A quatre mois des élections départementales, les états-majors se préparent. Etat des lieux des partis en quête de victoires, de reconnaissance ou de minimisation d’une défaite annoncée.
Pas facile de dire, aujourd’hui, dans quel état d’esprit sera l’électorat tourangeau les 22 et 29 mars prochains. Même si l’abstention s’annonce forte (plus de 50 %), ces élections apparaitront comme un premier test de l’année 2015. Mars et décembre seront (ou pas) le coup d’estoc à la deuxième moitié du quinquennat de François Hollande. Les électeurs de Touraine risque de sortir de leur réserve légendaire au printemps prochain. Au point de valider, pour une élection dite de proximité, des choix inédits. Il faut dire que l’offre électorale va s’étoffer et bouleverser le sempiternel affrontement UMP-UDI contre PS-Verts-PC dans ce genre de scrutin. La troisième force politique française, le FN, va certainement faire son entrée dans plusieurs Conseils Généraux et peut-être au sein de l’Assemblée Départementale du 37.
Ces élections seront différentes. D’abord parce que la réforme territoriale touchant les Conseils Généraux n’a pas été bien comprise par les Français. Ensuite, parce qu’elle intervient dans un contexte de flou politique. Un PS moribond, une UMP empêtrée dans ses affaires, une UDI à la toute jeune présidence incertaine et un FN en embuscade qui reste muet. Notre département n’échappe pas à ce constat. D’autant que les alliances d’hier ont laissé la place à une recomposition du jeu politique.
Des nouvelles alliances se profilent
A la gauche de la gauche, l’alternative d’une gauche sociale et écologique menée par le collectif « C’est autour du Peuple » fait son chemin. Fort de 9% aux dernières élections municipales à Tours, le collectif de Claude Bourdin et Fanny Puel (et les autres…) proposent une offre d’alliance à Europe Ecologie Les Verts (EELV) et une main tendue à un Parti Communiste ligérien qui n’existe guère qu’à Saint-Pierre-des-Corps. Pratiquant une ouverture large des forces de gauche (sans le PS) et de la société civile, CADP ne se refuse pas aussi de discuter avec « Nouvelle Donne », mouvement apparu aux dernières élections européennes. Une dynamique à « gauche toute ! » qui pourrait être fatale aux socialistes tourangeaux et permettre d’offrir un choix aux français oubliés. De cette catégorie, le FN espère aussi en capter les suffrages. S’il paraît difficile pour les troupes de Véronique Péan, secrétaire départementale du FN37, de remporter plus d’un canton sur le département, il ne fait aucun doute que les yeux seront tournés sur le nord du département et sur le canton de Tours Nord où le FN a réalisé un score très important.
Du côté de la droite républicaine et du centre-droit, des candidatures uniques UMP-UDI sont très loin d’être acquises. A tel point que les centristes sortants du Conseil Général s’inquiètent et piétinent d’impatience que les « figures » locales se parlent et s’entendent. De son côté, Philippe Briand travaille. La commission d’investiture de l’UMP auditionnera dans les tous prochains jours les candidats à la candidature pour les nouveaux cantons redessinés. De l’autre, Christophe Bouchet et sa commission réfléchissant aux candidatures de l’UDI peinent à se faire entendre de son allié naturel. Pourtant, si la droite peut remporter les élections départementales en Indre-et-Loire, elle doit réfléchir à l’image qu’elle donnera à ses électeurs. Pour eux, une condition nécessaire à montrer que les egos sont rangés au placard : faire l’union.
De nombreux sortants socialistes aux multiples mandats veulent y retourner au moment où l’électorat boudeur appelle aux renouvellements et à la nouveauté
Idem du côté de la gauche, le PS 37 doit faire des alliances pour atténuer une défaite annoncée lourde, le 29 mars au soir. Les primaires pour désigner les candidats au PS seront un match dans le match. De nombreux sortants socialistes aux multiples mandats veulent y retourner au moment où l’électorat boudeur appelle aux renouvellements et à la nouveauté. Alain Michel (La Riche), Patrick Bourdy (Montlouis), Nicolas Gautreau (Tours Ouest), Claude-Pierre Chauveau (Tours Sud), Bernard Mariotte (Vouvray) veulent se représenter. Aux électeurs de gauche d’apprécier de l’opportunité de renouveler leur confiance dans ces candidats qui, pour la plupart, briguent un quatrième mandat. En politique, il existe un syndrome du 4ème mandat qui peut-être fatidique, Jean Germain et Philippe Le Breton en savent quelque chose.
Face à ce constat, les militants socialistes pourraient exercer leur droit de dire non et de désigner ou pas de nouveaux candidats. L’enjeu est important pour les socialistes d’Indre-et-Loire. Et beaucoup plus qu’il n’y paraît. D’abord parce qu’une grande défaite ou déroute électorale leur serait fatale pour les élections régionales à venir. Ensuite, car leur leadership naturel sur les terres tourangelles aux odeurs centenaires du radical socialisme viendrait sonner la fin d’une époque modérée. On a coutume de dire que le département 37 se gouverne « entre rose pâle et bleu ciel ». L’arc en ciel des couleurs politiques risquent bien de voir son nuancier bouleversé durablement.
