Loi El Khomri : Entre inquiétudes et désillusions

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Mercredi, à Tours comme dans la plupart des villes de France, il sera question de la loi El Khomri avec des manifestations prévues. A Tours celle-ci partira à 10h de la place Anatole France.

Décrié depuis plusieurs semaines, l’avant-projet de loi de la ministre du travail mobilise contre lui : une pétition à plus d’un million de signatures, des youtubers qui lancent une campagne #onvautmieuxqueça qui prend de l’envergure et maintenant donc une série de manifestations dans les rues de France et de Navarre. « Retour au XIXe siècle », « bond de 150 ans en arrière », les envolées historiques ne manquent pas quand on évoque la loi El Khomri avec ses opposants. Du côté de la population, le projet de loi ne passe pas non plus à en croire les études d’opinion. Un sondage paru dans le JDD évoque ainsi 7 français sur 10 opposés à cette loi.

Quand on interroge les Tourangeaux dans la rue, le ratio se tient également. Si quelques-uns avouent ne pas en avoir entendu parlé ou ne pas s’être penchés en détails sur les mesures du projet, en revanche certains n’hésitent pas à exprimer leurs inquiétudes ou leurs colères à commencer par ceux qui se disent électeurs de gauche. Pour Joao, employé dans une PME : « je ne sais plus pourquoi j’ai voté Hollande en 2012 ». Le trentenaire évoque son amertume : « j’ai l’impression que c’est toujours pareil, on vote à gauche en pensant que cela changera quelque chose mais une fois au pouvoir ils appliquent les mêmes recettes que la droite. Moi je n’ai pas voté à gauche pour cela ». Malgré son désarroi, ce père de trois enfants ne sera pas à la manifestation mercredi : « dans une petite PME comme celle où je travaille c’est compliqué de faire grève » explique-t-il avant de poursuivre : « c’est bien le problème de cette loi, quand je vois que les accords d’entreprise primeront sur les accords de branche et le reste, je me dis que dans les PME les salariés vont se faire bouffer, ils n’auront pas le poids suffisant s’il faut négocier. Le rapport de force tendra forcément de l’autre côté. J’invite ceux qui pondent les lois à venir voir dans les entreprises comment ça se passe. Le salarié ne décide jamais ».

Pour Bernard, la cinquantaine, « électeur de gauche depuis toujours » nous dit-il, le projet de loi El Khomri est la « goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Cet ouvrier dans une grande entreprise de l’agglomération ne décolère pas : « on entend à tout va qu’il faut réformer, qu’on est un pays arriéré parce qu’on protège trop les salariés. On se moque du monde, rien que dire cela c’est montrer que les êtres humains ne les intéressent pas ». Quand on lui demande quels points du projet de loi le gênent, notre interlocuteur stoppe la question avec vigueur : « Il n’y a pas que cette loi, c’est l’ensemble de la politique économique menée depuis 2012. On a donné je ne sais pas combien aux patrons avec le CICE et en retour il n’y a rien eu ou des miettes. Ils ont passé la loi Macron en force et maintenant ça. Ce gouvernement creuse sa propre tombe, qu’ils ne viennent pas pleurer en 2017. Moi en tout cas je n’irai plus voter et je sais que d’autres iront voter plus à droite si vous voyez ce que je veux dire ».

Plus que de la colère c’est un sentiment de désillusion qui anime ces électeurs de gauche et au fil des discussions revient toujours ce même sentiment de ne pas être écoutés, ni entendus comme nous l’expliquait avec calme Cédric : « On est dans une période où beaucoup doutent, la situation n’est pas évidente, il y a beaucoup d’incertitudes qui pèsent sur la classe moyenne et ce qui se passe autour de cette loi en ajoute encore plus. On a vraiment l’impression d’aller dans le mur ».

Crédit photo : Mathieu Giua (image d’archives)

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