Tours : La métropole au régime sec ?

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Alors que la métropole tourangelle devait toucher 10 millions d’euros de l’Etat pour 2018, cette dotation a disparu du budget débattu actuellement à l’Assemblée Nationale

L’an passé, Tours entrait dans le rang des métropoles françaises. Aux forceps, les élus locaux, unis pour l’occasion derrière les deux députés Philippe Briand et Jean-Patrick Gille, montaient un dossier de transformation de Tour(s) Plus en métropole. Et au cours d’un feuilleton politique de plusieurs mois, ils réussissaient à convaincre le ministre d’alors, Jean-Michel Baylet, de leur démarche.

En mars 2017, le ministre venait même en personne à Tours pour acter la naissance de Tours Métropole. Un moment de joie pour les élus locaux, fiers d’avoir réussi cette transformation à pas forcés, entre transfert de compétences nécessaires à la métropolisation et lobbying auprès du gouvernement et à l’Assemblée Nationale. Moteur sur le sujet, le dossier tourangeau emmenait dans son sillon ceux de plusieurs villes : Orléans, Dijon, Clermont-Ferrand…Au total, 7 nouvelles métropoles rejoignaient les 15 déjà existantes.

Le jeu en valait la chandelle pour les élus. Ainsi pour Philippe Briand :  « L’Etat mettra l’argent d’abord dans les métropoles, cela nous donnera des leviers supplémentaires. » Une promesse de l’Etat, qui versait alors 10 millions d’euros par an par métropole, via un fonds de dotations, ainsi que des aides à l’investissement.

Un manque à gagner de 10 millions d’euros sur 2018

Oui mais entre temps les élections présidentielles et législatives sont passées par là et l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée et d’une majorité La République En Marche à l’Assemblée Nationale a rebattu les cartes.

Ainsi, la semaine dernière, lors de l’examen du projet de loi des finances 2018, le financement promis aux sept nouvelles métropoles françaises (10 millions d’euros à chacune) a disparu et l’amendement proposé par la députée (Nouvelle Gauche) du Puy-de-Dôme Christine Pirès Beaune (Clermont-Ferrand fait partie de ces 7 nouvelles métropoles) en faveur de ce financement a été rejeté par le gouvernement et plus particulièrement Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, pour qui « les vraies métropoles sont celles qui permettent à la France de pouvoir supporter la comparaison avec les grandes métropoles européennes ».

Alors que les élus tourangeaux argumentaient jusque-là sur le fait que la métropolisation permettait à Tours d’entrer « en 1ere division », celle « des villes qui comptent », la voici donc reléguée dans le deuxième cercle par le ministre de l’Intérieur. Un coup dur également (et surtout) financier alors que dans le même temps la Métropole devait être une locomotive en terme d’investissements en local.

Si pour l’instant les élus tourangeaux restent discrets, du côté de Clermont-Ferrand, également touchée par cette disparition de dotations, le maire et président de la métropole, Olivier Bianchi a publié une lettre ouverte dénonçant cette décision (ndlr : visible ici).

« Avec une recette amputée, cela va être plus compliqué de lancer des projets ».

En Indre-et-Loire, députée de la 3e circonscription mais également conseillère métropolitaine, Sophie Auconie, évoque « une façon brutale de faire des économies sur les dos des collectivités locales et territoriales ». Sophie Auconie regrette notamment la façon de faire de la majorité sur ce dossier comme sur d’autres : « Nous avons les textes au dernier moment, cela ne favorise pas le débat qui serait nécessaire parce qu’ils ne se rendent pas compte des difficultés des collectivités. Je comprends que l’Etat travaille à la réduction des dettes, mais le problème c’est que ces décisions ne sont pas anticipées, qu’elles tombent comme ça alors que des projets de développement sont en cours. Cela pose un véritable problème de financement. » Et la députée de craindre : « Avec une recette amputée, cela va être plus compliqué de lancer des projets ».

De son côté, joint également par nos soins, Philippe Chalumeau, le député de Tours (LREM), n’a pas souhaité nous répondre, préférant s’exprimer dans un communiqué de presse à venir ce lundi…

Ailleurs, la députée du Puy-de-Dôme Christine Pirès Beaune et le groupe Nouvelle Gauche ont annoncé vouloir saisir le Conseil Constitutionnel, évoquant un traitement inéquitable par rapport aux 15 premières métropoles.

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