[Tourangeau en Vadrouille] : Yorick a terminé la Diagonale des Fous

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Sur l’Île de La Réunion, il existe un trail mythique, une aventure qui fait rêver les grands sportifs : la Diagonale des Fous. 167km, près de 10 000m de dénivelé positif… Dantesque mais très prisé : chaque année, seuls 2 700 dossards sont attribués par tirage au sort. Yorick Luka et deux amis pompiers ont eu de la chance : le nom de ces trois tourangeaux est sorti du chapeau. Ils ont reçu un passeport pour en baver… Tous ont réussi à franchir la ligne d’arrivée près de 2 jours après leur départ (alors que le vainqueur a mis moins de 24h). De retour en métropole, Yorick nous raconte l’aventure la plus dingue de sa vie.

Yorick a 30 ans et le sport, c’est sa vie. Coach en salle près des Halles de Tours depuis 10 ans, il est adepte « des sports d’ultra endurance. » En août dernier, il a réussi son premier Iron Man à Vichy. C’est-à-dire qu’il a enchaîné 3,8km de natation, 180km de vélo et un marathon (42km195), le tout en 11h45 : « pas mal pour un premier long format » commente-t-il aujourd’hui.

En surpoids à son adolescence, Yorick a misé sur le sport et ça a marché : « j’ai découvert une passion et une vocation. » Licencié à Joué-lès-Tours pour faire du cyclisme, il s’est également mis à courir, jusqu’à terminer 25ème des 20km de Tours en 2016, en 1h17. Nouveau défi il y a deux ans : le jeune homme débute le triathlon avec l’objectif de se préparer pour un Iron Man, l’épreuve la plus difficile de la discipline. « J’ai cette capacité à développer une certaine endurance ce qui m’amène à me pousser pour relever des défis et des challenges », explique-t-il, « cela me permet de me prouver à moi-même et aux personnes que j’encadre que tout est possible. » Tout, y compris la Diagonale des Fous.

Avant le départ…

L’ambitieux pari de partir à La Réunion a germé dans l’esprit de Yorick il y a un peu plus d’un an, en septembre 2016, « avec une bande d’amis pompiers de Tours. » « Au début, on était 5 mais l’épreuve est sur tirage au sort. Du coup, seuls 3 d’entre nous ont été sélectionnés parmi les 2 700 participants. » Le tirage au sort n’est pas la seule étape à franchir pour avoir son dossard : « avant de se présenter, il faut se qualifier en faisant quelques courses de préparation ailleurs pour accumuler des points. » Yorick en a bouclé deux : à Barcelone et Mandelieu (Var).

Entre l’annonce de l’acceptation de sa candidature et le départ de la course le 19 octobre, le sportif tourangeau a eu 8 mois pour se préparer : « heureusement, il y a plein de conseils sur le site de l’événement en matière de podologie, de préparation musculaire ou de nutrition. J’ai aussi échangé avec un ami pompier qui l’avait déjà fait afin de connaître les spécificités du parcours, les particularités du climat ou le matériel nécessaire à emporter. Ça m’a permis de construire une stratégie pour optimiser la course. »

Le 15 octobre c’est le grand envol : direction l’Océan Indien. 3 jours sur place pour s’acclimater puis c’est le moment tant attendu : le départ, un jeudi soir à 22h… « C’est une super ambiance, toute l’île vient se mobiliser pour nous encourager. Il y a de la musique de partout, des gens qui dansent. Et c’est comme ça sur les 5-6 premiers kilomètres de la course. Même quand on monte dans les terres, dans les champs de canne à sucre, il y a du monde. Les gens nous soutiennent partout, y compris à 4h du matin au milieu de nulle part, c’est impressionnant » se souvient Yorick.

