Régulièrement, nous vous dresserons un portrait d’une personnalité politique locale.
Elu maire de La Riche en 2014 a seulement 29 ans, Wilfried Schwartz est rapidement apparu dans les médias comme le symbole du renouveau socialiste en Touraine et plus largement avec Cédric de Oliveira, son collègue de droite de Fondettes, le symbole du renouveau de la classe politique au pays de Rabelais. Mais deux ans-et-demi après son élection et à mi-mandat, qu’en est-il de ce renouveau et quel type de maire est réellement Wilfried Schwartz ? Portrait.
Un passé militant riche
Symbole du renouvellement de la classe politique, Wilfried Schwartz n’était pourtant pas un inconnu tombé dans la politique par hasard lors de son élection. Engagé depuis 2002, suite au cataclysme du premier tour de l’élection présidentielle de 2002, le maire La Riche a fait ses classes politiques en tant que militant au MJS d’abord, puis à l’Université où il se fera élire vice-président représentant des étudiants. Un apprentissage qui l’a conduit à collaborer avec quelques ténors socialistes comme l’actuelle Ministre de la Santé Marisol Touraine dont il assura la direction de campagne lors de l’élection législative de 2007 ou encore auprès d’Alain Michel, son prédécesseur à la mairie de La Riche dont il assura pendant quatre ans la fonction de directeur du cabinet.
Un passé forcément formateur que l’actuel maire de La Riche tend néanmoins aujourd’hui à minimiser : « Même si cela apparaît rétrospectivement comme une progression linéaire et j’entends ceux qui disent que je viens du « sérail », ce n’est pas le militantisme qui m’a amené à la Mairie. On ne milite pas en se disant que l’on décrochera un poste de maire un jour. J’ai toujours vu le Parti Socialiste comme un espace de liberté et j’y ai toujours été libre dans mes choix et mes convictions ».
Celui que beaucoup ont pensé voir au début de mandat comme le digne successeur d’Alain Michel, a également rapidement cherché à s’affranchir de la figure tutélaire de celui qui est resté maire de La Riche entre 1983 et 2014. « Mon élection est une transition, il n’a jamais été question de faire du copier-coller de ce que faisait Alain Michel. En tant que directeur de cabinet, j’avais une vision du rôle de maire, mais ce n’est pas la même chose de le vivre. C’est une fonction très riche dont je mesure l’ampleur chaque jour. C’est à la fois passionnant et prenant et je pense que l’on est forcément transformé au bout d’un mandat de maire ». Pas question donc pour le maire de La Riche de se glisser dans les pas d’Alain Michel, mais au contraire, une volonté d’imprimer son style et sa vision à lui. Dès son élection, le jeune maire de La Riche affichait ainsi ses ambitions : moderniser la vie de sa cité et favoriser l’hyper-proximité avec ses habitants.
Un maire normal ?
« Les élus de ma génération, nous sommes peut-être moins attachés à la sacralisation du poste de Maire mais cela ne nous empêche pas d’avoir un profond respect pour notre fonction. Et puis La Riche c’est une ville-village où vous pouvez vivre normalement et où les liens de proximité se font naturellement » explique W.Schwartz. Un maire normal, plutôt dans l’air du temps donc ? « Je pense simplement qu’il faut simplifier les relations avec la population, que ce soit dans les relations avec le maire mais aussi avec les services municipaux dans l’ensemble. C’est d’ailleurs un des chantiers que nous avons mis en place dès mon arrivée. Nous avons essayé de faire en sorte que le contact avec l’administration soit plus direct et moins filtré avec notamment la mise en place d’outils de gestion pour le citoyen permettant des délais courts dans les échanges ».
Pour Wilfried Schwartz, un maire est ainsi avant tout un élu de terrain, que l’Exécutif devrait plus écouter nous dit-il : « Les parlementaires ont leur rôle à jouer mais il faudrait plus de contacts directs entre l’Exécutif et les élus locaux qui ont en écho les préoccupations, mais aussi les aspirations de nos concitoyens. Cette concertation renforcerait la démocratie participative. Là, notre modèle est vieillissant et ne correspond plus à la réalité du terrain ». Une réalité du terrain qui correspondrait à une attente des citoyens d’être plus associés en amont sur les grands sujets y compris en local. « Lors de la réflexion autour du nouveau PLU nous avons mis en place des carto-parties ouvertes par exemple pour associer tout le monde » cite-t-il en exemple, avant de poursuivre « il faut renouveler les modes de concertation et renforcer le dialogue ».
