Mettre en place des mesures d’économies d’énergie c’est bon pour la planète mais difficile à mettre en place. On l’a bien vu pendant le premier confinement Covid : il faut vraiment de lourdes contraindre pour aboutir à des gestes à l’efficacité réelle (forte baisse de la pollution car trafic automobile quasi nul, par exemple). Deux ans et demi après la pandémie c’est donc un nouveau facteur incitatif fort qui va aboutir à des mesures drastiques susceptibles d’avoir un effet réel sur nos besoins en énergie : la hausse des prix. L’énergie est chère, donc on cherche à moins en consommer. Cela vaut pour les particuliers mais aussi – et même surtout – pour les collectivités locales, très consommatrices. Analyse à l’échelon de la Touraine.
Chinon qui ferme sa piscine pendant tout l’hiver face à l’explosion des prix du gaz qui sert à chauffer les bassins… Joué-lès-Tours qui rend le centre aquatique Bulle d’O inaccessible pour les mêmes raisons pendant la période des vacances scolaires de décembre… Des annonces de réduction d’éclairage public en cascade… Depuis quelques semaines, les communiqués ne cessent de tomber pour annoncer des mesures d’économies d’énergie. L’un des derniers en date nous vient de Saint-Avertin qui lance une concertation sur la façon de diminuer l’éclairage nocturne. Et même Tours coupe désormais les lampadaires de trois quartiers de 1h à 5h du matin par souci d’économies, alors que la commune y avait renoncé jusqu’ici pour garantir une certaine sécurité des déplacements.
Si des municipalités comme Fondettes, Chambray ou La Ville-aux-Dames avaient déjà mis en place des projets similaires depuis parfois plusieurs années, le concept a donc tendance à s’étendre, ou quasiment à se généraliser. Et on ne compte plus les mairies qui prévoient même de réduire la voilure pour leurs décorations de fêtes (deux fois moins de guirlandes Rue Nationale à Tours comme en 2021, période d’illumination réduite à Saint-Avertin et Chinon…).
L’heure est aux coupes. Mais en dépit des effets de l’éclairage nocturne sur la faune et la flore ou de la forte utilisation d’énergies fossiles pour le chauffage ce n’est pas l’urgence climatique qui motive le plus les élus. C’est bien la hausse des prix de l’énergie. A Tours, la facture annuelle est estimée à 10 millions d’€ en 2023… quand elle était de 4 millions d’€ sur 12 mois avant la crise. Sur un territoire ou une large partie des écoles sont de vraies passoires thermiques, sans compter les gymnases ou le Palais des Sports à l’isolation bien éloignée des standards du XXIe siècle chaque petit geste peut avoir de l’effet. Néanmoins, celui-ci sera ténu : l’équipe tourangelle estime que la baisse de l’éclairage public, la maîtrise du chauffage à 19° dans les bureaux et sa baisse dans les gymnases permettra seulement d’économiser 500 000€ en 2023. Donc 5% du total. Même pas la somme nécessaire pour rénover une école.
Le sort de la ville préfecture n’est pas un cas isolé. Et même si les mesures d’économies déplaisent parfois (des clubs de natation déçus de ne plus pouvoir s’entraîner), la réduction des prestations apparait inévitable pour des municipalités aux budgets souvent étriqués (avant la crise Tours avait déjà du mal à débloquer des crédits pour investir).
La grande question aujourd’hui c’est de savoir combien de temps ça va durer. L’explosion des tarifs va-t-elle atteindre un plafond en 2023 pour repartir à la baisse ensuite, ou au moins stagner ? Impossible de répondre, vu que ça dépend notamment du contexte international (en particulier la guerre en Ukraine). Il n’empêche, on peut se douter que tôt ou tard une progression continue des prix de l’énergie est une probabilité forte. L’anticiper signifie imaginer un mode de vie le plus économe possible. Et pour ça le meilleur moyen reste de réduire les activités ou d’avoir des bâtiments autonomes en énergie, voire qui en produisent plus qu’ils n’en consomment (ça commence à exister sur certains immeubles, par exemple).
Ainsi, les ombrières photovoltaïques comme celle qui vient d’être créée sur le parking de l’Espace Clos Neuf à Joué-lès-Tours ont de beaux jours devant elle (790 panneaux solaires produisent l’équivalent de la consommation de 144 logements). Et les travaux de rénovation sont amenés à se multiplier malgré leur coût souvent exorbitant. Pour financer les chantiers, la recherche de subventions est une priorité. C’est pour ça que la ville de Tours et Tours Métropole ont créé une société en commun dont l’objectif est de trouver des financements pour des chantiers écoresponsables, espérant vite engrainer d’autres collectivités dans leur giron pour aboutir à des projets communs.
Faire équipe pour la sobriété énergétique c’est enfin l’objectif d’un conseil local spécial programmé ce jeudi 24 novembre après-midi, là-encore sous l’égide de la ville de Tours et de l’agglo.
Un degré en plus :
Ce dimanche 20 novembre le maire de Tours était questionné sur sa politique énergétique dans le cadre de l’émission Dimanche en Politique de France 3 Centre-Val de Loire, en collaboration avec 37 degrés. L’émission est disponible en replay ici.