C’était attendu, à peine quelques heures après l’annonce de la démission (cette fois officielle) de Wilfried Schwartz de la présidence de Tours Métropole et l’annonce de la candidature du maire de Tours, Emmanuel Denis pour le remplacer, le débat s’est invité au sein du conseil municipal de la ville de Tours ce lundi soir.
2h c’est le temps qu’aura duré le débat sur le sujet. Un débat riche, intéressant, sur la vision des uns et des autres sur ce que doit être la métropole, entité aujourd’hui encore mal définie et sérieusement en crise suite aux événements de ces dernières semaines.
Emmanuel Denis est revenu sur la démission de Wilfried Schwartz, évoquant « une décision salutaire pour le fonctionnement de l’institution ». Candidat à la présidence face au maire de Joué-lès-Tours, Frédéric Augis, le maire de Tours a défendu l’idée d’une « métropole équilibrée » et « stratège », « territoire d’expérimentation ».
« Nous sommes la seule métropole de France qui bénéficie plus à sa périphérie qu’à sa ville centre. »
« Nous devons débattre ensemble de ce qui doit être et faire la Métropole » a-t-il appelé de ses vœux les élus de la majorité comme de l’opposition.
Pour le maire de Tours, rejoint par Jean-Patrick Gille, élu de la majorité et actuel vice-président également métropolitain, la métropole ne peut se faire que « si la ville-centre en est le moteur ». Pour Jean-Patrick Gille, le débat ne se porte pas ainsi sur un éventuel clivage gauche-droite entre les deux candidats déclarés, mais plus sur la « gouvernance à donner et l’équilibre de la ville de Tours avec les villes périphériques. »
« Il y a une certaine forme de méfiance historique qui persiste, nous l’avons senti depuis un an. Mais le problème est qu’aujourd’hui tout se décide entre maires, sous une forme de conclave » a poursuivi l’élu socialiste qui pointe et dénonce à travers ce système le fait qu’« aujourd’hui la métropole finance plus les villes périphériques que la ville centre. Nous sommes la seule métropole de France qui bénéficie plus à sa périphérie qu’à sa ville centre. »
Pour Emmanuel Denis, « il ne faut pas ajouter de l’opacité ainsi » et donc mettre les débats sur la place publique à travers deux outils : le bureau exécutif comprenant l’ensemble des vice-présidents contrairement à la conférence des maires qui ne réunit comme son nom l’indique que les maires des 22 communes, mais aussi au sein du Conseil Métropolitain, instance où siègent les 87 élus intercommunaux.
En insistant sur l’importance de la ville de Tours au sein de l’intercommunalité, Emmanuel Denis compte également convaincre les élus de l’opposition municipale de le suivre comme candidat à la présidence. Au sein de l’assemblée métropolitaine, les équilibres sont en effet tenus et aucune majorité franche ne se dégage aujourd’hui. Les voix de son opposition municipale pourraient ainsi se montrer déterminantes.
Les élus d’opposition veulent que Tours soit à sa juste place
Du côté des élus de l’opposition justement, Thibault Coulon a tenu à « partager pleinement la lettre ouverte de l’intersyndicale » qui s’alarmait ce week-end d’un éventuel maintien de Wilfried Schwartz à son poste : « On est passé de La Petite Maison dans la Prairie à House of Cards »
Thibault Coulon et l’ensemble des élus du groupe de « Tours Nous Rassemble », plaident non seulement pour une métropole allant plus vite, mais aussi pour que la ville de Tours ait plus de poids. Ces derniers pourraient dès lors devenir des alliés de circonstance pour le maire de Tours et ses soutiens.
Des alliés de circonstance pas prêts néanmoins à signer un chèque en blanc au maire de Tours et qui réclament logiquement des changements : « Nous faisons le constat comme tout le monde que la métropole est bloquée et que cela était prévisible. Je rappelle les propos que j’ai tenu en février 2021 où j’évoquais un départ raté du mandat à ce sujet. Aujourd’hui nous n’avons toujours pas de projet métropolitain et n’avons plus de gouvernance » a insisté Thibault Coulon regrettant également n’avoir aucune information en tant qu’élu de la métropole, devant se contenter « des informations parues dans la presse. »
Benoist Pierre a rappelé également la position de son groupe « Les Progressistes » qui « se rangera derrière une gouvernance sereine et partagée » mais aussi un « respect à avoir de tous les élus y compris ceux de l’opposition. »
« Même sans être dans l’opposition on subit les choses » a rétorqué Alice Wanneroy, reconnaissant de fait un certain manque de transparence et une métropole trop concentrée entre les mains de quelques élus…
Le message des élus d’opposition est en tout cas passé, à voir désormais comment Emmanuel Denis va s’en saisir. Il se pourrait bien qu’il doive en tenir compte s’il veut prendre la présidence de l’intercommunalité, au regard des équilibres serrés existants… L’élection se jouera dimanche 11 juillet à 10h, lors du conseil métropolitain.