Le dialogue pour favoriser le vivre-ensemble nous explique-t-il qui comme un autre symbole est le nom du magazine municipal. Le dialogue pour faire comprendre ses projets et ses ambitions pour sa commune également. Car le désormais jeune trentenaire veut impulser des projets concrets : festival d’art de rue, réaménagement du centre ville, de la zone des îles noires avec accès à la Loire … Une ville qu’il compte dynamiser loin de l’image de ville-dortoir qu’elle peut encore parfois traîner. « La Riche est une ville dynamique et agréable qui va de l’avant, c’est le message que je veux faire passer » clame-t-il ainsi.
Un maire consensuel au sein d’un agglomération qui l’est tout autant
Si Wilfried Schwartz se veut maire de proximité dans sa commune, une autre facette qui marque est son aspect consensuel, notamment du côté de Tour(s) Plus où avec Christian Gatard, le maire de Chambray-lès-Tours, ils sont les seuls maires socialistes de l’agglomération. Avec une gestion de communautaire qui gomme les étiquettes politiques au profit d’une gouvernance intégrant chaque maire quelque soit son orientation politique, le maire de La Riche semble trouver toute sa place.
Si son travail est plutôt salué unanimement par ses collègues de l’agglomération, Wilfried Schwartz s’y affirme également comme un homme fort de l’agglomération mais aussi comme un leader de la gauche : « Le consensus n’empêche pas le débat et les divergences » se justifie-t-il. « Même si on fait beaucoup de quotidien dans nos villes respectives, il y a des différences entre la gauche et la droite ». En exemples : l’accueil des réfugiés pour lequel le maire La Riche a milité à l’automne 2015 avant d’en accueillir dans sa commune, l’accueil d’associations sur La Riche quittant la ville de Tours après la nouvelle politique tarifaire de location des salles municipales, le soutien à la Compagnie Cano-Lopez pendant son conflit avec la mairie de Tours… Autant de sujets ayant fait la une des médias pour lesquels W. Schwartz s’est fermement positionné.
Des positions qu’il n’hésite pas à formuler pour d’autres sujets dans le bureau des maires de l’agglomération ou en Conseil Communautaire. « J’ai des convictions et je les affirme parce que même si la gauche n’est pas majoritaire, il faut faire entendre notre voix et dire aux électeurs comment nous voyons les choses ». Le vice-président de Tour(s) Plus à la politique de la ville évoque ainsi des débats importants au sein de l’agglomération et fait entendre ses idées : « Ce n’est pas la même chose de gérer une ville comme Fondettes ou Saint-Cyr que La Riche ou Saint-Pierre, on n’a pas la même population et par exemple sur la rénovation urbaine, les logements qui vont être détruits dans les quartiers prioritaires, doivent être reconstruits en dehors de ces mêmes quartiers. La question est où reconstruit-on ces logements ? Dans même commune ou non ? C’est une discussion à aborder et je pense que nous n’avons pas forcément tous la même vision. Pour moi la logique communautaire doit primer ».
Le nouvel homme fort de la gauche ?
Étonnamment, celui qui apparaît ainsi comme un élu s’affirmant de plus en plus à gauche, se fait plus discret au sein de son propre parti. Une façon de ne pas se mouiller au sein d’un parti qui a du mal à se relever des défaites de 2014 et qui n’aborde pas de la façon la plus sereine les échéances de 2017 ? « C’est vrai que je suis plutôt discret au niveau du PS37 mais je suis les débats. Après, rien ne m’énerve plus que les gens qui s’expriment sur tous les sujets sans les connaître. Moi je reste dans mon rôle, celui d’agir en tant que maire et de fédérer les élus au sein de l’UDESR ». UDESR ou l’Union des Elus Socialistes et Républicains, réactivée l’an passé et chargée de faire le lien entre les élus socialistes et alliés d’Indre-et-Loire. Une structure dont Wilfried Schwartz a pris la présidence. Un cadre plus feutré et moins agité que celui d’un parti politique comme le PS. Bref un cadre idéal pour continuer d’avancer et de prendre du poids politiquement de façon discrète mais certaine sans avoir besoin à s’exposer dans des logiques et stratégies de parti parfois périlleuses.
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