L’été n’a pas encore commencé que droite et gauche ont lancé la campagne des élections régionales de décembre prochain. Comme une sorte de « course à l’échalote » visant à prendre le leadership médiatique et capter un électorat versatile et désabusé, les ténors de la gauche et la droite partent à la conquête de leurs électeurs. Guillaume Peltier n’échappe à l’exercice de style. Vendredi dernier, l’ancien Tourangeau d’adoption, était à l’Hôtel de Ville pour un discours de présidentiable mais aussi un mea culpa.
Tours, Hôtel de Ville. Il est 18h30. Le thermomètre affiche plus de 30 degrés à l’ombre. Sur la place Jean Jaurès, une centaine de personnes, pancarte à la main et vuvuzela au bec, mettent l’ambiance type carioca devant des passants dubitatifs. La fermeture du CEA défraie la chronique depuis plusieurs jours. Juste à côté de la salle du conseil municipal, dans la salle des commissions, se tient une réunion discrète. Devant la porte, la presse patiente. Elle a été invitée par les « Républicains » pour la conférence de presse que doit donner Guillaume Peltier, candidat déclaré à la présidence de la Région Centre-Val de Loire. L’un des cadres administratifs de la ville de Tours veille à ce que personne ne rentre. La porte s’ouvre à 18h50. Une cohorte de personnes aux autocollants sur la poitrine arborant des couleurs syndicales sort. Le sourire s’affiche sur certains visages. Les premières promesses pour veiller au sort des salariés du Commissariat à l’Energie Atomique ont semble-t-il été faites. Autour de la grande table, de nombreux élus de droite. Parmi eux des maires, des conseillers régionaux sortants, des parlementaires des « Républicains » d’Indre-et-Loire, tous unis autour de Guillaume Peltier. Philippe Briand arrive, la conférence de presse peut commencer. De l’autre côté de l’Hôtel de Ville, dans la salle des mariages, plus de 300 personnes patientent pour attendre le retour de celui qui les a quittés dans les tous premiers mois de l’année 2013.
« Le choix, c’est fait ! C’est toi !… »
« Je suis heureux de revenir en Touraine autour des mes amis ». Guillaume Peltier et son optimisme légendaire s’affichent entre Claude Greff, députée de la 3ème circonscription du 37 et Philippe Briand, président des « Républicains » tourangeaux et patron de l’agglomération Tour(s)Plus. « Nous sommes ici rassemblés autour de Philippe Briand car nous avons un défi considérable : Reconquérir la région Centre-Val de Loire ! ». Guillaume Peltier envoie un signe fort au puissant patron de l’ex-UMP. « Le choix, c’est fait ! C’est toi !… On est très content et on a quelqu’un qui a des convictions et qui porte une certaine idée de la France ! ». Philippe Briand est direct, au cas où certains viendraient remettre en cause la légitimité du maire de Neung-sur-Beuvron et co-leader du courant de la droite forte de feu l’UMP. G. Peltier poursuit : « Notre région n’existe pas. Elle a besoin d’une nouvelle image ! ». François Bonneau répondra certainement dans les prochaines semaines au discours travaillé de la tête de liste des « Républicains ».
Le binôme de l’exécutif régional semble se dessiner : Guillaume Peltier et Claude Greff
La droite est pour l’instant donnée gagnante dans ce qui est devenue la plus petite région de France désormais. Ce qui aiguise les appétits de bon nombre de candidats à la candidature à droite. « Les choix sont difficiles quand on a à arbitrer entre tous ses amis » énonce sourire aux lèvres Philippe Briand. Et de rappeler sous forme d’avertissements que la liste se fait d’hommes et de femmes en « devenir politique pour certains et pour d’autres à l’expérience utile et nécessaire ». Difficile pour les sortants et les postulants de trouver dans les mots de P. Briand des signes ou mots visant à les rassurer. Pourtant, il semble déjà se dessiner le duo de tête à la région Centre-Val de Loire. Derrière Guillaume Peltier, ce sera Claude Greff qui, elle, répond au quota « expérience ». La liste en Indre-et-Loire devrait voir, derrière Mme Greff, Patrick Cintrat, ancien président de la Chambre d’Agriculture, maire de Neuvy-le-Roy et qui n’avait pas eu l’investiture aux élections départementales de mars dernier. Sa présence sur la liste répond au quota « devenir politique et monde rural ».
« La liste, ce sera 75 % de Républicains et 25 % d’UDI »
Alors quand on pose la question sur les « amis centristes », les leaders tourangeaux et Guillaume Peltier sortent les crocs. « Je suis favorable à une liste Républicains- UDI mais à trois conditions : Le sort des négociations en Ile-de-France doit être réglé pour faire l’union en région Centre, les conditions nationales de négociations doivent acceptées par l’UDI et enfin l’UDI doit participer aux primaires à droite en 2016 ». G. Peltier et P. Briand ont choisi la stratégie de la pression pour discuter avec des centristes jusqu’ici plutôt silencieux en Indre-et-Loire. « La liste, ce sera 75 % de Républicains et 25 % d’UDI » scande Philippe Briand. En Indre-et-Loire, les discussions promettent d’être tendues entre l’UDI de Christophe Bouchet et de Sophie Auconie et des « Républicains » gonflés à bloc.
« J’ai mûri… Je suis arrivé en Touraine il y a quelques années avec des certitudes, je reviens ce soir devant vous avec des convictions ! »
Il est 19h30, les militants attendent le retour de Guillaume Peltier. Les jeunes « Républicains » organisent la « claque » et les ovations de leur poulain. Guillaume Peltier est encore un peu chez lui, la salle des mariages est debout pour voir l’habitué des plateaux télés et protégé de Nicolas Sarkozy. Olivier Lebreton, adjoint au maire de Tours, accueille le candidat au micro d’un pupitre arborant la photo de campagne de G. Peltier. Après les tours de paroles de Claude Greff et de Philippe Briand, chauffeur de salle, Guillaume Peltier micro dans la main droite distille un discours bien rodé. «J’ai mûri. Je suis arrivé en Touraine il y a quelques années avec des certitudes, je reviens ce soir devant vous avec des convictions ». G. Peltier fait son mea culpa devant un peuple de droite qui ne lui a pas toujours dit « oui ». « Je n’ai pas beaucoup gagné en Indre-et-Loire, je suis heureux d’être là ! ». Au terme d’un discours de plus de quarante minutes, c’est un Guillaume Peltier conquérant qui est venu ce soir-là. Applaudi et ovationné, Guillaume Peltier vient de renouer avec la Touraine modérée.
Guillaume Peltier n’a qu’une seule ambition : bouter hors de la région les socialistes conduit par leur chef, François Bonneau. Mais comme toutes guerres ou combats, les alliances sont nécessaires. Guillaume le Conquérant, celui du XIème siècle, en a fait sa principale stratégie de conquête.