Wilfried Schwartz candidat à la mairie de La Riche : la manœuvre politique confirmée

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Début juillet on apprenait la démission de l’équipe majoritaire au conseil municipal de La Riche. Le plus souvent ce genre de démarche fait suite à un désaccord interne ou s’inscrit dans le cadre d’un gros coup de gueule politique. Rien de tout ça ici. Les élus démissionnaires n’ont pas vraiment justifié leur acte mais l’intention réelle n’a échappé à personne : en quittant leur poste, ils provoquaient de facto une élection municipale partielle permettant l’éventuel retour de l’ancien maire Wilfried Schwartz, condamné à 6 mois d’inéligibilité pour une gifle à son directeur de cabinet en 2021. Sa condamnation prenait fin jeudi 20 juillet. Et il a diffusé sa lettre de candidature dès le lendemain.

« Lorsque je suis devenu Maire de La Riche en 2014, je m’attendais à vivre des moments difficiles après une campagne électorale où les attaques furent déjà nauséabondes. Jamais je n’aurais pensé être autant atteint sur le plan personnel, dans mes valeurs fondamentales et mes convictions » : ainsi commence le courrier de Wilfried Schwartz aux électrices et électeurs de La Riche. Il fait une page et à aucun moment il ne fait explicitement référence à sa condamnation. Pas d’excuses, pas de prise de hauteur. Il évoque simplement un « temps contraint d’introspection ».

L’homme de gauche va même encore plus loin. Reprendre sa place dans le bureau du maire serait une nécessité absolue : « je me dois d’être à vos côtés et de poursuivre le mandat pour lequel vous m’avez élu avec mon équipe par une large majorité jusqu’en 2026. » Les mots sont clairs : Filipe Ferreira-Pousos n’était qu’un intérimaire.

Cette attitude n’est pas une surprise. Wilfried Schwartz n’a jamais clairement reconnu les faits dénoncés par Albin Herbette qui était son directeur de cabinet à Tours Métropole. Procès en appel, saisine de la Cour de Cassation… Il a tenté tous les recours pour échapper à une condamnation, avant finalement d’accepter la peine de 6 mois d’inéligibilité. Avec une idée en tête : revenir dès que possible. D’ailleurs, était-il seulement parti ?

Pendant tout ce début d’année 2023, celui qui est redevenu salarié de l’Université de Tours – où il travaillait avant de passer 100% de son temps en politique – semble avoir œuvré en sous-main. L’opposition a notamment dénoncé le fait qu’il était présent en coulisses. Certains gestes ne trompent pas. Un seul exemple le 2 juillet dernier : la préfecture d’Indre-et-Loire diffuse une photo prise chez Filipe Ferreira-Pousos dont le domicile vient d’être attaqué en marge des émeutes urbaines suivant la mort de Nahel. Wilfried Schwartz est présent alors qu’il n’a aucun rôle officiel. Sa présence peut se justifier à titre amical, mais elle détonne sur ce genre de cliché officiel.

« Ces élections municipales seront l’occasion d’une part, de réaffirmer les projets que vous avez choisis et aussi de réorienter le mandat autour de nouvelles priorités qui ont émergé ces derniers mois » écrit encore Wilfried Schwartz dans sa lettre. La politique, tout de suite. Se diriger vers l’avenir. Pas question de revenir sur le passé. Et se placer en homme essentiel.

Malgré cette tentative de diversion, le scrutin prévu en septembre se fera sous le prisme de l’affaire judiciaire qui a rythmé les deux dernières années. On ne pourra pas la passer sous silence. Précisons-le clairement : le trentenaire a tout à fait le droit de se lancer dans la course à la mairie puisque sa peine a pris fin le 20 juillet. Simplement il y a derrière une éternelle question : ce qui est légal est-il forcément moral ? Les urnes en décideront.

En tout cas, l’opposition ne compte pas faire de cadeau. Dans ce domaine pour l’instant c’est Sébastien Clément qui mène la danse, via l’association Ensemble pour La Riche. Dans un communiqué, il commente la situation. Pour lui, le désir de retour de Wilfried Schwartz « c’est l’épilogue d’une dérive politique et d’une méthode de gouvernance qui nuisent à la réputation de notre ville et paralysent ses projets » et espère monter une liste « attachée à restaurer un encadrement bienveillant dans les services municipaux et à renouer les liens de confiance avec l’État et la Métropole. »

Il est vrai que cette affaire a considérablement éloigné La Riche des affaires de l’agglomération, alors qu’elle en est un des principaux moteurs par sa taille (plus de 10 000 habitants). Les coups d’éclat du maire par intérim auprès de ses collègues ont ainsi entraîné sa mise à l’écart des postes à responsabilités. L’attitude sera-t-elle identique en cas de retour de Wilfried Schwartz ? La population larichoise est-elle prête à pardonner un maire qu’elle avait largement réélu en 2020 ? Le scrutin ne manque pas d’enjeux.

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