L’affaire Volkswagen a eu un impact psychologique important auprès des acteurs publics. Alors que les avantages sur le diesel par l’Etat vont être diminués puis arrêtés d’ici cinq ans, les collectivités locales semblent elles aussi avoir pris la mesure du problème et réfléchissent de plus en plus à sortir du « tout diesel ».
Symbole de cette prise de conscience, les décisions prises à Tour(s) Plus ces derniers jours. En effet, alors que la communauté d’agglomération tourangelle avait entamé le renouvellement du parc « Fil Bleu » avec une commande de 44 nouveaux bus diesels sur les trois prochaines années, le Conseil communautaire a fait part début octobre, de sa volonté de procéder à des tests d’expertise sur les 15 nouveaux véhicules acquis cette année dans le cadre de cette commande auprès de la marque Scania, filiale du constructeur allemand incriminé. En attendant cette expertise, Jean-Gérard Paumier avait également annoncé que l’agglomération avait pris la décision de geler, par principe de précaution, la commande 2016 de sept bus supplémentaires. Une expertise qui sera menée par l’UTAC (Union Technique de l’Automobile du Motocycle et du Cycle) a-t-on appris lundi soir dans une réponse de Jean-Gérard Paumier (vice-président en charge des transports) adressée aux conseillers communautaires EELV Emmanuel Denis (Tours) et Didier Vallée (Chambray-lès-Tours).
Dans ce même courrier, signé également par Philippe Briand (président de Tour(s) Plus), Monsieur Paumier annonce qu’un budget exceptionnel de 20 000 € sera proposé au vote du prochain budget 2016 afin de lancer une étude sur les énergies alternatives et non polluantes pour le futur réseau de transport.
Des décisions qui font suite à l’alerte lancée par les élus écologistes le mois dernier. Dans une lettre ouverte, Messieurs Denis et Vallée évoquaient un problème de santé publique majeur lié au diesel : « En France, on dénombre 42 000 décès prématurés par an dus aux particules fines (cf. 2005, rapport du programme Clean Air For Europe – CAFE). Et le diesel, dont la France est « la championne du monde » en matière de consommation, est classé « cancérogène certain » depuis 2012 par l’OMS » pouvait-on lire. Les élus EELV avaient alors demandé de « débloquer un budget exceptionnel pour financer l’étude d’une unité de fabrication de biogaz et d’une flotte de bus fonctionnant avec ce carburant renouvelable capable de remplacer progressivement l’ensemble des bus de l’agglomération ». Une lettre ouverte suivie quelques jours plus tard par un rassemblement en ville pour alerter sur « l’inefficacité des filtres à particules en ville et sur les parcours de faible distance ».
Emmanuel Denis se montrait satisfait de l’annonce de lundi soir : « Cela correspond à ce que nous avions demandé. L’idée de départ de Monsieur Paumier était de financer à hauteur de 250 000 à 300 000 euros un seul bus hybride pour faire des tests. Pour nous cela ressemblait plus à de la communication qu’autre chose. Une étude coûte moins chère et nous pensons que c’est plus pertinent ».
Pour l’élu EELV, « il faut aller vers une étude plus globale en s’appuyant sur la méthanisation par exemple, cela permettrait de coupler les investissements ». En attendant d’y arriver, la décision annoncée lundi soir est une première victoire pour les élus EELV qui entendent bien la faire fructifier dans les prochains mois.