Maire de Chinon depuis 2014, Jean-Luc Dupont entame la deuxième partie de son mandat entamé en 2020. Un mandat forcément différent du précédent avec la crise sanitaire puis la crise inflationniste qui a pris le relais. Un mandat marqué également par la mise en action concrète du plan « Action cœur de ville » visant à redynamiser et réhabiliter le centre-ville de Chinon. Entretien
Trois ans après votre réélection, quel retour faites-vous de cette première partie de mandat ?
Jean-Luc Dupont : Le début du mandat a forcément été compliqué avec la crise sanitaire qu’il y avait. La période n’était pas idéale pour lancer une nouvelle équipe aux commandes de la ville, puisqu’une partie de l’équipe a été renouvelée en 2020. Les conditions n’étaient pas favorables car il y avait une inertie à tous les niveaux y compris pour les services de l’Etat.
Malgré tout, on avait prévu des grands chantiers que l’on a réussi à lancer. Le problème c’est que derrière il y a eu l’envolée des prix. Par exemple sur les enrobés les coûts ont augmenté de 48%. On est obligé de faire avec et cela a un impact concret puisque nous sommes contraints de refaire moins de linéaire que voulu.
Vous avez mis en place un plan de sobriété, quelles économies avez-vous pu faire avec ?
Jean-Luc Dupont : Le plan de sobriété s’inscrit sur plusieurs axes : il y a les gestes simples que l’on peut faire au quotidien et les investissements qui permettent de faire des économies par la suite. Je prends l’exemple des travaux sur l’école Jacques Prévert. Les travaux d’isolation sont passés de 850 000 euros au départ à 1,2 millions d’euros au final, mais ils sont nécessaires car cela va permettre des économies énergétiques.
Nous avons accéléré par ailleurs les changements de l’éclairage public, toujours dans le but de faire des économies d’énergie car une une partie du parc avait 35 à 40 ans. On a donc changé pour des éclairages moins énergivores. C’est un projet à 500 000 euros mais on a sollicité le fonds vert et avons obtenu une aide de 210 000 euros. On pourrait nous dire qu’on aurait pu attendre, mais au final c’est une bonne opération. Par contre cela nous oblige à réfléchir à tout et certains projets sont différés dans le temps au regard des enjeux prioritaires économiques.
En termes de chiffres, entre octobre 2022 et avril 2023, nous avons baissé notre consommation électrique de 30% et celle de gaz de 32%. Cela a limité la hausse prévue. L’impact initial que nous avions envisagé était de 810 000 euros et là on limite l’augmentation à 250 000 euros.
Vous aviez également fermé la piscine…
Jean-Luc Dupont : Aujourd’hui la piscine est ouverte. Pourquoi j’avais pris cette décision en novembre ? Parce qu’il faut rappeler le contexte, à l’époque l’Etat alertait sur un black-out pendant l’hiver. Donc on a fermé quatre mois tout en sachant qu’il y a un autre équipement aquatique sur le territoire intercommunal. J’ai pris une décision au regard de la situation du moment, je n’ai pas prévu de faire pareil l’hiver prochain.
Quelle place à Chinon dans le département ?
Jean-Luc Dupont : Je pense que Chinon à un vrai rôle de sous-préfecture, c’est-à-dire un rôle d’équilibre. Nous sommes à la fois proches mais loin des services de la Métropole par exemple, cela nous a obligé à se structurer avec des offres de culture, sport, loisirs, santé… afin de ne pas dépendre de territoires voisins mais trop éloignés pour la population.
Aujourd’hui le Chinonais représente un vrai pôle complémentaire avec les autres du département. Il y a d’ailleurs une vraie dynamique économique également avec un centre qui revit et tout un territoire qui vit bien, en partie grâce à la Centrale Nucléaire qui est un atout avec 2500 personnes qui y travaillent en permanence et 10 000 emplois induits autour. Tout ceci fait que l’on est l’une des seules intercommunalités rurales qui ne voit pas sa population baisser.
Vous parlez de la centrale nucléaire qui est sur le territoire d’Avoine. Aujourd’hui la centralité de l’intercommunalité est-elle toujours à Chinon ou Avoine a-t-il pris le leadership ?
