A la découverte d’un hobby peu connu : le jeu de figurines

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Romain Simonet, contrôleur de gestion à Tours, entretient depuis une vingtaine d’années une passion peu connue du grand public : le jeu de figurines. Dans cette interview, il nous explique son histoire avec ce hobby bien particulier mais aussi les problématiques qui en découlent telles que le coût du matériel, la place de la gent féminine dans la communauté, etc… Romain nous parle également du Maelström Tourangeau, l’association tourangelle de joueurs de figurines dont il assure la présidence depuis 3 ans. 

Avant d’entrer dans le cœur de l’interview, une définition s’impose sur ce qu’est le jeu de figurines.

Pour résumer, ce sont des jeux d’escarmouche, en un contre un, où chaque joueur dispose ses figurines, peintes et montées avec soin, sur une table aménagée avec des décors. Le principe, simuler des batailles avec des lancers de dés pour chaque action de jeu. Ici, le maître-mot est la stratégie. 

Il existe plusieurs jeux différents avec des univers divers et variés (futuriste, historique, fantaisie, …). Si ce hobby peut être considéré comme plutôt de niche, il représente tout de même une importante communauté. On compte plus de 250 clubs partout en France. 

Comment avez-vous connu les Jeux de figurines ? 

Oh c’était il y a très longtemps ! Je dirais vers 2001-2002. J’ai connu ça par des copains quand j’étais au collège. Ma mère m’a acheté une boîte de Warhammer Fantasy. Je me rappelle de la phrase qu’elle m’a dite quand elle me l’a donnée, elle m’a dit “Je te préviens, tu n’arrêtes pas dans quinze jours ! “. Parce que c’était quand même assez cher, genre 50€. Donc j’ai commencé avec mon petit frère puis, arrivé au lycée, j’ai commencé à y jouer sérieusement. J’étais d’ailleurs, au départ, plus attiré par le côté modélisme. 

Et comment a évolué ce hobby ? 

J’ai pendant longtemps fait beaucoup de peinture plus que du jeu en lui-même. Puis, avec les années, le jeu prenant moins de temps que la peinture, j’ai recommencé à vraiment jouer. Je pense que ça vient avec la maturité. Je suis quelqu’un d’assez matheux et le fait d’arriver dans un jeu où on calcule des probabilités ou ce genre de chose, on commence à plus apprécier au fil du temps. J’ai longtemps joué avec des amis jusqu’en 2015. Cette année-là, le principal jeu auquel je jouais a été stoppé par l’éditeur, c’était Warhammer Fantasy Battle. Et donc avec un copain, on s’est mis à jouer à d’autres petits jeux. On a décidé de trouver une association pour rencontrer plus de monde et c’est comme ça que je suis arrivé à Maelström.

Et puis au fur et à mesure des années, on gagne en responsabilité et on finit par prendre la présidence. 

Est-ce que votre hobby et la direction du club vous prennent beaucoup de temps ? 

Disons que j’arrive de moins en moins à tout faire. Parce que il y a les enfants, le travail, et tout cumulé ça commence à être vraiment difficile et je le sens vraiment cette année. Ça fait 6 ans que je suis à la direction dont 3 ans en tant que président. Donc l’année prochaine, je passerai la main parce que ça commence à prendre beaucoup trop de place. Niveau adhérents, on est aujourd’hui 90 donc ça fait du monde. 

Surtout que vous n’avez pas vos propres locaux, c’est compliqué à gérer  ? 

C’est le problème de Tours. On n’est pas une association basée sur un jeu connu de tout le monde, comme peuvent l’être les échecs ou le scrabble. Les pouvoirs publics n’ont pas encore un super regard sur nous. J’ai l’impression qu’ils nous prennent un peu comme des grands gamins, c’est malheureusement souvent l’image qu’est véhiculée des joueurs de figurines. Quand on nous voit, on voit deux gars qui jouent avec des figurines en plastique peintes sur une table. Mais si on s’approche assez, on voit que ça se rapproche vachement des échecs. Pourtant, on n’a pas le même prestige. Donc, on est obligé de se lier avec d’autres associations comme la Maison des Jeux de Touraine (située au 7 rue Toulouse Lautrec à Tours) qui nous accueille très gentiment. 

Est ce que vous investissez beaucoup dans les figurines ? 

Oui aha. Enfin, je pense que, en moyenne, je dois mettre une centaine d’euros par mois. Mais c’est sans compter les frais d’inscription pour les tournois, surtout que j’en fais au moins 5 ou 6 par an. Mais sinon pour les figurines en elles-même, ça dépend des mois mais disons que je peux aller jusqu’à 300-400€. Après, ça comprend aussi le matériel de peinture et j’aime bien aussi acheté des goodies, genre des dés assortis avec l’armée, etc. 

Mais j’évite au maximum d’acheter du neuf. Il y a des boites qui sont premières sur le marché qui coûtent plus de 110€. C’est un vrai sujet. Quand j’étais gamin, c’était 20€ les 20 figurines. Aujourd’hui, on est rendu à 50€ les 5, c’est compliqué ! Mais après, ça s’accorde avec le vieillissement de la population. C’est à dire que les joueurs comme moi qui ont commencé il y a 20 ans, aujourd’hui ils sont adultes et donc ils ont du pouvoir d’achat. Le problème c’est que ça bloque les jeunes générations qui n’ont pas vraiment les même moyens …

Il y a beaucoup de jeunes dans l’association ?

