Le 24 mars 2006, TV Tours émettait pour la première fois. Un anniversaire que la chaîne de TV locale fête fièrement cette semaine. L’occasion de revenir sur cette aventure et s’interroger sur le rôle d’une TV locale, 15 ans après son lancement…
« On ne fait pas de la sous-TV ». Aurélie Renault fait partie des figures de TV Tours Val de Loire. Présente depuis le lancement de la chaîne de télé locale le 24 mars 2006, la journaliste et rédactrice en chef adjointe est catégorique : TV Tours n’a pas à rougir du travail effectué : « Que ce soit en local ou en national, le fond du travail est le même et nous le faisons avec le même sérieux et professionnalisme. »
« Au début les gens nous prenaient un peu pour Groland, mais c’est vite passé » plaisante-t-elle, en revenant sur les débuts. Après avoir travaillé pour le groupe Canal+, Aurélie Renault a rejoint Tours pour faire partie de la jeune équipe embauchée pour lancer l’aventure TV Tours. Nous sommes au milieu des années 2000 et le gouvernement et le CSA appuient alors la création des chaînes de TV locale en lien avec l’arrivée de la TNT (Télévision Numérique Terrestre). En 10 ans, on passe à l’échelle de la France d’une petite dizaine de chaînes locales à une quarantaine encore présentes aujourd’hui. Si certaines aventures furent éphémères comme Orléans TV ou Angers TV, à Tours, fort de l’appui du groupe La Nouvelle République, propriétaire de la chaîne et d’un soutien des collectivités locales dans le cadre de contrats d’objectifs de promotion des territoires (plus de 600 000 euros de subventions par an de la Métropole, la Région et les départements d’Indre-et-Loire et du Loir-et-Cher), TV Tours réussit son pari de s’installer durablement dans le paysage médiatique local.
L’hyper proximité comme ADN premier
Il faut dire que dès le départ, les moyens avaient été mis : aménagement de locaux plutôt vastes au rez-de-chaussée du siège de la NR, avec un plateau conséquent, n’ayant rien à envier à certaines chaînes de plus grande envergure. Une vingtaine de personnes sont embauchées dès le lancement entre les journalistes (9 aujourd’hui à la Rédaction), les techniciens pour la régie, les infographistes, les commerciales… pour animer et faire vivre l’antenne également. Un chiffre conséquent pour une chaîne au budget de fonctionnement d’1,6 millions d’euros par an, soit à peine plus que la moyenne des chaînes de TV locales, 1,5 millions d’euros en moyenne selon un rapport du CSA en 2017.
Mikaël Texier est arrivé en 2019 à la tête de la Rédaction de la chaîne en provenance du Mans où il encadrait une équipe de 5 journalistes. A TV Tours c’est le double en comptant les stagiaires qu’il dirige. Un changement d’envergure pour deux chaînes pourtant à première vue similaires. « Avant d’arriver, je ne connaissais pas particulièrement Tours et TV Tours, mais je voyais la qualité formelle qu’il y avait à l’antenne. TV Tours a une belle image, c’est une TV locale de qualité et constante grâce au niveau d’exigence que nous nous imposons. »
Cette exigence, elle s’est notamment manifestée au regard du traitement de la crise du Covid, version printemps 2020 pour Mikaël Texier. « Nous avons réussi à maintenir un JT chaque soir » se rappelle-t-il fièrement. « J’en suis fier car c’était important, on sentait vraiment l’attente des téléspectateurs. Cela a renforcé notre rôle de média d’hyper-proximité faisant de l’information services. »
JT maintenu mais aussi nouveaux formats comme la « Cure de Détox » pour lutter contre les fake-news ou encore le « Confi-Tilt », déclinaison light et à domicile du talk-show vedette de la chaîne animé par Emilie Tardif. Deux exemples de formats qui résument l’ADN de la chaîne pour le Rédacteur en Chef : « Être à la fois dans la news pure mais aussi dans l’info positive qui contrebalance l’actualité parfois pesante. »
La TV, un média en évolution
Grâce à cet ADN, avec 186 000 téléspectateurs par semaine selon les audiences Médiamétrie, TV Tours a donc trouvé son public. Pourtant, si la TV était le medium star au milieu des années 2000, l’est-elle toujours 15 ans plus tard avec l’émergence de nouvelles formes de médias et des réseaux sociaux qui ont détourné la façon de consommer de l’information ?
Cela ne fait pas de doute pour nos interlocuteurs. « Quand on est sur le terrain, avec la caméra et le micro on ressent l’impact que l’on a » affirme Romain Delville, journaliste de la chaîne, arrivé comme stagiaire en 2006 et qui est resté depuis. « Les gens sont souvent curieux de nous voir dans la rue avec la caméra sur pieds, ils se demandent quel sujet on est en train de traiter et certains viennent nous parler. » Un exemple de la proximité qui anime le travail quotidien des journalistes. Cette proximité, « c’est notre force » affirme aussi Aurélie Renault, en évoquant l’ancrage dans le territoire. « La TV garde une certaine aura sur les gens, et en plus avec TV Tours ils peuvent avoir un contact direct et passer assez facilement à l’antenne, ce n’est pas impossible, il y a un côté moins inaccessible que les chaînes nationales. »
Malgré tout, nous le disions, les évolutions de consommation de l’information, l’émergence de nouveaux formats sur le web ont forcément bouleversé les choses en 15 ans. Là encore, Aurélie Renault et Romain Delville voient cela de façon pragmatique et positive. Pour la première, cela a même permis de renforcer le contact direct avec le public. « Par exemple, ce n’est pas rare que l’on envoie des demandes de témoignages sur les réseaux sociaux et cela répond généralement assez bien. » Positif également pour l’impact de la marque et de la chaîne dans le territoire, avec notamment l’utilisation de nouveaux canaux de diffusion nous explique-t-on, qui permettent de toucher un public qui ne regarde pas forcément la chaîne à la TV.
Des évolutions qui se sentent également dans la manière de travailler avec l’émergence de plus en plus forte de ce qu’on appelle le « Mojo » pour journaliste mobile, c’est-à-dire le fait de partir en reportage de façon légère avec juste un smartphone et une crosse légère. Aujourd’hui à TV Tours, chacun s’adapte selon ses envies et certains ont déjà franchi le cap. « Cela n’a plus rien à voir avec les grosses caméras du début » en rigole Aurélie Renault, convertie et adepte des petits stabilisateurs pour smartphones. Pour autant, tout ne se fait pas encore en mode « mobile » et les caméras « classiques » restent la norme principale pour l’instant sur les reportages. « D’un point de vue technique, dans l’avenir, le smartphone s’imposera de lui-même, c’est déjà de plus en plus le cas aujourd’hui » reconnaît Mikaël Texier.
Crédits photos : Jérémy Clavier – TVTours-Val de Loire
article bas ad