Jean-Luc Dupont : Encore une fois, il ne s’agit pas d’opposer tel territoire à tel territoire, mais Chinon remplit son rôle de ville-centre. Ne serait-ce que par la taille de la ville, l’histoire… Chinon reste la locomotive mais a la chance d’avoir des bons wagons complémentaires derrière. On sait qu’Avoine est plus riche que les autres communes, mais elle a accepté de prendre des financements supérieurs aux autres dans l’intercommunalité. C’est la preuve que l’on travaille ensemble, en complémentarité pour le bien de tout notre territoire. Aujourd’hui on a dépassé les inquiétudes qu’il y avait au départ et on avance ensemble et on regarde vers l’avant. L’exemple de la mutualisation des polices municipales en une police intercommunale en est une preuve. C’est la seule en France à exister et elle couvre 19 communes avec 9 agents de service et 4 personnels administratifs. C’est une réussite.
Un des points importants pour le dynamisme du Chinonais est le rail. Quel regard avez-vous sur les projets de RER tourangeau qui englobe les lignes vers votre territoire ?
Jean-Luc Dupont : On le sait depuis longtemps que l’étoile ferroviaire à un vrai intérêt, d’autant que pour nous il s’agit de relier nos deux lignes : Tours-Port Boulet et Tours-Chinon. Elles sont importantes car elles permettent de faire Chinon-Paris Montparnasse en 2h. C’est un vrai atout et la question du désenclavement par le ferroviaire est primordial. Il faut donc réfléchir à plus de cadencement mais cela ne se fait pas comme cela. La ligne Tours-Chinon va être fermée deux mois et demi prochainement pour des travaux de sécurisation et d’accessibilité avec l’aménagement de quais PMR, c’est un premier investissement important. Nous avons obtenu aussi de la région que les week-ends soient desservis par des trains et non plus par des bus comme aujourd’hui. Ce sera effectif au premier janvier 2024. Là aussi c’est important. Les choses doivent se faire en regardant comme cela point par point ce qu’on peut améliorer.
Quel regard avez-vous sur l’hôpital de Chinon qui connait depuis quelques années certaines difficultés ?
Jean-Luc Dupont : Déjà, tous les services sont pourvus actuellement et il n’y aura pas de fermeture cette année sur les urgences et la maternité, il faut le dire. Cela n’empêche pas qu’il y a des difficultés en effet mais comme ailleurs. Mon rôle à l’hôpital est d’être président du conseil de surveillance. A ce titre je suis vigilant mais je ne peux que donner des orientations, je n’ai pas de pouvoir hiérarchique. On travaille avec l’Agence Régionale de Santé pour obtenir des moyens supplémentaires, j’ai bon espoir d’y arriver, mais au final on dépend de la volonté de l’Etat de donner des moyens ou non.
L’Action Cœur de Ville est en cours en centre-ville. Pouvez-vous déjà en dresser un bilan ?
Jean-Luc Dupont : Les premières concrétisations sont visibles : une partie des bâtiments à l’abandon sont aujourd’hui réhabilités. C’est un gros challenge car il convient de redynamiser du bâti ancien aux normes d’aujourd’hui. Ce n’est pas toujours simple car beaucoup de bâtiments étaient insalubres. Nous avons 85 dossiers de réhabilitation lourde engagés. Une dizaine de logements ont déjà été remis sur le marché. Un des gros travaux a été par exemple de désolidariser les entrées des commerces en rez-de-chaussée des habitats dans les étages.
Sur le volet commercial, nous avons 41 installations de commerce depuis 2019. Notre objectif est d’arriver à une vacance de 5% maximum, aujourd’hui on est à 9%, alors que la moyenne nationale c’est 10%. Nous avions 19 cellules inoccupées rue du Commerce, à la fin de l’année il n’y en aura plus que 6. Nous cherchons à diversifier et faire venir des commerces de proximité et des commerces complémentaires de ceux que l’on retrouve sur la zone d’activité du plateau. Nous y sommes vigilants. On refait également l’espace public come la place Mirabeau qui va être rénovée. Tous les axes du projet sont lancés. Au total sur les 5,5 millions d’euros d’Action Cœur de Ville, la moitié est déjà réalisée.
