La Boîte Noire régale avec ses expositions érotiques

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Depuis 9 ans, Agathe Place termine l’année avec une exposition d’œuvres érotiques. Pour 2017, 22 artistes  originaires de Touraine (ou pas) se sont prêté(e)s au jeu pour ce qui est désormais un rendez-vous phare de l’agenda culturel de décembre. Retour sur une aventure audacieuse et (dé)culottée.

On retrouve Agathe Place à une heure du vernissage de l’édition 2017 des Petits Formats Érotiques. La galeriste de La Boîte Noire installée au bout de la Rue du Grand Marché de Tours est fidèle à ses habitudes : elle prévoit de recevoir ses invités avec des rillettes, du saucisson, des bulles de Loire et des fraises Tagada. Elle qui craignait d’être un peu stressée lors de ce rendez-vous se montre finalement détendue, joviale et taquine. Comme à son habitude, en fait. Entre deux tartines, elle nous raconte l’histoire d’un projet imaginé pour se démarquer des autres devenu aujourd’hui un véritable pari artistique. Un accrochage attendu, au point qu’un élu habitué des lieux fait en sorte de passer en avance pour acheter 3 œuvres qui lui ont direct tapé dans l’œil. Et ce n’est pas le seul à user de la combine.

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Si La Boîte Noire existe depuis 5 ans, cette année c’est la 9ème édition des Petits Formats Érotiques : « en décembre, tout le monde fait des petits formats pour les cadeaux de Noël. C’est d’ailleurs une bonne idée pour que les gens puissent accéder à l’art. De mon côté, j’ai voulu me démarquer et j’ai trouvé cette idée pour permettre aux parents de se faire un Noël drôle et décalé. »

« Ce n’est pas grave, c’est de l’art ! »

Original et unique, le concept surprend, déroute, mais les artistes qui connaissent déjà bien Agathe se lancent dans l’aventure :

« Ils étaient plutôt intrigués mais assez partants… C’était un sacré challenge pour eux, surtout ceux dont ce n’est pas du tout le thème. Finalement, ils ont tous joué le jeu et se sont essayés à ça. C’était hyper intéressant car ils allaient aux antipodes de ce qu’ils faisaient d’habitude, certains n’y arrivaient pas mais d’autres ont fait des choses incroyables au point de poursuivre sur ce chemin là car cela fonctionnait bien. »

« Je me régale dans tous les sens, c’est une super aventure » résume aujourd’hui Agathe Place quand elle regarde dans le rétro… « La première fois pas mal de curieux se demandaient ce que c’était que ce truc. Maintenant ils savent que ce n’est pas grave, c’est de l’art. Ils se sont habitués… et ils en redemandent ! » Son projet plait tellement que les artistes sont nombreux à lui soumettre idées et projets : « j’ai presque un an d’avance pour mon exposition » s’amuse la professionnelle régulièrement contactée par des artistes qu’elle ne connait pas et qui ne sont pas forcément de la région. Il y en a même qu’elle démarche en vue d’autres expositions et qui lui disent « ah oui ! C’est vous Les Petits Formats Érotiques ! »

« L’objectif c’est que les gens se fassent plaisir »

« Je choisis les œuvres et je n’ai pas d’interdits mais je fais attention. Moi ça m’amuse, donc j’ai l’impression d’amuser tout le monde. Je n’ai pas l’impression que ça puisse choquer ou déranger, ou alors que ça puisse être mal interprété. Parfois il faut se dire que ‘zut, ça va les conventions !’ On a le droit d’être léger au moins une fois dans l’année, ça fait du bien. » Pourtant, l’expo a ses détracteurs : « quand il y a des réactions difficiles, un peu crues, ça m’étonne tout le temps. Ma démarche est ludique, l’objectif c’est que les gens se fassent plaisir et voient autre chose » poursuit Agathe Place qui s’avoue toujours surprise quand un couple s’approche de sa vitrine et que Madame ou Monsieur reste à l’extérieur…

De fait, sur les murs, ce qu’on voit ce sont des œuvres sensuelles, drôles, élégantes… Des œuvres parfois surréalistes mais aussi profondément humaines ou humanistes. S’y côtoient la folie, la séduction, la tendresse, l’audace, la légèreté ou encore la passion… « Je demande aux artistes de m’envoyer une première chose, pour voir si ça me parle. Pour certains avec qui je travaille depuis longtemps je sais d’office que ça va me plaire. Et puis parfois j’en découvre comme Delphine Cadoré sur Facebook. On ne s’est jamais vues mais aujourd’hui c’est une amie »… et cette artiste a imaginé un calendrier de l’avant avec 25 mini dessins érotiques qui est une pièce phare de cette livrée 2017 des Petits Formats Érotiques….

« Cette année il y a 22 artistes. Tous les permanents ont accepté de participer (Michel Audiard, Jean-Pierre Loizaeau, M. Plume…). Le résultat est fun, pop, vachement coloré avec plein de vitalité, comme si on en avait besoin. »

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Des œuvres drôles et sensibles

Ce qui est insolite avec ces Petits Formats…, c’est que la nature même des œuvres nécessite parfois de s’approcher très près pour en saisir tous les détails… « Cela entraîne une vraie relation avec l’œuvre d’art. » Mentions spéciales aux « glands » de Magalie Bucher ou à l’humour d’Adam qui a formidablement bien détourné les codes des super héros, sans oublier les couleurs vives de Pierre Guitton. On admire aussi la poésie de T. Léo avec le portrait d’une vieille dame nue : « elle est belle de sincérité, ça aussi c’est érotique » commente Agathe Place…

« Cette exposition révèle vraiment le Moi profond des artistes. Qui ils sont vraiment… S’ils sont pudiques, s’ils se lâchent… S’ils se retiennent ou si ils y vont à fond en explorant le thème. Il n’y a rien d’indécent : ils créent et pensent vraiment dans la création. Ils sont tous sincères. Quand je découvre leurs œuvres, je suis surprise, attendrie et émue et pendant l’expo je me régale des réactions. »

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Passionnée et investie, Agathe Place passe beaucoup de temps à préparer cet événement, au point qu’elle a rallongé sa durée : désormais l’expo dure deux mois, cette fois-ci jusqu’au 27 janvier. A chaque fois, la galeriste garde quelques souvenirs de son accrochage qu’elle achète aux artistes et qui sont « tous stockés dans la même pièce ‘érotique’ chez moi. » Autre tradition, le petit cochon sur l’affiche : « c’est une idée de mon ami graphiste Steve Ankilbeau. Il avait trouvé ça tellement drôle ces couleurs vintage, le papier de la charcuterie détourné, avec un effet de dentelle derrière… Je pense que ce visuel veut tout dire et résume parfaitement l’exposition : venez, ça va être drôle, chic et érotique. »

Toutes les infos sur la page Facebook de La Boîte Noire.

Photos dans l’article : Laurent Depeigne / Portrait : Olivier Collet

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