Eh bien nous le problème c’est qu’on organise des séances le soir en semaine et quelquefois le dimanche, donc des créneaux qui arrangent les adultes. Alors que, par exemple, le club des Thermo-Piles à Avoine ouvre le samedi après-midi, donc des horaires parfaites pour des étudiants. Ils arrivent à avoir plus de jeunes de moins de 20 ans.

Mais on a quand même de plus en plus de vingtenaires qui arrivent. Parce qu’ ils ont l’âge d’avoir les moyens de se payer des figurines. La moyenne d’âge aujourd’hui du club est autour de 30-35 ans. 

C’est quoi votre figurine la plus chère de votre collection ? la plus belle ? 

Alors la plus chère, je crois que ça doit être une très grosse pièce qui m’a couté 80€.

Et la plus belle, je pense que c’est mon slann, c’est un gros crapaud et c’est le chef de l’armée des hommes-lézards. C’est ma préférée parce que c’est celle que j’ai le plus adoré peindre et c’est aussi la première armée que j’ai jouée donc il y a pleins d’affects.

Est ce qu’il y a beaucoup de filles qui jouent ? 

Très peu et je pense que c’est en lien avec quelques problématiques de comportements de certains joueurs. Globalement, dans la communauté, on a un hobby qui est très large avec une palette d’âge étendue. Le plus jeune de l’association à 19 ans et le plus ancien doit avoir 61-62 ans, donc ça fait un sacré écart. Moi je trouve que, parfois, il y a des problèmes de compréhension de la part de certains anciens qui ont, de temps temps, des comportements assez misogynes et toxiques. Ce qui empêche les filles de venir jouer.

Déjà l’univers des jeux de figurines et l’univers fantaisie sont plutôt vus comme intéressant davantage les garçons. 

Mais malgré tout, aujourd’hui on compte quand même 3 filles dans le club alors qu’on n’en avait pas du tout avant. 

Après, on observe quand même beaucoup de filles qui s’intéressent plutôt au côté modélisme du jeu de figurine. On le voit d’ailleurs dans les tournois de peintures comme ceux qu’organise une association à la Ville aux Dames. On voit que c’est beaucoup plus féminisé que les tournois de jeu. 

Pourquoi est-ce important d’avoir des clubs comme celui de Maelström ? 

Pour permettre aux gens qui n’ont pas forcément de joueurs de figurines dans leur entourage de pouvoir rencontrer des gens qui ont la même passion qu’eux. Ce sont des lieux qui permettent de trouver des choses qu’on n’aura pas chez soi. Notamment de la place parce que, mine de rien, une table de jeu mesure à peu près 1m80. Tout le monde n’a pas autant de place chez soi. Ça permet aussi de donner accès à tout le matériel de décors directement sur place, sinon tu es obligé de te trimballer des planches, les décors, des tapis,… 

En résumé, il faut qu’il y ait des associations comme la nôtre sinon il n’y aurait pas de communauté. 

Quel est votre jeu préféré ? 

Alors je joue à pleins de jeux mais pour l’instant mon jeu préféré ça reste 9th âge (jeu de batailles dans l’univers médiéval fantastique) parce que c’est sur ce jeu que je fais le plus de tournois. 

Armée appartenant à Romain

Qu’est ce que vous aimez le plus dans le jeu de figurine ? 

Eh bien tout (rire) ! C’est justement un hobby parce qu’ il y a tout ce que j’aime. J’aime bien me poser pour confectionner une liste d’armée en étudiant ce qui est fort et ce qui ne l’est pas, en appliquant un style de jeu que j’aime. Mais j’apprécie aussi juste jouer comme ça, sans grosse préparation. Surtout, j’aime jouer sur table et vraiment partager un moment avec des passionnés comme moi (parce que il y a aussi la possibilité de jouer en ligne sur un logiciel comme Warhall). J’adore bien sûr le côté stratégique, réfléchir à comment prendre telle zone, de quelle manière attaquer … Et évidemment tout le côté modélisme ! Alors par contre il y a un truc que je déteste, c’est le montage des figurines mais malheureusement c’est un passage obligé (rire). 

Des conseils pour celles et ceux qui veulent commencer à jouer ?

Alors, déjà, il faut trouver un univers qui nous plait. Il existe pleins de jeux différents. Il y a beaucoup de Star Wars en ce moment, mais il y a aussi de la fantaisie, de l’historique, … Après Game Workshop (principal éditeur de jeux de figurines) offre aujourd’hui pas mal de bons packs de démarrage avec un chef d’armée et quelques unités qui permettent de faire des parties juste avec cette boite d’initiation. 

En jeu pour débutant, il y a le Trône de fer qui est pas mal. On achète une boite à 80€ et il y a tout dedans : le livre de règles, de quoi jouer une armée entière avec tout le matériel, des petits décors, etc.. C’est hyper bien fait. 

Surtout, mon conseil est de commencer par des jeux majeurs plutôt que de tout de suite rentrer dans des jeux de niche.

Crédits Photos : Association le Maelström Tourangeau

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