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Pendant la course…

Équipé d’un sac avec réserve d’eau, couverture de survie, veste chaude, nourriture, matériel médical, grosses chaussettes ou encore lampe frontale, le coach tourangeau s’élance donc à l’aventure, dans la nuit noire… Son objectif n’est pas de faire une performance à tout prix mais d’arriver, de « bien vivre » ce moment, d’en profiter au maximum :

« C’est une chance de passer à travers l’île, d’emprunter des chemins quasiment inaccessibles pour le grand public et de pouvoir admirer les paysages : on visite quasiment l’ensemble de La Réunion. J’ai vu des levers et couchers de Soleil somptueux et la végétation est juste magnifique. »

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« La Diagonale des Fous, c’est une course à émotions » poursuit Yorick, qui n’est pas encore totalement redescendu de son nuage. Pendant le trail, il fallait être vigilant à chaque instant : « le plus difficile ce sont les descentes. Il faut faire attention, on peut se blesser très vite. » Lui s’en sort bien, « à part une ou deux frayeurs sur les chevilles. » Il faut également dompter la nuit, qui tombe dès 18h30 jusqu’à 5h le lendemain matin : « la première nuit a été rapide, la deuxième plus délicate car je me trouvais dans des passages très accidentés. Vers 20h, j’ai ressenti un peu de fatigue mais j’ai réussi à me remotiver en mangeant un repas chaud. »

Pour tenir le choc, chacun sa méthode. Le Tourangeau a choisi de se concentrer au maximum sur le trajet et les alentours : « j’ai écouté 2-3h de musique seulement. J’étais plus souvent distrait par le paysage. » Et même s’il s’est vite séparé de ses deux coéquipiers, il ne s’est jamais ennuyé : « la course se vit assez seul mais on croise les autres en chemin, on échange sur les ressentis, la difficulté. Il y a beaucoup de solidarité parce qu’on a tous envie de finir. » Seuls 1 830 concurrents sur 2 700 sont parvenus à réaliser cet objectif.

Dans cette aventure extraordinaire, il y a quelques moments de répit : les « bases de vie » au 70ème et au 120ème kilomètre : « on peut y préparer des sacs pour récupérer des vêtements, changer de chaussures, prendre de la nourriture que l’on aime bien. » C’est aussi le moment d’échanger avec les autres concurrents, ou les proches. De passer voir le kiné ou de prendre une douche.

« Le plus dur, c’était les 15 derniers kilomètres… » raconte Yorick. « Le terrain était très technique et en plus il y a le stress de l’arrivée. On est impatient et en même temps on doit faire super attention pour arriver au bout sans se blesser. » La fatigue joue aussi… Et là, chacun son modèle. Pour le coach tourangeau, seulement deux micros siestes : « la première de dix minutes. J’avais trouvé un petit coin dans les bois. J’ai mis un réveil sur mon portable, je l’avais collé à mon oreille mais je me suis réveillé juste avant et je suis reparti bien reposé. La deuxième fois j’ai dormi 20 minutes. Je me connais, je sais que c’est un sommeil bien récupérateur qui me permet d’être opérationnel rapidement. »

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La médaille remise à Yorick

Après l’arrivée…

Yorick a terminé 791ème de cette Diagonale des Fous 2017, en 47h et 13 minutes. Il se souvient de l’ambiance de l’arrivée, sa compagne qui le filme, l’ovation du public : « c’est la seule course où le dernier est plus applaudi que le premier parce qu’il a passé 3 nuits dehors. » Et puis il fait le bilan… Les chaussures neuves achetées spécialement pour le voyage sont « en piteux état » mais il n’a pas eu besoin de les changer durant le parcours. Avec sa médaille, elles font désormais partie des trophées qu’il garde précieusement. Ensuite, il faut reprendre des forces : « j’ai mangé car j’ai perdu environ 5kg pendant la course. L’assiette de carry poulet c’était le réconfort ! 1h30 après, j’ai pris une douche chaude et je me suis assoupi. J’étais hypnotisé par ce que je venais de vivre. »

Endormi à 23h et levé dès 6h le lendemain, l’aventurier tourangeau se souvient s’être senti « en forme », « mais deux jours après j’ai eu de grosses courbatures au niveau des cuisses. J’ai aussi mis du temps à rattraper le sommeil, et je le rattrape encore aujourd’hui. » Resté quelques jours sur place pour profiter de La Réunion, il a récupéré petit à petit, notamment en faisant une petite rando de 15km sur le célèbre Python de la Fournaise, LE volcan de l’île.

Désormais de retour en Touraine, il explique qu’il va récupérer doucement jusqu’en début d’année prochaine avant de préparer un nouveau défi : le Tours’N’Man, un Iron Man organisé pour la première fois par Tours Événements. Son objectif : 10h30, soit 1h15 de mieux que sa dernière performance sur une épreuve similaire. En attendant, peut-être, de tenter une deuxième fois la Diagonale des Fous.

Quelques photos de Yorick pendant le raid…

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