A quelques semaines du début de la campagne pour désigner les conseillers départementaux, les manœuvres vont bon train. Les élections municipales ont créé des vocations. Certains adjoints à Tours et d’ailleurs se sentent l’âme de conquérant. Et les motivations sont diverses. C’est aussi un moyen de récompenser ceux qui ont bien travaillé aux victoires dans l’agglomération tourangelle et les fidèles.
Une partie des adjoints ou des conseillers municipaux de Serge Babary estiment légitime de se présenter
Ils sont pléthores ceux qui estiment que le conseil départemental aura besoin d’eux et de leur expérience. A droite, les noms sont connus car beaucoup ne cachent pas leur ambition. Une partie des adjoints ou des conseillers municipaux de Serge Babary estiment légitimes de se présenter. Certains auront une investiture unique vraisemblablement comme Xavier Dateu à Tours Nord qui pourrait être associé à une jeune femme trentenaire puisque Françoise Amiot, Adjointe aux finances, a fait savoir qu’elle n’y allait pas. Olivier Lebreton, adjoint à la Sécurité, tient la corde pour une investiture à Tours Sud avec pourquoi pas comme binôme Barbara Darnet–Malaquin, adjointe elle aussi. A Tours Est, c’est plus flou. Ce canton à la sociologie très disparâtre pourrait voir la candidature UDI de Louis Aluchon, fidèle de Christophe Bouchet ou d’un candidat UMP dont le nom est méconnu à ce jour. Face à lui, un tandem Christophe Boulanger (Vice – Président EELV sortant du CG 37) avec Fanny Puel (« C’est autour du Peuple ») pourrait être fatal à une candidature socialiste qui reste à désigner. A Tours Ouest, la candidature de Céline Ballesteros, adjointe aux commerces, paraît fortement probable. Un ticket avec Edouard de Germay, adjoint à la santé, serait-il possible ? En face, l’un des vieux éléphants du PS local, Nicolas Gautreau, élu depuis mars 1998, aime la bataille et ne devrait pas être inquiété lors des primaires socialistes. Mais avec qui ? Fanny Siouville du Modem ? Pourquoi pas. Les positions du président du Modem 37, Pierre Commandeur, laisse penser qu’il souhaite un très fort rapprochement avec les socialistes tourangeaux.
Dans l’agglomération, nouveauté et ancienneté se côtoient
Dans l’Agglomération, le maire de Joué-lès-Tours, Frédéric Augis, réfléchit. Mais à y regarder de près, a-t-il un intérêt à y aller ? Elu sur une polémique, sorti la tête haute par le juge administratif, le premier magistrat Jocondien pourrait avoir l’envie d’un peu de calme et d’installer dans la durée son mandat. S’il ne devait pas y aller, son 1er Adjoint, Jean-Christophe Turot serait le choix de la raison et de la fidélité. Sur le canton voisin, celui de Ballan-Miré, Pascale Boudesseul, élu d’opposition PS, pourrait être tentée d’y aller face au maire Alexandre Chas qui sera désigné par l’UMP. Quant à la candidature déclarée d’Alain Michel, conseiller général PS sortant et élu depuis 1983, les choses pourraient se corser dans les prochains jours lors de la primaire PS. Il se murmure une candidature face à lui. Réponse mardi matin.
A Langeais, Pierre-Alain Roiron n’ira pas. Le conseiller régional suivrait alors les pas de sa sœur, Claude, qui a fait savoir son intention de ne pas se représenter. Idem pour la Ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui n’a aucun intérêt à sombrer avec le PS local alors que son bilan au sein du gouvernement Valls II n’est pas mauvais d’après les observateurs. A Saint-Pierre-des-Corps, le PCF fera tout pour maintenir Martine Belnoue. Un accord PS-PC pourra être ici trouvé pour la seule élue communiste du Conseil Général. Les primaires PS verront peut- être le nom de Cyril Jeanneau, élu PS de la cité cheminote, ressortir des urnes de la rue de la Fuye.
A quelques jours de la désignation des candidats socialistes et alors que les partenaires historiques du PS semblent prêts à lui faire quelques infidélités, de son côté la droite et le centre peinent à se rassembler. Pour Michael Cortot, 1er secrétaire du PS, « il est primordial d’œuvrer au rassemblement de la gauche, de toute la gauche. Nous proposons à nos partenaires la moitié des sièges à pourvoir soit 19 places sur les 38… ». Mais cette main tendue suffira-t-elle à faire entendre raison aux verts et aux communistes… ? Surtout dans ce climat où une lueur d’espoir du côté de la gauche renait. Celle de voir la droite tourangelle se déchirer dans un moment où tout lui semble acquis.