Avec Charles Fournier (EELV), il fait partie des deux nouveaux élus que l’Indre-et-Loire a envoyé à l’Assemblée Nationale en juin dernier. Henri Alfandari est membre du parti Horizons de l’ancien Premier Ministre Edouard Philippe. A ce titre, il siège dans la majorité relative du gouvernement, mais tient à conserver une certaine liberté d’action et de parole. Celui qui n’a qu’une expérience récente en politique (élu maire de Génillé en 2020, et conseiller départemental en 2021) découvre ainsi de nouvelles responsabilités, non sans ambition. L’occasion de revenir sur ses fonctions de député mais aussi de l’avenir politique d’Horizons en Indre-et-Loire, puisqu’il a été désigné référent départemental de ce parti.
Les premières impressions du début de mandat
« Je ne suis pas quelqu’un qui est impressionné par les choses de manière générale. Le moment d’arrivée était forcément un peu particulier mais c’est tout. Sur le fonctionnement de l’Assemblée, j’ai la chance de pas être dans un grand groupe, ce n’est pas une machine à broyer. Et puis Edouard Philippe fait confiance au groupe pour porter le projet politique, c’est agréable. »
Sur le rythme de l’Assemblée
« Le fait d’avoir une majorité relative oblige à discuter, négocier. Nous passons beaucoup de temps ensemble, cela fait que des liens se font très vite et l’humain prend souvent le pas sur le reste. Après, oui le rythme est soutenu, mais ce n’est pas audible selon moi de se dire fatigué. On a été élu pour cela, on représente les Français qui vivent eux en ce moment des moments durs. On n’a pas le droit de se plaindre. »
Sur l’équilibre fragile de la majorité
« Jusqu’à présent, l’habitude du pouvoir exécutif était d’avancer comme il le souhaite et les députés devaient plutôt faire juste ce qu’on leur demandait. Je ne vois pas les choses comme cela et je le refuse même. Le fait d’avoir une majorité relative oblige à dialoguer, discuter, négocier et nous des liens, c’est important, cela confère aux députés une plus grande liberté qui me convient. Pour autant, je ne pense pas que la majorité relative est la bonne solution au rééquilibrage des pouvoirs, car cela reste un fonctionnement anormal de la Ve République et cela oblige l’exécutif à passer ses budgets en force malgré tout. »
Quel regard sur les premiers mois du 2e quinquennat d’Emmanuel Macron ?
« Je pense qu’il faut regarder les choses à trois niveaux : Avoir un regard sur le monde avec notamment le défi climatique que nous devons affronter. Nous n’avons que 30 ans pour y répondre, il ne faut pas se tromper et prendre les bonnes décisions. A l’échelle nationale, nous avons un défi sociétal majeur : on est face à des générations qui n’envisagent plus leur vie, le travail et le temps de la même manière, alors qu’on est dans une société issue de la fin de la 2nde guerre mondiale. Il faut donc aller vers des changements profonds. Enfin à l’échelle politique et de la majorité parlementaire, il faut que nous trouvions des réponses qui viennent à la fois des élus mais aussi de la base qui ne faut surtout pas négliger, ni mépriser. Je trouve que certains élus qui viennent de grandes études, de milieux urbains et ont bossé tout de suite dans divers cabinets peuvent être parfois un peu déconnectés de certaines réalités des territoires, notamment ruraux. Il faut être vigilant à cela.
Par exemple sur la réforme des retraites, il faut avoir un discours de vérité qui est que l’on va avoir un déficit énorme à partir de 2027. Bien sûr c’est un sujet sensible qui divise énormément mais il faut en parler, expliquer qu’on l’on ne résoudra pas tout mais qu’on essaye de répondre à certaines questions et problématiques. Je pencherai personnellement pour une vraie réflexion globale car on ne peut pas parler des retraites sans parler de la question du travail et si on parle du travail on ne peut pas enlever l’éducation et la formation. »
Sur son rôle de député et son influence
« J’ai eu la chance d’être rapporteur sur la vie budgétaire puis sur la loi Energies renouvelables. Cela m’a donné l’occasion d’être en action et de gagner des choses, de subir des pressions aussi. Je suis content et cela me confirme dans ma réflexion que c’est au niveau du législateur que l’on peut agir concrètement. »
Sur les sujets majeurs de sa circonscription
« Le train à hydrogène, je me suis battu pour, il est essentiel que l’on développe une filière sur le département là-dessus, le lancement de la ligne Tours-Loches est une bonne nouvelle. De manière générale, nous avons un gros travail à faire en matière de renouvellement énergétique c’est un sujet prioritaire pour moi. Là le train à hydrogène pourrait être la première pierre du RER tourangeau. C’est un sujet que je porte au niveau national dans des discussions dès que je le peux. Je crois que la Touraine a ses chances car il y a une vraie volonté commune de le faire et que les infrastructures initiales existent.
Sur le sujet du CHU et du nouvel hôpital Trousseau (NHT), il est essentiel que l’hôpital public ait les moyens de fonctionner avec une médecine moderne. Je le dis en rappelant par transparence que mon nom et ma famille sont liés au Groupe Saint-Gatien (ndlr : qui gère notamment la clinique de l’Alliance à Saint-Cyr-sur-Loire). Je pense qu’il faut aller au bout du NHT (ndlr : le projet a été revu à la baisse récemment) mais que ce n’est pas un drame si certaines parties du projet sont décalées ou amendées. »
Sur le développement du parti Horizons
« Le parti se structure aujourd’hui. Horizons n’a qu’un an mais plus de 20 000 adhérents, dont environ 300 en Touraine. On veut construire un parti de gouvernement avec un vrai projet de société fédérateur. A titre personnel, je m’y engage à fond car je soutiens Edouard Philippe qui est quelqu’un que j’estime beaucoup.
Les questions politiques se poseront à l’avenir à l’approche de la prochaine présidentielle, mais pour l’heure nous sommes dans la majorité d’Emmanuel Macron et nous défendons un projet commun.
En Indre-et-Loire, nous présenterons une liste aux prochaines élections sénatoriales. »
Propos recueillis par Olivier Collet et Mathieu Giua