisse en vivre.

37° : Ta famille est plutôt ouverte, il en est de même du public qui assiste à tes performances ?

Maxime Fauvaux : Dans 98% des cas, c’est un public enthousiaste et amateur. Cependant, j’ai fait face à des gens réticents et mal à l’aise. Beaucoup ont des a priori, car ils imaginent quelque chose de sexuel ou de vulgaire. A la fin du spectacle, la tension retombe car ils constatent que l’image qu’ils avaient des cabarets n’a rien à voir avec la réalité.

37° : Un artiste-transformiste remet en cause la hiérarchie des genres. Quelle est ta position face à des mouvements nés de la Manif pour tous, qui nient la construction sociale et culturelle du genre ?

Maxime Fauvaux : Les gens viennent au cabaret pour se détendre, passer un moment unique. Je ne fais donc pas de politique. Pourtant, il est vrai que faire mon métier, qui remet en cause le genre masculin et féminin, est un acte militant. Quand on improvise, on peut faire des allusions à la politique, mais moi je préfère être indifférent aux messages de haine développés par ces mouvements.

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37° : Et toi, tu te sens homme ou femme ? Ce n’est qu’un rôle ou un peu plus ?

Maxime Fauvaux : Je ne me sens pas Michel Serrault dans « La cage aux folles ». Je suis un homme qui a une vie d’homme. Sur scène, je suis un homme artiste qui interprète des rôles féminins. Il ne suffit pas de se maquiller pour être une femme. Ce serait dégradant. C’est un ressenti.

37° : Chaque année, des centaines de personnes transgenres se font assassiner. De nombreuses personnes prennent la notion de genre au pied de la lettre, qu’en penses-tu ?

Maxime Fauvaux : Que l’on assassine en rapport à son identité sexuelle ou son identité de genre, ou toute autre raison, me fait réagir. Je ne comprends pas qu’on puisse être prêt à vouloir la mort d’un autre être humain sous le seul prétexte qu’il soit différent. Si les gens prennent cela au premier degré, c’est parce qu’ils manquent de discernement mais aussi d’éducation.

Mickael ACHARD

crédits photos : Maxime Fauvaux

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