Cela fait presque un an que Tours est devenue une métropole, qu’elle est entrée dans ce club tant convoité des 22 villes françaises censées avoir l’oreille de l’État pour donner un coup de pouce à leurs projets. Mais aujourd’hui, malgré des déclarations tonitruantes, l’agglomération semble peiner à passer la seconde.
Un chiffre à retenir des vœux 2018 du président de Tours Métropole, Philippe Briand : 17, soit le nombre de millions d’€ de frais financiers en moins à dépenser par l’agglomération qui a renégocié ses crédits engagés lors de la construction de la première ligne de tramway. A l’échelle d’une institution dont le budget annuel est de 500 millions d’euros c’est plutôt pas mal. D’autant plus que même si depuis quelques années la dette de la métropole a tendance à se réduire, on ne peut pas vraiment dire qu’elle ait de quoi flamber.
Ainsi, Tours compte sur l’État pour la soutenir et le caresse dans le sens du poil. Alors que ces derniers temps les élus ont plutôt tendance à critiquer publiquement les baisses de dotations ou les réformes fiscales qui pourraient avoir des conséquences sur les budgets des collectivités locales, de son côté Philippe Briand a insisté sur le Pacte État-Métropole, celui-là même qui doit permettre à l’agglo de récupérer les 10 millions d’€ promis par Paris à chaque nouvelle métropole, et dont le versement a un temps été sur la sellette.
Pas un mot sur l’Arena
17 millions d’un côté, 10 millions de l’autre… Ces deux bonnes nouvelles financières sont essentielles pour mettre au point les gros dossiers urgents du mandat. Aller plus loin sera en revanche financièrement complexe ou entraînera fatalement une hausse importante de l’endettement. Conclusion : parmi toutes les grandes idées de projets annoncées ici ou là, il va falloir faire des choix.
Si l’on ne se base que sur les propos de Philippe Briand vendredi dernier au Temps Machine de Joué-lès-Tours, on a une petite idée de ce qui semble prioritaire : la deuxième ligne de tramway, envisagée pour 2024-2025 entre La Riche et Chambray-lès-Tours, la prolongation du périphérique au nord du côté de La Membrolle et des investissements pour améliorer la collecte ou le tri des déchets avec la création d’une usine de revalorisation capable de fournir du biogaz et d’une autre pour le tri (total : 80 millions d’euros, même si tout ne sera pas à la charge de Tours Métropole).
A côté de ça, pas un seul mot sur l’Arena imaginée pour de grandes compétitions sportives, rien non plus sur la double patinoire pensée pour les Deux-Lions et censée héberger également les locaux de la métropole qui vont devenir trop petits après les prochaines élections de 2020. Rien non plus sur la modernisation des bords de Loire, projet plutôt populaire mais extrêmement coûteux à en juger par les plans déposés par le cabinet d’architectes choisi pour travailler avec l’agglomération. Quelques mots sur l’aéroport à « conforter » et 12 secondes montre en main sur les quartiers prioritaires… juste pour remercier son vice-président Wilfried Schwartz de suivre les dossiers et de noter qu’il venait régulièrement lui demander « des sous » (sic).
Copier Lyon et communiquer de manière agressive
Pour développer la métropole, Philippe Briand a néanmoins des idées, quitte à aller les chercher ailleurs. « On n’hésitera pas à copier » dit le président dont l’inspiration du moment vient de Lyon et des « 100 entreprises d’au moins 50 salariés » qui s’installent chaque année dans la métropole du Rhône. Même le slogan touristique « Only Lyon » lui donne des idées au point de suggérer la création d’une marque « Tours Always »… dont on ignore la signification (I Loches You est bien plus explicite à côté).
La communication a donc toute sa place, voire plus. Pour l’heure, il y a 350 000€ dépensés par an pour la com’, c’est trop peu au goût de Philippe Briand qui annonce vouloir y mettre dès cette année « des moyens puissants » et « de l’agressivité ». Il se voit bien aussi recruter des « ambassadeurs » chargés d’aller prêcher la bonne parole pour Tours auprès des entrepreneurs en France et à l’étranger… comme le fait Lyon, et en plus selon lui « ça ne coûte pas cher ».
« On réussit ensemble ou on échoue ensemble » lance Philippe Briand comme un avertissement. Mais si le président fait dans le démonstratif, il ne donne pas d’objectifs datés ou chiffrés pour ne pas être pris en défaut. Reste que derrière le vernis neuf de la métropole, des projets devront sortir de terre pour convaincre les Tourangeaux de l’utilité du statut tant souhaité. 2020 arrivera vite et la communication – si rodée qu’elle est – ne suffira pas…
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