La gauche défaite, la droite en fête

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Dimanche dernier, le département d’Indre-et-Loire a basculé à droite. Depuis fort longtemps, la gauche n’avait connu pareille défaite. Un tsunami électoral qui restera dans les annales de la vie politique tourangelle. Jeudi, Jean-Yves Couteau s’installera dans le fauteuil de président du nouveau Conseil départemental. Cet UDI, fidèle parmi les fidèles de Philippe Briand, mènera la nouvelle destinée d’une assemblée composée d’autant d’hommes que de femmes. Pendant ce temps, la gauche K.O après l’uppercut d’une droite rassemblée devra se reconstruire et être audible auprès d’électeurs désabusés.

Photo-0537Les résultats de dimanche ont été sans appel. Une victoire écrasante de la droite qui remporte quinze cantons sur dix-neuf. Tous les duels qui opposaient un binôme UMP/UDI face au FN ont été remportés. Un résultat satisfaisant qui a démontré que la gauche républicaine et ses électeurs n’ont pas hésité à retrouver le « réflexe de 2002 ». Un seul canton voyait s’opposer le PS au FN : celui de Langeais. Même si le score est sans appel, 56,54% pour le binôme de gauche et 43,46% pour le binôme FN, le réflexe à l’inverse a bien moins fonctionné. Montrant que certains électeurs de « l’UMP des champs » avaient du mal à jouer la carte du front républicain.

D’importants votes blancs

Ce qui est marquant au lendemain de ces élections c’est l’explosion du vote blanc entre les deux tours. Un vote blanc qui a largement augmenté aussi bien dans les cantons urbains, rurbains ou ruraux. Si tout le monde s’accorde à dire que désormais notre pays comprend trois forces politiques majeures (PS, UMP/UDI et FN), certains de nos concitoyens ne s’y retrouvent pas dans l’offre politique actuelle. Ce fut bien le cas pour ce deuxième tour des Départementales en Indre-et-Loire. Plutôt que de choisir entre UMP et FN par exemple, les habitants du canton de Ballan-Miré n’ont pas hésité à exprimer un « ni-ni » à leur façon (1053 votes blancs représentant plus de 12% des votants !). Idem sur le canton de Tours 1 (Tours Nord) où le vote blanc est passé de 2,21 % à plus de 6%. On a coutume de ne pas trop regarder de près ces votes que certains considèrent comme des votes de protestation contre le système politique. Mais depuis dimanche, il convient de s’en préoccuper.

Jeudi, le nouveau Conseil départemental élira un nouveau président. Nouveau par la couleur et par le jeu de l’alternance, mais très connu par la personnalité et dans son engagement comme premier adjoint à la mairie de St-Cyr-sur-Loire. Jean-Yves Couteau va s’installer dans un fauteuil qu’il convoitait depuis longtemps. Discret mais parfois fantasque ce centriste « pure souche » va devoir composer avec une toute nouvelle assemblée et ses trente élus de droite et huit élus de gauche. Si l’exercice est à sa portée, J-Y Couteau verra une assemblée largement rajeunie et bien féminisée, parité oblige. Un groupe « nouvelle formule » loin des élus précédents. Une jeunesse et un rafraichissement qui à n’en pas douter fera éclore certaines ambitions à court et moyen terme.

Gueule de bois à gauche

Pendant que la droite victorieuse se prépare à diriger le département, la gauche, elle, a la gueule de bois. Toute la gauche, qu’elle soit socialiste, verte, communiste, écologique et solidaire doit se mettre autour de la table. Les rancœurs et les haines sont tenaces vis-à-vis des choix du gouvernement. Pourtant, dimanche, c’est bien la division de la gauche qui a précipité le parti à la rose dans un abîme électoral. L’Indre-et-Loire n’a pas échappé à ce désastre annoncé. Seulement huit élus (soit quatre binômes) siégeront pendant six ans Place de la Préfecture. Parmi eux le plus jeune conseiller départemental, Rémy Leveau, élu divers gauche sur le canton d’Amboise. Mais aussi le plus expérimenté, Patrick Bourdy élu socialiste sur Montlouis qui entame son quatrième mandat. Huit élus face à trente élus de droite dont la plupart entament leur premier mandat. Face à ce rapport de force inégalé dans l’histoire du Conseil général d’Indre-et-Loire, la voix des élus de gauche n’aura que peu de portée. Jeudi prochain, pour donner le change d’une gauche piétinée, les socialistes pourraient présenter à la candidature à la présidence Martine Chaigneau, élue PS de Langeais, qui s’était fait remarquer lors de la venue de Manuel Valls la semaine dernière.

L’heure est donc à la fête pour la droite républicaine en Indre-et-Loire. Une droite unie et rassemblée depuis les Municipales de 2014. Un couple UMP / UDI qui devrait faire reparler de lui dans les prochaines semaines à l’occasion des investitures pour les élections régionales. Pas question pour les leaders locaux, Philippe Briand (UMP) et Christophe Bouchet (UDI) en tête, d’un couac qui viendrait troubler la quiétude d’une amitié politique retrouvée. D’autant que ceux qui trépignaient d’impatience de se présenter ou se représenter aux élections départementales ont les yeux tournés vers les échéances de décembre prochain. Pas de doute que des noms et personnalités ressortiront du chapeau. Parmi eux, Gérard Henault qui a été sacrifié pour laisser Gérard Dubois prendre le canton de Descartes. Mais aussi et selon toute vraisemblance, Sophie Auconie, conseillère municipale de Tours et Vice-Présidente de l’UDI au côté de Jean-Christophe Lagarde.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, il y a en politique une violence insoupçonnée. Celle des résultats bien sûr mais aussi celle entre amis. Les prochaines semaines vont être à suivre de près. D’abord parce que la gauche doit se relever et se remettre de cette déroute électorale. Ensuite parce que le PS d’Indre-et-Loire et ses ennemis ou partenaires de gauche sont débiteurs auprès d’un électorat en colère. Les prochains jours ressembleront plus à « laver son linge sale en famille » qu’à une discussion bienséante. Alors thérapie de choc nécessaire ou suicidaire ? Difficile de répondre. En tout cas, il y a fort à parier que des figures socialistes locales vont s’affronter au moment où tous les socialistes ont les yeux tournés vers le congrès de Poitiers de juin prochain. De même EELV et ses partenaires à la gauche de la gauche vont devoir discuter. Avec une condition requise, que les Verts fassent aussi le ménage chez eux car le tiraillement entre des Verts « à gauche toute » et des Verts légitimistes proches du gouvernement a définitivement scellé le sort du parti au Tournesol. Une cacophonie à gauche qui fait le bonheur d’une droite retrouvée et hégémonique sur l’ensemble du territoire tourangeau.

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